lundi 26 novembre 2007

Droit du sang




Voici le témoignage de Laurence l'insurgée, qui nous fait par de son indignation, de sa révolte, de son refus de l'injustice. Laurence, c'est à vous.

" Je tiens ici à exprimer mon indignation, à vous faire part de mon refus du conservatisme, à affirmer ma farouche volonté de combattre les idées reçues, à fustiger l'obscurantisme que l'on voudrait nous imposer comme une valeur universelle. Je vous le dis tout net, nous en avons assez des donneurs de leçons. Je dis nous car je ne suis pas seule. Nous avons jusqu'ici fait preuve d'une bienveillante et compréhensive patience. Nous avons toujours accepté la discussion, respecter les différents points de vue même si nous ne les partagions pas. Nous avons toujours eu le souci d'écouter, d'entendre, de comprendre les arguments, car, contrairement à ce que j'entends ici ou là, nous sommes pour le débat d'idées, pour les échanges francs et constructifs qui nous enrichissent mutuellement et sont l'honneur de notre société.

Pour autant il faut savoir faire la part des choses et avant tout il faut savoir rester modeste. Nous ne pouvons, au risque d'être contreproductifs, nous ériger en donneurs de leçons car nous-mêmes ne sommes exempts de tout reproche. Nous nous devons de prendre en compte la sensibilité de nos interlocuteurs qui ont vocation à devenir nos partenaires. Des relations équilibrées reposent sur la confiance, la non ingérence et le respect de l'autre, de sa culture, de ses aspirations. Même si le souci de la franchise doit guider nos propos ils ne doivent pas humilier mais concourir à l'établissement d'une relation durable et équilibrée.

Alors, bien sûr, il y aura toujours de beaux esprits pour trouver à redire, qu'on en fait trop, qu'on en fait pas assez, qu'il ne fallait pas y aller. N'en déplaise à ceux qui s'érigent en conscience et s'auto-proclament défenseurs de l'humanisme, j'approuve sans réserve le voyage en Chine de notre président. Si notre pays n'avait pas vendu ses avions et ses centrales nucléaires, d'autres, moins scrupuleux que nous ne le sommes, l'auraient fait à notre place. L'histoire montre que démocratie et développement économique vont de pair, car ne nous y trompons pas, les droits de l'homme progressent en Chine même si c'est de façon imperceptible. Les moralisateurs auront beau jeu de dénoncer la peine de mort, les arrestations arbitraires, l'absence des libertés fondamentales, l'exploitation des ouvriers, les conditions de travail, le soutien financier, politique et militaire à d'autres dictatures. Notre président sait tout cela et il s'est fait fort de le rappeler à ses interlocuteurs en mettant sur la table l'ensemble des dossiers et ce sans concession. Notre président sait que la démocratie finira par s'établir en Chine, mais qu'il faut du temps et la patience n'est pas la moindre des qualités de ce grand peuple que sont les chinois qui sait pouvoir compter sur notre soutien".

Merci Laurence. Il est parfois nécessaire que les choses soient dites et bien dites. La vérité doit avoir droit de cité.

vendredi 23 novembre 2007

En un mot comme en cent


C'est avec fierté que je vous présente la centième chronique sortie de mon cerveau. Afin de récompenser mes fidèles lectrices et lecteurs, je vous propose de gagner l'original de cette chronique dédicacée par son auteur. Pour ce faire, il vous suffit de répondre à la question suivante : à qui appartiennent les pantoufles ci-dessus?

J'aimerais écrire une chronique par jour mais je dois vous avouer que je suis parfois victime de coup de mou, victime d'une volonté qui s'effiloche et disparaît entre les coussins du canapé sur lequel je m'allonge pour regarder la télé. A chaque fois, la mauvaise conscience se refléte dans l'écran comme un message subliminal que vous m'adresseriez "Que fais-tu, affalé comme un veau, corps sans cerveau au regard qui s'emplit d'images qui finissent par se perdre dans les méandres de l'oubli". Je prends alors conscience que je me fourvoie sur le chemin de la facilité, du renoncement, que les images sont l'acide qui ronge mots et idées qui sont nos liens qui, si je n'y prends garde, vont se dissoudre dans le flot de la médiocrité. La honte alors m'envahit et je prends la résolution de ne plus sombrer dans les eaux fangeuses du renoncement.

