lundi 27 décembre 2010

L'un dans l'autre

Il n'aura pas échappé à votre sagacité que chacun de nous fait partie d'une catégorie. Une catégorie à laquelle sont reliées des sous catégories. C'est à cela que je pensais en détaillant les données statistiques concernant la demande d'emploi. Entre 16 et 62 ans nous sommes un actif ou un chômeur. Nous sommes un chômeur de moins ou de plus d'un an, autrement appelés DELD. Nous sommes DELD de 1 à 2 ans, de 2 à 3 ans ou de plus de 3 ans. Nous sommes un homme ou une femme. Nous sommes une femme qui vit en couple ou qui est isolée. Nous sommes une femme isolée qui touche le RSA OU L'ASS, qui est qualifiée ou non qualifiée, qui a plus ou moins de 50 ans. Nous faisons donc partie de ce que l'on appelle le public prioritaire (1). Ce qui veut dire que nous faisons partie d'une sous catégorie pour qui ont été mis en place, au cours des dernières décennies, des plans, des mesures et autres actions spécifiques selon la sous catégorie à laquelle nous appartenons. Selon la conjoncture, les changements de gouvernement, la proximité d'élection, nous pouvons être amenés à changer de sous catégorie mais rarement de catégorie. Il nous faut donc être très vigilant car un changement de catégorie peut nous être fatal. Nous sommes tellement de choses à la fois, versés de sous catégorie en sous catégorie qu'en fin de cette cascade statistique nous ne sommes plus grand chose, voire plus rien. En haut de cette cascade nous sommes une masse de plusieurs millions qui faisons ou non la une du journal télévisé. Nous avons ou pas l'honneur de faire l'objet d'une déclaration ministérielle ou d'un communiqué du même nom. Nous apprenons que nous sommes plus nombreux ou moins nombreux que la dernière fois. On nous informe parfois que, si nous sommes plus nombreux que lors de la précédente livraison statistique, nous aurions été encore plus nombreux si des bonnes mesures n'avaient pas été prises. Et là, nous nous disons que nous avons eu de la chance.

dimanche 26 décembre 2010

Bonbons

Jeudi, je suis allé écouter Second Floor. Vous allez me dire "Encore!". Si telle est votre réaction, c'est que vous ne les avez jamais entendus.
Pour des raisons diverses et variées, j'aime Robert Plant et Led Zeppelin, les Amis de la Sainte Sixtus et Second Floor.

Comme toujours avec Second Floor, on commence au rez de chaussée et on termine dans les étages avec un bonbon dans la bouche. C'est à chaque fois un bonbon qui vous rappelle quelque chose sans que vous sachiez quoi. Vous l'avez sur le bout de la langue mais la mémoire ne vous revient pas. Vous finissez par vous dire, que celui là, c'est la première fois que vous l'avez en bouche.









lundi 20 décembre 2010

Draps (dans de beaux)

Ce matin comme souvent, putain d’habitude, je me suis levé. Sortir, quitter, s’extraire de son lit est rarement une décision mûrement réfléchie. Je ne me dis jamais « Tiens, je vais me lever pour aller travailler. » Je le fais et je passe à autre chose.
En me glissant hors du lit, je ne me doutais pas de ce qui allait m’arriver. Le sachant, je n’aurais malgré tout rien changé.
Je quitte la chambre muni de tout l'attirail vestimentaire qui doit être composé de sept unités. C'est une action que j'accomplis souvent dans le noir. J'ai toujours le bon nombre mais c'est une fois à la lumière du couloir que je peux vérifier si j'ai la grille gagnante. C'est une sorte de tirage au sort, surtout en fin de semaine où tout s'accumule sur la chaise et sur le sol. Si une partie de la sélection peut se faire à l'odeur, il existe une marge d'erreur. Je peux me retrouver avec des chaussettes dépareillées. Je vous épargne le reste.
Je dépose le tout dans la salle de bain, je prends ma douche, en sors et me sèche. Et allez savoir pourquoi, vêtu de rien je retourne dans la chambre noire. A peine y ai-je pénétré que j'entends une voix me glisser à l'oreille "Viens te recoucher". Contre toute attente, sans attendre je cède à cette glissade. La peau encore imprégnée de la fraîcheur du matin, mon corps disparaît sous la couette. Et là, ravissement, frissons, pulsion, pulsations, fusion, hésitation. Comme si je découvrais ce corps chaud qui a fait naître la tentation. Si je n'y prends garde, pourquoi le ferais-je, je vais être englouti, me diluer.
Il est toujours à l'affût. A la moindre occasion, il refait surface, s'impose. Mais qu'il est bon de sombrer, de céder au désir.

mercredi 15 décembre 2010

Idée cadeau



A la recherche non du temps perdu mais d'une idée je suis tombé sur cette montre qui vaut un peu plus de 700 000 euro. Je me suis dit qu'à ce prix là, ils auraient pu mettre les chiffres. Dites-moi pourquoi je la trouve de mauvais goût?

dimanche 12 décembre 2010

vision (3)

Le ciel a attiré mon attention. Le ciel de l'Est, de l'extrême Est. L'horizon qui se trouve le plus à l'Est. Comme une transparence sucrée, une onde rose débordait par dessus la forêt qui recouvre les falaises. Plus le regard se projetait vers l'ouest, plus le ciel se faisait sombre jusqu'à disparaître dans la nuit. Comme si, dissimulé par l'horizon, un dieu tirait vers lui une couverture. Comme pour vérifier que j'étais toujours dans la bonne direction, je plaçai provisoirement mon regard droit devant. S'encadrait dans mon champ un immeuble, surmonté de trois cheminées, d'où se détachaient des fenêtres éclairées, comme les hublots de cabines d'un paquebot qui donnait l'impression de larguer les amarres.
Tout en le vivant, j'avais décidé que c'était un moment unique. La prochaine fois serait à nouveau la première.
J'avais oublié que l'on pouvait mettre tant de temps pour traverser un pont.

vendredi 10 décembre 2010

Vision (2)

Je traversais donc le pont pour passer de l'autre côté. L'autre côté où parfois nous attend la mort. Mais pour le coup ce n'était pas le cas. Le sol sombre et bombé brillait comme si un ciel de nuit s'était écrasé sur le bitume. C'est ce que je me suis dit sur le moment. Je piétinais les étoiles. La nuit était encore présente mais je sentais qu'elle avait envie de partir. La nuit se retire toujours en douceur mais comme souvent l'hiver, c'est avant que nous quittions le lit. je me suis demandé si, de temps en temps, la nuit n'aimerait pas être le jour. Elle laisse parfois des traces de son passage comme cette lune qui traîne sa pâle lassitude dans la clarté insistante.
J'étais donc sur le pont, sur le point de traverser. A vrai dire j'étais déjà engagé de quelques pas. J'avais encore tout loisir de faire demi-tour. C'est une illusion du matin. Si je voulais je tournerais le dos à l'autre rive. Allez savoir pourquoi je ne le fais jamais.