Mais chaque soir, je passe à proximité du canapé. Alors, comme une planète à proximité d'un trou noir, je me laisse attirer. Comme si j'étais certain de dominer la situation, je "décide" de simplement m'asseoir. Je suis dans la situation de l'enfant qui a une tablette de chocolat et qui se jure qu'il ne mangera qu'un carré.

J'ai honte.

mercredi 21 novembre 2007

Robert et moi (boom limonade 2)

Comme il se doit, la mère de famille insiste pour que la salle soit bien décorée. Nappes, petits bouquets de fleurs, serviettes en papier festives, agencement artistique des bouteilles de soda et des gâteaux. Vous naviguez entre la honte et la haine qui va se prolonger tout au long de la boom. La mère de famille se fait un plaisir d'accueillir tous les invités les gratifiant au passage d'un enjoué "Amusez-vous bien les enfants mais ne faites pas trop les fous". Ensuite, elle ne pourra s'empêcher d'intervenir régulièrement pour voir si tout va bien, pour préciser qu'il reste du coca dans le frigo, pour remettre un peu d'ordre sur les tables, pour embrasser son grand fils qu'une telle attitude emplit de désespoir.

Mis à part cette pollution affective, la boom limonade se caractérise par la stratégie de l'attente niaise. Au début, les filles forment un groupe homogène que ne quittent pas des yeux les garçons. Les filles minaudent et les garçons rient très fort. Ils évaluent, notent, faisant le tri entre les envisageables et les "faute de mieux". Vous faites peut-être partie de ceux qui jusqu'à ce jour n'ont fait que regarder, espérant secrètement qu'elle ferait le premier pas. Elle est là dans le groupe de filles. Vous la regardez le plus discrètement possible mais bien décidé à tenter quelque chose. Comme toujours dans un groupe de garçons, il y a ceux dont vous êtes persuadé qu'ils ont fait le grand saut et qui font tout pour vous conforter dans cette idée.

mercredi 14 novembre 2007

Robert et moi (boom limonade 1)



Lors d'une précédente chronique j'avais mentionné le concept de "boom limonade". Nous sommes nombreux à avoir été dupés par ce qui pouvait sembler le plan d'enfer. La description qui suit correspond à la réalité des années 70 dans le milieu de la moyenne bourgeoisie et équivalent.

La boom limonade est une soirée qui a lieu l'après-midi et qui se déroule chez une copine ou un copain de classe. En règle générale, l'identité de l'organisateur n'a aucune importance. Les invitations sont distribuées dans le cadre de la classe. Imaginons que vous êtes l'organisateur.

Les contraintes de l'organisateur sont nombreuses. La première, question de fierté et de future notoriété, est de réussir à inviter le plus de monde possible car les invités, en fonction de leur projet à caractère libidineux qui pour le coup rime avec boutonneux, se préoccupent de connaître l'identité des autres, ce qui déterminera leur présence.
La deuxième contrainte, qui est un préalable non négociable, est le contrôle par la mère de famille de la moralité des invités. La moralité s'entend au sens large et peut, chez les plus tatillonnes, faire l'objet d'une recherche généalogique. La mère de famille n'aime pas les visages inconnus. Donc, en amont, la mère de famille sollicite son réseau d'informatrices, les autres mères connues et de bonne réputation, afin de collecter des informations qui lui permettront d'opposer son véto à la présence de tel ou tel dont on dit que..., qui parait-il aurait..., qui aurait des fréquentations..., dont la soeur aurait redoublé sa troisième année de maternelle. Il faut ensuite déterminer les heures d'ouverture et de fermeture. Puis la mère de famille rappelle les principaux points du règlement intérieur : interdiction de fumer, de boire de l'alcool, d'aller dans les chambres, de se livrer à des pratiques qui n'ont lieu d'être que dans le cadre du mariage, d'attenter à la virginité des jeunes filles, de faire se succéder deux slow, d'éteindre les lumières...

lundi 12 novembre 2007

Merci Christophe



Ce matin, je manquais d'énergie. J'ai donc essayé d'adapter les préceptes de notre économiste en cheftaine, j'ai nommé notre amie Christine qui, après avoir fait la promo du lissage dans le temps (j'aimerais qu'elle lisse de même sa bêtise), nous a fait part de son espoir de voir les prix baisser début 2008. Notre président a proclamé devant le congrès américain qu'elle était belle, je complète "et qu'elle se taise". Ce matin, j'étais donc face à l'alternative suivante : économiser mon énergie en restant couché ou la dépenser en allant travailler. J'ai choisi.