jeudi 9 décembre 2010

Vision (1)

Ce matin, comme d'habitude, putain d'habitude, je me suis engagé sur le pont pour le traverser. Certains jours, je regarde devant moi, d'autres fois, j'ai les yeux rivés vers le sol. Ce matin j'étais plutôt d'humeur aérienne, ce qui était risqué compte tenu du sol glissant.
Comme tout un chacun, il m'arrive de vivre des moments uniques mais sans en avoir conscience puisque j'ignore que je ne les revivrai pas. Chacun de nous peut malgré tout décider qu'un moment est unique. C'est ce que j'ai fait ce matin. Je me suis dit que je vivais un moment unique.
Après quelques pas sur le pont, j'ai levé les yeux. . Une parenthèse à propos du pont. Nous sommes nombreux, chaque jour, à traverser un pont. J'ai souvent l'impression que nous traversons un pont comme nous passons d'un trottoir à celui d'en face, sans beaucoup d'émotion. Avons nous conscience que nous passons d'une rive à l'autre.
à suivre...

mardi 30 novembre 2010

Corneille



Une certaine lassitude. C'est probablement la saison. La télé ne s'y est pas trompée. J'ai regardé quinze secondes le journal de 20h pour apprendre que le titre principal était les chutes de neige à Lyon. Ce qui veut dire difficultés de circulation (mais que fout la DDA, bordel). Annulation de trains. Trois flocons et ya plus rien qui fonctionne dans ce pays. Et une jeune journaliste qui nous dit que la neige redouble d'intensité. Pour faire plus vrai, elle est sous la neige, au cas où l'on douterait. J'ai remarqué que si l'on en croit les journalistes, beaucoup de choses redoublent et souvent d'intensité. Et pourtant, chacun sait que le redoublement ne sert à rien.

mercredi 24 novembre 2010

Je me demande

C'est fou comme le temps passe vite, même si il ne se passe rien. Comme il ne se passe rien, j'aurais tendance à penser que le temps ne passe pas. Le gouvernement et François Fillon. François a dit qu'il allait continuer les réformes. Il va continuer, ce qui veut dire qu'il avait commencé. Pourquoi ai-je l'impression que rien ne bouge? Notre président lui aussi continue. Il continue à poser des question alors qu'il devrait apporter des réponses. Alain Juppé continue lui aussi. Il était maire à plein temps. Il est maintenant également ministre à plein temps. Jean-François Copé continue comme si de rien n'était. Il continue sa marche en avant. Comment croire qu'il va patienter encore plus de six ans. Ceux qui étaient absents continuent de l'être et je continue à me dire que ce n'est peut-être pas plus mal.

jeudi 18 novembre 2010

Ennui

Hier soir, un peu par hasard je suis allé à un concert d'Isia. Je n'avais jamais rien écouté d'elle mais je m'étais laissé dire qu'elle était pleine d'énergie, que ça dépotait (expression un peu vieillotte au même titre que à toute berzingue!)

Comme il y avait des places assises paraissant confortables, j'ai pris place histoire de voir venir. Il serait toujours temps de se lever pour se rapprocher de la source.

Autant vous le dire tout de suite, je ne me suis pas levé. J'ai fait le gars à qui justement on ne la fait pas. Je me suis ennuyé. Il est vrai que la petite à de l'énergie à revendre mais elle la gaspille. Elle s'agite dans tous les sens comme une marionnette qui tenterait de ressembler à une danseuse. Elle chante mais fort. Pour tout dire, elle hurle, confondant passion et hystérie. Si elle a une belle voix, elle ne sait pas s'en servir et finira par la perdre. Peut-être peu sûre d'elle, elle noie, dissimule son talent dans le bruit et la fureur. Et puis elle est bavarde et essaye de faire de l'humour.

Le groupe qu'elle forme avec ses musiciens n'a pas d'identité. Quand je sors d'un concert, je fredonne une des chansons que j'ai écoutée. Mais là, rien, j'avais tout oublié ou alors je n'avais rien écouté. En sortant, avant la fin, je chantais "J'habite tout seul avec maman..." en buvant un jus de fraise au bar.

Alors, rien? Si. En première partie, nous avons écouté un groupe local, Older, énergiquement talentueux. De cette énergie limpide qui ne transforme pas la musique en un magma de décibels. Une énergie qui se découpe en tranches dans lesquelles on mord avec gourmandise, une énergie qui vous arrache la tiédeur de la retenue, qui vous donne l'envie d'être une de ces cordes, d'être ce manche sur lequel les doigts courent pour créer la musique que l'on aime. Musique qui n'a pas besoin d'artifice. Le talent? Ce sont les compositions, les accords, l'envie de rentrer dedans, de nous balancer du riff. Older le juvénile, dont la finesse et la justesse des paroles écrites par notre ami Pierre ne font que confirmer un groupe que je suis impatient de retrouver.

dimanche 14 novembre 2010

En coin



Après toutes les spéculations, cette photo pourrait-être le résumé de son état d'esprit matinal.

samedi 13 novembre 2010

Pour rire (1)

En cette semaine de pluviosité intense, j'ai réfléchi pour trouver un sujet qui apporterait du soleil dans les coeurs, dans les esprits, dans les pensées. Je dois vous avouer que le premier sujet qui m'est venu à l'esprit et qui me semblait le plus adapté c'était moi. Afin de ne pas en rajouter, j'aurais simplement mis ma photo. Un soupçon de modestie m'y a fait (miafè) renoncer.

Ensuite j'ai envisagé de vous entretenir de ce vain G20 qui à Séoul a patiné dans la semoule (lire smoul). Ils ont l'air tellement heureux. C'est comme une photo de classe, si ce n'est qu'il manque les professeurs. Si l'on souhaitait résumer l'action de ces sympathiques garçons, on pourrait dire qu'ils font «des plans d'irrigation pendant le déluge» (Jacques Rueff)ou que ce sont "des alcooliques réunis pour décider comment ne plus boire et qui se contentent de prendre un dernier verre" (Jacques Attali)


J'ai aussi pensé au retour du cliché soviétique. L'usage de la gomme électronique. Ma copine Cricri Lagarde se recycle. Elle était dans le 12ème sans y être. Elle ne fait pas partie de la droite décomplexée.

Trouvez les différences.



mardi 9 novembre 2010

De réalité (principe)

2007
"Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l’Homme au nom de nos intérêts économiques. Je défendrai les droits de l’homme partout où ils sont méconnus ou menacés et je les mettrai au service de la défense des droits des femmes"

2010
"La France a envie de faire avancer les choses. Nous avons des valeurs à défendre, nous les défendons, mais en respectant nos partenaires, en comprenant qu'ils ont une culture différente, qu'ils viennent de plus loin et qu'il faut les encourager vers l'ouverture. Personne ne peut contester les progrès économiques de la Chine, l'ouverture de la Chine. Il faut l'encourager dans cette direction et c'est ce que nous faisons en parlant tranquillement, en se respectant, en essayant de se comprendre. C'est un gros travail."


Entre la volonté
Et la réalité
Entre le geste
Et l'action
Se glisse une ombre


T.S Eliot

dimanche 7 novembre 2010

Pomme d'Api (2)

Une voix l'informe que l'attente prendra fin dans cinq minutes. Il lève les yeux et tente de découvrir un point. Il ne sait pas trop si il doit regarder à gauche ou à droite. Il s'éloigne de quelques pas de la vitre.
Il regarde le responsable du protocole ouvrir largement la porte. Il avance et va quitter la moquette bleue du salon et il posera un premier pied sur le tapis rouge vif. Sans trop savoir pourquoi il se demande d'où vient cette tradition. Il n'aime pas se poser des questions dont il ne connaît pas la réponse. Ce chemin écarlate qui le mènera jusqu'à son invité semble émerger de l'asphalte. Comme une plaie qui laisserait affleurer de la lave. A trop rester inactif, des idées idiotes encombrent son esprit.

Décoré de son drapeau rouge aux cinq étoiles jaunes, l'avion stoppe. Distrait par ses pensées, il ne l'a pas vu atterrir. C'est pourtant un spectacle qu'il apprécie. L'oiseau d'acier qui... Le personnel de l'aéroport s'active. On finit de dérouler le tapis, on met en place l'escalier. Il ne doit pas s'avancer trop tôt. Si le chinois met trop de temps à sortir, il se retrouvera les bras ballant sans trop quoi faire.

Comme si il était dans les starting-block, il pose le pied droit sur le tapis. C'est curieux. Il a l'impression qu'il est mouillé. Lave-t-on les tapis rouge? Il appuie de la pointe de sa chaussure. Une sorte de jus rouge sort des fibres et tache le cuir de sa bottine. Curieux et inquiet, il fait un pas supplémentaire. Même jus. La porte de l'avion ne s'est pas encore ouverte. Il fait signe au responsable du protocole et lui demande ce que cela signifie.
"Sauf votre respect, monsieur le Président, vous m'avez dit qu'il était très important que dès ses premier pas sur notre sol, le Président Hu Jintao devait se sentir comme chez lui."

jeudi 4 novembre 2010

Pomme d'Api (1)

Le couple est entré dans le salon. Il ne lui reste plus qu'à attendre. L'homme ajuste les manches de sa chemise, puis celles de sa veste. Un observateur pourrait le croire nerveux. Il n'est qu'impatient. Sa femme lui caresse la main et lui sourit. Elle aime bien lui sourire. Cela semble toujours l'apaiser. Et puis, elle ne sait pas quoi faire d'autre. Il se dirige vers la baie vitrée. Restée en retrait, elle l'observe. Elle regarde ses pas. Il toujours l'air de se diriger vers quelque chose comme si chaque arrêt n'était qu'une étape vite oubliée. Pourquoi sont-ils arrivé si tôt?

Il regarde le ciel. Rien. Vide. Pas un nuage. Du bleu partout. Peut-être un peu de blanc sur le pourtour, là-bas à l'horizon, comme une ceinture d'acier qui tenterait d'échapper à la chaleur du soleil. Même si ses doigts continuent de s'agiter dans son dos, il se laisse absorber par l'uniformité qui s'offre à lui. Son esprit est en repos. Aucune pensée ne vient le perturber. Il aime ces moments qui lui donnent l'impression de n'être plus qu'un point, un ensemble d'atomes, comme une vie primaire, un commencement. Il ne se souvient plus de rien. Il n'aime pas les souvenirs.

mercredi 3 novembre 2010

Incertain

Leur regard se désagrège
Dans l’éclat de la violence
Comme le choc d’un arpège
Qui s’égrène au gré des branches.

Du quai de leurs souvenirs
Un gris inconnu ondule
Rien qu’ils ne puissent retenir
Seules les ombres les bousculent

Ils trouvent refuge entre deux mots
Frissons de leurs caresses passées
D'anciennes racines folles affleurent
Aspirent les plaisirs qui ont cessé

Les sons glissent en bas de page
La mémoire a renoncé
Ils ont abandonné la rage
Et s'éloignent de la clarté

Confusion

"La démocratie, c'est la loi de la majorité, la majorité issue des urnes"

Cette phrase a été prononcée par mon ami Eric Woerth. Mon ami Eric semble confondre démocratie et loi du plus fort. Comme l'écrivait Tocqueville, que j'encourage Eric à lire ou à relire, la démocratie peut devenir "Le despotisme radouci". La démocratie n'est pas une loi, c'est un idéal, une construction commune, un devenir. La démocratie se vit, se pratique, s'exprime. Nous avons le pouvoir de l'inventer chaque jour, de lui donner de nouvelles formes. La démocratie n'est pas une arme, une arme qui aurait pour objet de tenir le peuple en respect, de lui imposer le silence.

mercredi 27 octobre 2010

Vue du train

Même si ce n'était pas celui qui était prévu à l'origine, nous avons pris le train. Pour des raisons qui tiennent à mon rythme biologique, je choisis d'être côté fenêtre. Ce choix permet aussi d'éviter de se prendre des coups de valises ou de sacs à dos. Je reviendrai sur cet aspect du voyage.
On peut être assis dans le sens de la marche, ce qui permet de voir l'avant, ou dans le sens inverse, ce qui donne la possibilité de voir l'après. Pour avoir voyagé dans ces deux conditions, je n'ai pas décelé de préférence. La vision du paysage est pourtant influencée par le choix. Se rapprocher, s'éloigner.
La ligne Rouen-Paris est celle que je fréquente le plus. Elle est essentiellement urbaine. J'ai toujours trouvé le paysage déprimant. Se succèdent des morceaux de terrains vaguement identifiés par des grillages rouillés et avachis lentement dévorés par les herbes folles de rester là. Des hangars qui perdent leur peau de couleur claire demeurent dans des lieux désertés dont la cour est jonchée de débris, de carcasses d'engins. Les territoires qui jouxtent les voies sont comme des lieux d'oubli. La vitesse du train ne gomme pas cette succession d'abandons.

lundi 25 octobre 2010

Déflation



Au hasard de mes lectures (le hasard n'existe pas) je suis tombé, je tombe souvent, sur un article dont la fellation était le sujet. Cette pratique buccale, contrairement à la sodomie, a me semble-t-il terminé de gagner du terrain puisqu'une enquête de 2006 a révélé que 80% des français ont déjà fait l'expérience de cette pratique. Rien pour autant ne permet d'affirmer que le plaisir était au bout. On ne connaît pas le taux de récidivistes.