Vous avez raison, Christine ne s'appelle pas Christophe et réciproquement. J'étais partie pour vous dire un mot au sujet de monsieur Christophe de Margerie, PDG de TOTAL. J'ai écouté ses propos à la radio. Vous avez certainement remarqué que depuis quelques temps et ce jusqu'à épuisement, on nous bassine à propos des prix du pétrole dont par ailleurs je ne méconnais pas les effets, notamment sur ma facture de fuel.J'y reviendrai. Donc le journaliste demande à Christophe ce que compte faire son entreprise qui est citoyenne. Il répond "La contribution citoyenne de mon entreprise est de faire baisser les prix, du moins de ne pas les faire augmenter trop brusquement". Je m'attendais à ce qu'il ponctue sa réponse par "Humour".

Ensuite le journaliste lui demande si rester en Birmanie n'est pas un signe de soutien à la dictature. Christophe répond " Je crois que ça nuit (mais là, je fais la réponse moi-même) à la question. Ca nuit beaucoup moins qu'on le pense. C'était nécessaire. Ca reste plus que jamais nécessaire et si j'avais qu'un mot à dire : moi je suis absolument content qu'il y ait une reprise de dialogue entre la Lady, cette grande dame, et la Junte... C'est comme ça que ça doit se passer, c'est comme ça que nous avons toujours tout fait pour essayer que ça se passe parce que contrairement à ce qui a été dit, nous avons été actif mais de manière discrète dans ce domaine, c'est-à-dire pousser la Junte à s'améliorer, c'est pas difficile mais très certainement à faire en sorte que nous puissions rester en respectant notre code de conduite ; et c'est pas en faisant partir, probablement le dernier rempart de la démocratie dans ce pays, que vous allez faire avancer les choses. Très clairement, nous restons.".

Nom d'un pipeline, TOTAL est responsable du rétablissement de la démocratie en Birmanie mais pas de l'état des navires qui transportent son pétrole.

samedi 10 novembre 2007

Chronique du matin (plaisir)



Ce matin le ciel est gris. Les dernières feuilles du noisetier qui se trouve dans le jardin tentent de résister au vent. Les noisettes ont toutes été entreposées par l'écureuil du coin. A propos de noisettes, pendant l'été, le noisetier fait écran avec les voisins d'en face et la lointaine rue.

Ainsi, certains matins, avant que les sons de la routine ne me soient renvoyés par la rue, levé depuis quelques secondes, j'ouvre la fenêtre de la chambre, je regarde le noisetier et je me sens ailleurs. Je ne pense à rien, je ne fais que regarder. La sensation de premier matin du monde est renforcé par la tenue qui est la mienne durant ces premières secondes. Je laisse la fraîcheur se déposer sur mes membres. Si je me sens gagné par un sentiment de liberté et prêt à offrir mon corps à la nature, ce qui n'a aucun sens, mon envie d'exibitionnisme urbain est modéré par le fait que les balasts des corps caverneux peuvent mettre quelques minutes à se vider, non que j'ai honte de mon corps caverneux mais je préfère lui offrir une audience restreinte.

Pourtant, comme une mémoire cachée réveillée par un gène que l'air frais aurait ravivé, j'ai devant les yeux l'image d'un cerf humant l'air d'une clairière et essayant de déceler le parfum du désir.