Vous allez me demander pourquoi aborder ce sujet. Tout comme la loi sur les retraites, la fellation met en évidence des inégalités tant générationnelles que sociales. Deux exemples suffiront. L'enquête met en évidence que les tranches d’âge entre 25 et 49 ans sont celles qui déclarent le plus avoir eu une expérience fréquente de la fellation dans les 12 derniers mois (plus de 60%), une proportion qui descend à 22% chez les femmes de 60-69 ans ce qui fait dire aux enquêteurs "Plus on est jeune, plus on suce."

Le deuxième exemple concerne le milieu social. L'enquête montre que "La sexualité orale est moins souvent déclarée par les personnes sans diplôme et les femmes de milieu populaire. En revanche, la fellation l’est beaucoup plus chez les femmes ayant un diplôme supérieur, les cadres et les professions intellectuelles. Une des explications à ce phénomène tient dans le fait que les personnes des milieux sociaux les plus favorisés ont une aptitude sociale à se distancier de la norme dominante, en l’occurrence celle d’une sexualité pénétrative." Ce dernier mot a été inventé pour les besoin de la cause.

Comme il existe le minimum vieillesse, le seuil de pauvreté ou la pension de réversion, la classe défavorisée n'a que très peu voie au chapitre.

Ou alors demain

Notre ami Eric Woerth, le ministre calme et serein, a déclaré "La loi est votée. Il est inutile de faire la grève aujourd'hui." Nous pouvons bien sûr en conclure que c'était utile hier. Il est rassurant de pouvoir compter sur un ministre qui nous indique quand il est judicieux de faire grève, de manifester, de nous exprimer.

Merci Eric.

mercredi 20 octobre 2010

Strict

Comme me le faisait judicieusement remarquer une de mes collègues, l'emprise de la communication a réduit la situation sociale à quelques chiffres dont certains sont le sujet de controverses, l'ensemble pouvant faire un excellent exercice de mathématiques pour cm2. Nous avons 40, 42, 44, 60, 62, 65, 67, 1 million, 3 millions, des taux pleins (de quoi?), 224 défilés, deux leaders syndicaux, un ministre, un mouvement, un certain nombre de pédagogues, une prise d'otage, un blocage, des marges de manifestations dans lesquelles se baladent des casseurs... C'est alors que l'utilisation déraisonnable d'un flashball a donné une incarnation, sous la forme d'un visage meurtri, à ce mouvement social.

A la suite de cet incident, notre ami Brice Hortefeux a envoyé un télégramme aux préfets dans lequel il précise notamment:
« J'attire votre attention sur la nécessité d'être particulièrement vigilant sur les conditions d'intervention et de limiter l'usage de la force au strict nécessaire » Faut-il comprendre que d'habitude l'usage de la force n'est pas limité au strict nécessaire?
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mardi 19 octobre 2010

Fond (article de)

Dans une des pub Nespresso, George Clooney demande à une jeune fille "Is there a back door?"



Au moment où l'on annonçait la sortie imminente des mineurs chiliens, je lisais un article intitulé "La sodomie gagne du terrain". Cette affirmation est tirée d'une enquête sur la sexualité des américaines. Cette enquête concerne également les américains mais sur ce point précis, confiance a été faite aux femmes.

Constatant un recours de plus en plus fréquent à cette pratique, l'auteur de l'article s'interroge "Alors pourquoi tant de sodomies? Sont-elles contraintes et forcées? Est-ce un fantasme masculin inspiré des films porno au détriment des femmes?" Demeure dans les esprits la femme qui subit la sexualité débridée de l'homme pervers qui se répand. Dans un premier temps l'auteur répond que non, la femme ne subit pas. Lorsqu'il développe, c'est moins net: "Les femmes qui ont obtenu ce qu'elles voulaient étaient davantage susceptibles de céder aux désirs de leur partenaire. Ce n'est pas la sodomie qui a mené à l'orgasme. C'est l'orgasme qui a mené à la sodomie."

Morale de l'histoire: George sait maintenant pourquoi la jeune fille dit non.

lundi 18 octobre 2010

Mauvais français

Lorsqu'un journaliste a demandé à notre ami Eric Besson quelle était sa définition du bon français, il a répondu qu'un bon français était celui qui respectait, et j'ajouterais qui fait siennes, les valeurs de la République. La solidarité est une de ces valeurs. Cette valeur n'est pas à géométrie variable. Je suis ou je ne suis pas solidaire. Je ne peux l'être à moitié, à mi-temps. Certainement conscient qu'il n'est pas facile d'être un bon citoyen, notre ministre se fait fort de fabriquer les bons français.

Hier, je me suis dit qu'il allait avoir du boulot. Vendredi j'ai utilisé ma voiture. Comme le réservoir était loin d'être vide j'ai fait confiance au gouvernement qui affirmait à plusieurs voix qu'il n'y aurait pas de pénurie de carburant et j'ai été solidaire avec ceux qui avaient vraiment besoin de faire le plein. Afin de ne pas participer à la fabrication de la pénurie, je ne me suis pas arrêté à la pompe. J'ai attendu, bêtement, d'en avoir besoin, c'est à dire dimanche soir. Comme vous vous en doutez, toutes les stations étaient fermées. Je me suis demandé ce qu'allait faire notre ami Eric pour que tous ceux qui n'ont pas été solidaires avec moi deviennent de bons français. Va-t-il faire comme son collègue le ministre des transport? Ayant appris que des malins avaient profité de la situation pour augmenter leurs prix, il a répondu en substance que ce n'était pas un geste civique.
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jeudi 14 octobre 2010

Fond (article de)

Dans une des pub Nespresso, George Clooney demande à une jeune fille "Is there a back door?"



Au moment où l'on annonçait la sortie imminente des mineurs chiliens, je lisais un article intitulé "La sodomie gagne du terrain". Cette affirmation est tirée d'une enquête sur la sexualité des américaines. Cette enquête concerne également les américains mais sur ce point précis, confiance a été faite aux femmes.