Je referme la fenêtre avant de me mettre à bramer.

mardi 6 novembre 2007

Robert et moi




Voici donc la première écoute personnelle de mon premier disque de Led Zeppelin. Je pose le disque sur le tourne-disque, autrement appelé électrophone. Malgré un design plutôt anguleux qui lui donne l'aspect d'un objet de contrebande en provenance de la RDA, il possède des options. Le "posage" du bras pouvait être manuel ou automatique. Les deux étaient d'usage délicat. N'étant pas muni d'un système hydraulique, l'option manuelle pouvait donner lieu à un posage craquant, voir dérapant. L'option automatique quant à elle comportait le risque d'un posage hors cible avec ripage sur le côté. Comme l'on dit au foot, j'avais une super occase mais qui se terminait par un poteau sortant. Les spécialistes aprécieront.

J'ai dans mes connaissances, un puriste qui possédait un tourne disque, qu'il appelait pompeusement, avant l'heure, une mini chaîne. Il lui accolait le qualificatif de stéréophonique parce qu'elle possédait deux "enceintes" qui dans la réalité crachaient la même bouillie mais il semblait le seul à ne pas s'en apercevoir, pensant peut-être que deux mono étaient égaux à une stéréo. Donc, sa mini chaîne possédait, bienfait de la technologie, un bouton pour les aigus et un autre pour les graves ce qui lui permettait, à peu de frais, de jouer à l'ingénieur du son.

Emu mais la main ferme, j'ai posé le bras, et le saphir, diamant du pauvre, est entré en contact avec le sillon. Je ne sais pas si c'est la chambre en rotin à l'acoustique approximative ou si c'est l'enceinte qui jusque là, sur l'échelle de la violence phonique, n'avait jamais dépassé le palier Sheila, mais le résultat fut décevant. Black Dog semblait avoir un chat dans la gorge. Pour tout dire, j'étais l'auteur d'un sacrilège. C'était confiture au cochon et compagnie. Il est vrai que j'avais entendu dire par un de ces spécialistes en tout, que le pressage français était une catastrophe. Cette première fois m'avait laissé frustré.

Chronique du matin (envie)

La dernière fois, je vous ai fait part du plaisir de retarder le lever, blotti au fond du lit, dans la chaleur de la nuit que l'on tente de retenir comme dirait...
Après ce premier plaisir, je me lève et surgit avec force le premier désir, désir incidieux, désir qui me caresse, désir qui engourdit ma volonté, désir qui me fait entrevoir la volupté, j'ai nommé le désir de se recoucher. Vais-je résister? Certains matins, c'est triomphalement que la volonté s'impose, où mon esprit prend le pas sur mon corps. La victoire de l'un ou de l'autre se décide en quelques secondes.

Sorti du lit, j'ai froid et je sens que je vais céder. Rapidement, pour me donner bonne conscience, je cherche à quel moment je vais pouvoir gagner du temps pour effacer le retard mais c'est comme les économies budgétaires, difficile de trouver le poste de dépenses que l'on pourrait contracter. M'en remettant à l'improvisation, je replonge dans le lit. Sentir la chaleur se déposer sur ma peau est source d'un divin plaisir. Il faut que je me roule sans vergogne dans ce plaisir solitaire car il ne dure que quelques secondes. Allez savoir pourquoi, mais rapidement le plaisir fait place à la mauvaise conscience, à cette réalité que je ne me suis accordé qu'un sursis.

A chaque fois je me dis que je n'aurais pas dû me recoucher. La volonté, cet instrument de torture que l'on glorifie, n'a pas le triomphe modeste.

Lagarde devrait se rendre



J'étais prêt à fondre sur Christine, tel un rapace avide de sang sur sa proie, prêt à la déchiqueter, à la réduire en miettes, à la fouler d'un pieds vengeur, à lui faire avaler le micro, à lui faire goûter de la pompe à vélo pour lui signifier qu'elle me gonfle. J'étais prêt à tirer au bazooka sur l'ambulance. J'étais prêt à endosser les habits de Raoul. Et puis je me suis aperçu que ce n'était même plus une ambulance mais un brancard et je n'ai pu que baisser les armes. J'étais prêt à mettre un genou en terre et à prier, à prier pour qu'elle se taise, à prier pour qu'elle réfléchisse. Un retour en arrière pour expliquer ce début.

L'autre soir, j'écoutais distraitement les informations quand mon esprit, le mauvais, fut rebranché sur le secteur à l'annonce de la présence de notre ministre de l'économie. Le sujet était le prix du pétrole et ses répercutions sur notre pouvoir d'achat, pouvoir d'achat qui fait l'objet de toutes les attentions. Comme le dirait Vince, pas très fun le sujet et mauvais pour le karma. Donc, persuadé qu'elle allait nous gratifier d'analyses dignes du café du commerce, je m'apprêtais à prendre des notes. Dès les premières secondes je ressemblais à la Victoire de Samothrace.

Cette chère dame m'a découragé. J'étais consterné, j'avais honte pour elle. Pourquoi parler quand on n' a rien à dire? Si je n'avais qu'une chose à demander à un ministre c'est d'imaginer qu'il s'adresse à des personnes dotées d'une intelligence. Ayant pris la peine de l'écouter, les propos de Christine Lagarde étaient une insulte à mon intelligence. Qu'avons-nous fait pour mériter ça? Christine, tu ne me fais plus rire.

vendredi 2 novembre 2007

Trois hommes et des confins (suite et fin)

Nous voici donc partis pour la deuxième étape de notre soirée. Le parcours est trop court pour un discours. Après quelques hésitations, nous voici devant l'entrée d'un concept, le restaurant-brocante. Avant d'entrer, l'endroit donne lieu à des commentaires des connaisseurs. Ce que j'en comprends c'est que ce lieu a été conseillé par quelqu'un qui n'y est jamais allé, que trop contents, ceux qui y vont ne veulent pas prendre le risque d'aller ailleurs, que le menu est bon mais qu'il ne faut pas compter le prendre car on ne dispose jamais du temps nécessaire, qu'il nous faut donc nous rabattre sur les tartines et que ça vaut bien le menu.

Nous entrons et nous installons. Nous sommes six dont deux hommes. Le troisième homme, à l'emploi du temps toujours mystérieux, arrivera plus tard avec sa moitié à plein temps. En attendant nous commandons les tartines et les patates chaudes. Le dernier couple nous ayant avertis d'un prévisible retard, nous décidons de commencer sans eux. Dans la série l'herbe est plus verte dans le champ d'à côté, mon voisin d'en face, un coutumier du fait, qui a choisi une tartine, lorgne avec envie et regret sur la patate chaude de sa voisine. Il accepterait qu'on lui refile.

Comme souvent, la conversation porte sur les absents qui ne sont que des présents en retard. En choeur nous louons cette rencontre qui fait d'eux un gentil petit couple, qui est si bien assorti. On ne pouvait pas rêver mieux. Comme quoi, il suffit d'être patient. Ce qui fait plaisir, c'est qu'il est épanoui. D'un autre côté, il faut qu'ils apprennent à se connaître. Toujours est-il qu'on ne pouvait pas espérer mieux. Il n'y a qu'à les voir se tenir par la main.

Après avoir découvert que les toilettes étaient à la dimension de la propriétaire des lieux, ce qui se matérialise par un manque d'aisance pour les plus d'un mètre cinquante, obligeant à des acrobaties au risque de devoir renoncer à certaines options qui permettent habituellemnt de faire deux choses à la fois, nous nous sommes dirigés vers Saint-Ouen d'Attez, derniers confins de la civilisation normande.

Nous sommes entrés dans le petit bar bruissant d'une animation que la nuit ne laissait pas présager. Nous sommes accueillis par Hélène et Emmanuel qui font revivre le village et battre en choeur la campagne. Nous avons écouté un gars qui écrit des textes sur lesquels il met des notes de musique et une chanteuse accompagnée d'un contre-bassiste dont le physique a retenu toute l'attention de la gente féminine alors que concernant la chanteuse mon voisin me précisa qu'il n'avait aucune attirance pour la progéniture de Sim.

Et arrive le moment où il faut partir. On essaye toujours de prolonger un peu en espérant qu'il y en aura bien un qui dira "Bon, allez, on reste", le mieux étant "Allez, vous restez, on va bien réussir à se tasser", mais c'est rare. Pourquoi faut-il toujours quitter ceux avec qui on se sent bien, surtout si c'est pour finir par aller là où l'on a pas envie d'aller? A défaut de pouvoir rester, il faudrait pouvoir se quitter comme la lumière du jour laisse la place à la nuit.