Constatant un recours de plus en plus fréquent à cette pratique, l'auteur de l'article s'interroge "Alors pourquoi tant de sodomies? Sont-elles contraintes et forcées? Est-ce un fantasme masculin inspiré des films porno au détriment des femmes?" Demeure dans les esprits la femme qui subit la sexualité débridée de l'homme pervers qui se répand. Dans un premier temps l'auteur répond que non, la femme ne subit pas. Lorsqu'il développe, c'est moins net: "Les femmes qui ont obtenu ce qu'elles voulaient étaient davantage susceptibles de céder aux désirs de leur partenaire. Ce n'est pas la sodomie qui a mené à l'orgasme. C'est l'orgasme qui a mené à la sodomie."

Morale de l'histoire: George sait maintenant pourquoi la jeune fille dit non.

Unique pensée

Le toujours jeune François Baroin, ministre du budget, a déclaré que le bouclier fiscal créait un sentiment d'injustice. Ni une ni deux, je me suis dit qu'enfin il se rendait à l'évidence et avec lui toute la majorité car je ne pouvais penser qu'une telle déclaration n'ait reçu l'aval de notre président. Ces propos ont, peu de temps, fait la une. Perfides, les journalistes sont allés demander leur opinion à ce que l'on appelle les leaders de la droite. Xavier Bertrand a répondu mais à côté. Son meilleur ami, Jean-François Copé a lui répondu qu'il ne fallait pas faire dire aux gens ce qu'ils ne disaient pas.
Je me suis interrogé sur le sens de cette phrase. J'ai d'abord pensé que Jean-François nous expliquait que François ne s'exprimait pas à titre personnel et donc qu'il ne l'avait pas dit mais se contentait de dire ce que d'autres pensaient. Poussant la réflexion plus avant, je me suis dit que je faisais erreur. Jean-François nous a en fait expliqué qu'effectivement François traduisait un sentiment exprimé par la pensée par certains français, du moins je suppose, mais comme ces même français ne l'avaient pas exprimé avec des mots, l'on ne pouvait effectivement leur faire dire ce qu'il n'avaient pas dit.

Quel courage!

En fin de semaine dernière notre premier ministre est allé rendre visite aux soldats français qui ont été blessés en afghanistan. Si je le sais c'est qu'il nous l'a dit. Pourquoi maintenant? Un trou dans son emploi du temps, la patrie reconnaissante ou peut-être un message à nous transmettre.
A la sortie de l'hôpital ou un peu plus tard, notre ami François nous fait part de ses impressions car il est semble-t-il très impressionné. Il a découvert de jeunes hommes qui, par idéal, sont allés défendre la paix et la liberté au péril de leur vie. Ils ont été blessés et souffrent dans leur chair. Et malgré cela qu'ont-ils dit à François? Qu'ils étaient impatients de repartir au front pour continuer leur mission.
Après avoir fait le compte rendu de sa visite, François nous fait part de son sentiment. Il se dit impressionné par la détermination de ces jeunes soldats. C'est pour lui une véritable leçon de courage et un sujet de réflexion. Il se sent lui-même galvanisé. Il ne précise pas que l'idéal de ces jeunes soldats est mis au service d'un des pouvoirs les plus corrompus.
Mais peu importe. Notre ami François a une idée en tête que l'on finit par découvrir. Il termine son intervention par "Dans une société qui parfois donne le sentiment d'être plus revendicative que constructive, ces dix blessés m'ont donné un formidable message d'espoir et une très grande leçon de courage", Vous allez me dire que c'est de bonne guerre.
Créer des catégories de français pour les opposer est devenu un élément de dialogue social. Les bons et les mauvais, ceux qui travaillent et ceux qui font grève, ceux qui sont silencieux et ceux qui s'expriment... Mais ce qui m'a choqué dans les propos de notre premier ministre c'est qu'il utilise, dénature, détourne à son profit la souffrance et l'engagement d'autrui.

lundi 11 octobre 2010

Si j'étais mort...

Si j'étais mort, j'aurais 53 ans. Je n'ai rien accompli de remarquable, mes proches n'ont, me concernant, rien à vendre. Ce qui fait que personne, absolument personne n'a rendu public cette information.

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vendredi 8 octobre 2010

Second Floor Orchestra, c'est extra

Alors que j'écoutais le nouveau disque de Robert (Plant) dont je vous parlerai un peu plus tard, s'afficha sur mon portable un message de Jorge "Salut.(Jorge est parfois un peu familier) Peux-tu écrire un texte de présentation pas trop court ni trop long sur SFO?" Tellement fier et mon égo ainsi flatté je n'ai pu que dire oui. Ayant accepté, il me fallait écrire. Je dois vous avouer que je ne savais pas comment m'y prendre. Après un premier jet, je n'ai pas tardé à me rendre compte que je n'arrivais pas à rentrer dedans. Mais avec l'aide tout en douceur de ma tendre et chère et avec celle rèche et sans concession d'un rocker de mes amis, j'ai réussi à pénétrer le coeur du sujet. Une fois n'est pas coutume, j'ai essayé d'être sobre.

Second Floor Orchestra, SFO pour les speed, est de retour avec CD sans concession. Mais pour ceux qui l’ont rencontré ne serait-ce qu’une fois, il n’était pas parti, toujours présent dans nos souvenirs, dansant dans nos regards, mélodies en boucles d’oreille. SFO est un groupe en trois dimensions. La musique, le plaisir, le partage. Libre à nous d’entrer dans la quatrième pour y retrouver Philippe guitariste entré dans les cordes, Manu touche à tout aux claviers, Jorge aux cordes vocales, Nicolas batteur à fleur de peau et Christophe bassiste toujours grave, cinq individualités qui forment un groupe. Sur scène une seule et même partition les rassemble, celle du plaisir de jouer ensemble. Chaque solo est porté par les quatre autres et contient une part de chacun. Leurs fans ne disent jamais qu’ils vont à un concert mais qu’ils participent à un concert de SFO. Leur musique nous est offerte, donnée. Généreux, ils s’en dépouillent pour sans cesse nous offrir quelque chose de nouveau, d’inconnu qui nous surprend et nous est familier.
Comme aurait pu le dire les Neil Young « SFO is walking into Clarksdale ». Malgré des parcours, des expériences qui les différencient, les musiciens de SFO partagent une même source que leur inspiration rend bouillonnante. Leur musique est durable, des mélodies qui portent et enrobent les paroles. Ils se sont frottés aux plaques diatoniques qui ont traversé l’Atlantique et la Manche pour à leur tour émerger d’un bain de blues, de rock et de pop. Ils ont pris possession de l’étage laissé vacant depuis le départ de J Geils Band, Lynard Skynard et autres Yardbirds. A l’étroit dans le monde parfois étriqué des courants, des styles et des chapelles, ils ont abattu avec élégance les cloisons pour agrandir l’espace de leur inspiration. Ils n’ont pas fait de mélange, ils n’ont pas fabriqué le lien qui les aurait enchaînés, ils ont créé un nouvel étage mélodique qu’ils nous invitent à rejoindre sans tarder.

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mercredi 6 octobre 2010

Discours pour un départ en retraite

Je pensais qu'ils allaient devenir de plus en plus nombreux mais je me trompais.

Avant que de me lancer dans la lecture proprement dite de ce discours, je ferai une déclaration liminaire. A la demande express, insistante et réitérée de la direction, j’atteste que ce texte ne contient aucun mot, aucune expression, aucun jeu de mot, aucune arrière pensée à caractère sexuel. Donc, au grand regret de M Mathé, il ne sera question ni de bites ni de couilles et je ne confondrai pas inflation et ... A la recherche d’une caution morale au dessus de tout soupçon, j’ai fait relire ce texte par M Coquebert. Ceci dit, nous pouvons maintenant entrer dans le dur.

Cher Didier, si tu me permets de t’appeler Didier, tu fais partie de ces centaines de milliers de victimes qui chaque année jonchent les bas-côtés de l’autoroute du jeunisme sur laquelle, les mains vides, errent les moins de trente ans. Entre deux découragements, ils jettent un œil vers ces vieux, comme autant d’objets de curiosité, qui ont côtoyé le travail. Se mêlent dans leur regard l’envie de rejoindre ce monde du travail et la peur de finir comme vous. Donc Didier, puisque c’est de toi dont il s’agit, tu es la victime d’un système discriminatoire qui oblige même les plus talentueux à disparaître. Reste à savoir si tu faisais partie de cette catégorie. Quand bien même tu n’aurais pas fait partie des cadors de l’institution, au sein de laquelle les aboiements sont par ailleurs fréquents sans que pour autant passe quoi que ce soit, rien ni personne ne pouvait t’obliger à partir car, à l’évidence, si tu es resté si longtemps c’est que tu devais servir à quelque chose. Quand bien même ce n’était pas le cas, ce n’était pas une raison pour ainsi, du jour au lendemain, te retirer à l’affection de tes collègues. Car quoi qu’on en dise, tu vas disparaître. Tu ne seras bientôt plus qu’un souvenir avant de tomber définitivement dans l’oubli.
Avant qu’il en soit ainsi, j’ai fait un sondage auprès de tes collègues pour savoir ce qu’ils retiendraient de toi. Ce sondage a été réalisé selon la règle des quotas. Quand j’ai prononcé ton nom les réponses ont été variées : de « Je ne fais pas de politique » à « je ne regarde pas Kho lanta » en passant par « Didier qui ?». Il y a bien sûr eu les « C’est pas trop tôt », les « Je croyais qu’il était déjà parti ». Je pourrai te donner les noms si tu le souhaites. Ce qui ressort de ce sondage, fortement marqué par notre histoire récente, c’est que, comme l’a fait si justement remarqué mademoiselle Molocco, fine observatrice du monde contemporain, si nous avons fusionné nous ne nous sommes pas pour autant mélangés. Je ne sais pas si elle exprimait là un regret, mais force est de constater que la fusion n’a pas permis à certains de se placer alors que d’autres ont été bien indemnisés.

Mais revenons à toi, puisque c’est toi qui pars.

Tu as posé le premier pied dans une agence, sans savoir que ça allait te porter bonheur, le 1er juillet 1973, point de départ d’une réussite professionnelle exemplaire. Si certains ont choisi l’ascenseur, au risque de rester bloqués, toi tu as opté pour l’échelle dont tu as gravi patiemment chaque barreau. Ta carrière fût si riche de succès en tous genres que j’ai rapidement renoncé à en faire ne serait-ce qu’un résumé. Ce n’est pas un chapitre qu’il aurait fallu écrire, mais un tome, voire une saga intitulée « Didier Evrard, un autre regard ». A ce propos, je suis intimement persuadé que tu étais prédestiné à rentrer à l’agence. Un seul élément donnera corps à cette intuition. Tes initiales ne sont-elles pas D.E ? Malgré cette somme que représente ta vie professionnelle, j’en ai extrait un élément qui pourrait la caractériser, qui serait l’élément qui a sous-tendu toute ton action. Cet élément c’est le partenariat. On peut dire, avec la queue de cheval en moins, que tu es le Karl Lagerfeld du partenariat. Virtuose ciselant les relations jusqu’au moindre accessoire. Je sais que tu t’es souvent interrogé, sans t’appesantir outre mesure, sur le sens de ton action, te demandant souvent « Mais qu’est-ce que le partenariat ? » Poser la question c’est y répondre. Comme le disait Staline, cet homme à l’humanisme tout en retenue, « Le partenariat, c’est ce qu’on nous vend comme étant indispensable mais dont tout le monde aimerait se passer. » Le partenariat c’est : on se réunit, on boit un café, on fait un tour de table, on fait le compte rendu de la réunion précédente à l’écoute duquel on est étonné d’avoir décidé de faire tant de chose et d’en avoir fait si peu. Ensuite, nouveau tour de table pour savoir où chacun en est. Vous avez complètement oublié ce que vous deviez faire. Vous répondez que c’est en cours. Les deux grands classiques sont : je dois finaliser et j’attends des infos de machin, je vais le relancer. Personne n’est dupe, mais on fait comme si. Ensuite, comme on les a oubliés, on rappelle les objectifs. On papote. On cherche une date pour la prochaine réunion, ce qui prend de 15 à 30 minutes. Tout le monde est content genre « Dis donc, on a bien bossé ». Et chacun reprend ses habitudes car ce n’est quand même pas les autres qui vont nous dire ce qu’il faut faire.

Ainsi s’approche la fin et c’est avec respect et déférence que nous t’accompagnerons jusqu’à ton dernier jour…parmi nous.

vendredi 10 septembre 2010

vendredi 3 septembre 2010

En passant (suite)

Toujours sur mon vélo, j’appuyais machinalement sur les pédales. Concentré sur le présent, je regardais tourner la roue avant, résultat concret de mes efforts. La transmission d’une énergie nécessaire à l’équilibre. J’ai peu l’occasion de voir la roue arrière, le plus souvent c’est lorsque je vérifie le pignon ou que je déraille. J’existe dans le mouvement circulaire que je provoque, que je crée. Allez savoir pourquoi, en pleine montée, le souffle court, la sueur, goutte à goutte, dévalant les rides de mon visage, je me suis dit que tout cela, toutes ces manifestations de la vie pouvaient s’arrêter. Il y a si peu entre maintenant et après. Je pensais à cet instant, le dernier avant que l’on devienne un souvenir. J’ai ressenti une peur qui m’était inconnue à l’idée que dans un même souffle je passerai de la vie à la mort. C’est une certitude que j’ai depuis longtemps intégrée mais prendre le temps d’y penser, d’une certaine façon de le vivre me rapproche de la violence de la disparition. Je ne parviens jamais à rejoindre ce point avant que la vie ne s’éparpille.

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jeudi 2 septembre 2010

En passant

L’autre jour je faisais du vélo et, comme souvent, pédaler était la seule chose que j’avais à faire, ce qui en soi, n’a rien d’étonnant. Je fais du vélo principalement pour pédaler. C’est du moins ce que je crois. Pour tout vous dire, c’est un sujet que je n’ai pas réellement développé. Comme souvent, réservant un peu d’oxygène pour mon cerveau, je me suis mis à penser. L’amorce de cette activité cérébrale a été déclenchée par l’expression « Les jours se suivent et se ressemblent. » Je mets de côté la nature fataliste de cette expression.
Il est banal de dire que la vie est courte, que le temps passe vite. Cela n’a pas de sens et surtout pas celui de la vie. Je me suis pourtant demandé si j’avais vécu tous les jours de ma vie. Si ma vie était un livre, pourrait-on y découvrir des pages blanches, des bouts de phrases, des paragraphes dénués de sens, des mots sans lien les uns avec les autres. Je ne vais pas vérifier. Je n'ai pas envie de relire ma vie. Je pourrais en faire une version expurgée, morceaux choisis. Un fragments parmi d'autres.

mercredi 25 août 2010

Qui a dit

«J'ai fait un choix. Ce choix, c'est de jouer pleinement, le plus utilement possible ces cinq années et de m'interdire d'imaginer même la perspective d'un second quinquennat». Et d'ajouter : «Si on regarde les choses, avec le recul historique on voit que bien peu de choses ont été faites au moment du deuxième mandat, et ça quelle que soit la qualité des personnes».

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mardi 24 août 2010

Point (faire le)

Ce matin, au gré de mes va et vient quotidiens d'un site à l'autre, je tombe sur le titre "Où se trouve le point G chez l'homme?". C'est vrai, où? Comme je suis constamment à ma disposition, je n'ai, depuis l'âge de cinq ans, laissé passer aucune occasion de partir à sa recherche. Je dois vous avouer que, et j'ai pourtant le bras long, je n'ai jamais trouvé ce point. Pour être plus précis, je ne l'ai jamais identifié comme tel.

Si je m'en réfère à mon expérience personnelle, intime devrais-je dire, je serais tenté de croire que ce point est soit nomade soit possède le don d'ubiquité. J'ai parfois l'impression de n'être qu'un point G. Un souffle, un regard, l'ébauche d'une caresse, une pensée que je devine et je frissonne, comme une étoile en fin de vie, mon énergie se concentre avant de s'éparpiller comme une pluie d'atomes. D'autres fois, je suis de ce bois dont on ne fait rien et dont je ne peux rien faire et je finis, en vain, par m'acharner.

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out of my window. SECOND FLOOR ORCHESTRA



Un avant goût du prochain disque de Second Floor.

dimanche 22 août 2010

Ordre et autorité (1)




Le cerveau, partie mauvaise foi, liquéfié par les fortes chaleurs, j'ai négligé la confection de quiches. Il y avait pourtant de quoi faire. Il me manquait la gourmandise.
Sur le menu, la quiche de la semaine s'appelle "Ordre et autorité". Je la destine au lampiste Brice, notre ministre de l'intérieur en second.

C'est ainsi que j'ai commencé à écrire cette chronique il y a trois semaines. Comme chaque jour il se passait quelque chose, je me disais, pour coller à l'actualité, "je la publierai demain". De lendemain en lendemain, je repoussais. Le style feuilleton aurait été adapté. Le feuilleton des trois mousquetaires Brice, Eric (Besson) et Christian (Estrosi)qui font quatre avec Nicolas.

Pour être un tantinet crédible, la première précaution est de tenir compte du contexte sinon vous êtes hors contexte et si vous êtes hors contexte il vous est interdit de vous exprimer au risque de déformer la réalité.

vendredi 13 août 2010

Une journée au musée



Nous étions donc dans une des pièces de la Monnaie de Paris. Même si en général il n’y a pas de sens imposé à la visite, sauf chez Ikéa, le visiteur a tendance à adopter un déplacement rationnel comme si il avait peur de voir deux fois la même œuvre. Mais, me dit-on, c’est pour éviter d’en oublier une. Il faudrait donc tout voir. Toujours est-il que, sans esprit de contradiction aucun, j’ai butiné, musardé, batifolé d’une photo à une autre et j’ai découvert Willy Ronis, du moins ce qui était exposé.

L’œuvre d’un artiste est-elle l’artiste ? L’ensemble était en noir et blanc. Le monde est fait de couleurs mais je me demande si pour la photographie elles ne sont pas inutiles, comme les adjectifs en littérature.

Ronis a photographié des personnes. Elles sont présentes dans l’exposition. Même si elles le sont, les photos ne donnent pas l’impression de devoir à tout prix être belles. Tout compte fait, ce ne sont peut-être pas des photos mais l’amour des autres, de ce qu’ils font, de ce qu’ils vivent. Les autres sont une ou la raison de vivre. Sur chaque photo, Ronis dépose son âme, sa sensibilité, sa proximité. Il nous montre la nécessité, le bonheur d’être ensemble sans être un parmi d’autres. J’ai découvert une conscience, un idéal en harmonie avec la réalité. Je me suis senti proche.

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jeudi 12 août 2010

Une journée au musée

Marchant le long de la Seine, sans avoir à aucun moment l’envie d’y plonger, je me retrouve face à la Monnaie de Paris, sise quai de Conti à quelques pas des immortels. De fait, je n’étais pas là par hasard mais pour découvrir des photographies de Willy Ronis exposées en ce lieu. Comme j’ai déjà dû vous en faire part, je vais toujours contraint et forcé dans les musées et autres lieux d’exposition. Je ne sais pas pourquoi, mais il ne se passe jamais rien entre ce qui est exposé et moi. J’écris moi car c’est de moi dont il s’agit. Je grossis le trait. Il arrive que des œuvres retiennent mon attention mais la visite d’un musée est toujours au mieux et à mon grand regret accompagnée d’une indifférence. A chaque fois, je me dis que j’ai dû passer à côté de quelque chose.Même en faisant du vélo, je n’ai jamais entamé de réflexion à propos de l’art ou du concept de musée. L’œuvre d’un artiste est peut-être la traduction de sa vie. Pour une exposition elle est, pour tout ou partie, rassemblée en un seul lieu que je vais parcourir somme toute rapidement. En quelques minutes je vais passer d’une œuvre à une autre même si plusieurs années les séparent.

La prochaine fois je vous parle de Willy Ronis.

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lundi 9 août 2010

Tendres



Une étendue blanche, toute blanche. Je la traverse. C’est une sorte de désert qui a la forme d’un rectangle et qui pourrait faire croire à l’absence de pensée. Peut-être pourrait-il servir de drap aux fantômes de mes idées. Comme l’eau disparaît dans le sable, mes idées se sont perdues entre des lignes imaginaires. Pourtant, les pensées ne sont pas un flot. Elles sont intimes et vagabondent. Elles naissent d’images, de presque rien. C e sont des créations que je stocke ou que j’expose. Je dois trouver les mots pour les faire apparaître, pour les partager.
Je noircis de mes pensées l’écran blanc. Ce n’est après tout qu’une tentative. A petit pas mon esprit s’est éloigné de ma plume. Livrée à elle-même, elle s’est laissé aller. A plat sur le bord du bureau, elle s’est fait oublier sans laisser de trace. Il me faut retrouver le désir pour qu'à nouveau je reprenne le fil.

dimanche 18 juillet 2010

Le rock est dans le pré 2010

C'est avec beaucoup de retard que je commence à rendre compte du rock est dans le pré 2010. Vous trouverez ci-dessous le texte de présentation.
Suivra une série de photos.




C’est aujourd’hui la troisième édition du rock est dans le pré, édition originale,unique, ferme et définitive. De vos mémoires éthyliques émerge peut-être le souvenir que nous nous étions séparés un soir d’août 2008. Il y a donc...deux ans. Le rock est dans le pré, adoptant le système de la jachère musicale, fonctionne sur un rythme binaire et non bissextile comme a pu me
le dire notre Rocco local Jamal. Mais comme vous le savez et comme vous l’espérez, le sexe, qu’il soit bi ou pas et quelque soit sa couleur et sa taille, nʼest jamais bien loin, autrement dit il est à portée de main. Vous vous demandez pourquoi j’aborde ce sujet. Outre que j’aime bien, c’est avant tout pour vous informer que du dernier rock est dans le pré, pile et surtout poil neuf mois plus tard sont nés, comme deux accords fruits d’une caresse sur le manche d’une guitare à deux jack comme il se doit, sont nés disais-je deux enfants dont l’une, Angèle, est l’harmonieuse et charmante fille de Cathy et Emmanuel qui ce soir nous accueillent en leur champêtre propriété.
Souhaitant présever le caractère prolifique du rock est dans le pré, L’organisation a, d’un commun accord, renoncé à distribuer des préservatifs. Malgré tout pour les accrocs il m’en reste quelques uns goût orange amères. Pour en venir au vif du sujet, vous constaterez que le rock est dans le pré S’est, raisonnablement, renouvelé. Entre plusieurs groupes qui se tapent L’incruste, vous découvrirez des nouveautés, des revenants sur le retour, des innovations. La programmation d’un tel festival n’est pas une sinécure et les pressions sont multiples, nombreux étant les groupes qui sont prêts à tout pour se produire sur cette scène. Soucieux d’éviter toute collusion et tout conflit d’intérêt qui auraient pu surgir à l’occasion de dîners ou autres rencontres fortuites, l’organisation du festival tient à rappeler son indépendance et son intégrité qui lui ont permis de résister aux amicales et néanmoins insidieuses pressions politiques qui ont pu s’exercer. Quoi qu’il en soit, sachez que c’est avec beaucoup de plaisir que nous avons préparé, organisé ce festival et nous souhaitons que vous partagerez ce plaisir sous toutes ses formes et comme aime à le dire mon ami Jamal, dégustez ce rock bien frais et bonne bourre à tous.

vendredi 16 juillet 2010

あくてん, あくてんこう, きびしさ, げんかく, 厳しさ, 厳格, 厳重, 悪天, 悪天候




Le 25 juin, François Fillon disait :"Il y a des pays qui baissent les rémunérations des fonctionnaires, il y a des pays qui licencient des fonctionnaires, il y a des pays qui réduisent de façon drastique, il y a des pays qui augmentent de plusieurs points la TVA. Si on était amené un jour à mener une politique comme celle-là, oui je dirai que c'est une politique de rigueur"

Le 16 juillet il a dit "Dans tous les budgets de l'Etat, le seul qui n'est pas soumis à la rigueur, c'est le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche"

Pourquoi aller au Japon pour utiliser le mot rigueur?

jeudi 15 juillet 2010

Tournée

Hier soir, je suis allé voir le film de Mathieu Amalric.

Ma scène préférée. Une des héroïnes, peut-être la principale, entraîne un homme dans les toilettes. Elle ne ressent pas de désir particulier pour lui. Comme une sorte de sextoy sur pattes, il n’est que le moyen d’assouvir son désir. Pour la décrire sommairement, on pourrait dire qu’elle est plantureuse. Son désir est à son image, lourd et puissant. Ils sont tous les deux debout mais on devine qu’il ne va pas être à la hauteur. Cet homme objet s’avère moins pratique, moins fiable qu’un sextoy. A peine a-t-il respiré l’odeur de celle qui s’offre que, émotion, abstinence prolongée, c’est dans son slip qu’il liquide son plaisir. Après quelques secondes de flottement, elle décide de reprendre l’initiative pour ne pas repartir avec son désir. Elle prend place sur les toilettes, oblige le précoce à se mettre à genoux entre ses cuisses. Elle le tient d’une main par les cheveux et imprime à sa tête un va et vient jusqu’à ce que jouissance s’en suive. Il n’est plus qu’un objet. Ce que j’aime dans cette scène, c’est que cette femme prenne son désir en main, qu’elle veut coûte que coûte l’assouvir. Elle veut ressentir un plaisir qui soit déconnecté de toute autre considération. Elle est puissante, barbare, dévoreuse, affamée. Le lieu exclut tout sentiment, tout prolongement. L’homme n’est pas en mesure de lui offrir ne serait-ce qu’un soupçon de tendresse. Même le peu qu’elle lui demande, il est incapable de lui donner. A la réflexion, je suis satisfait qu’il se soit contenté de souiller son slip.
Mais comme nous tous, elle a besoin d’amour et de tendresse.

mardi 13 juillet 2010

Comme un ver



"La chair est triste hélas". C'est, comme Stéphane, ce que je me dis parfois. Mais contrairement à lui, je suis persuadé qu'il me reste des livres à lire. Elle peut être flasque et ne pas donner envie. En tout état de cause, je n'aime pas quand elle s'expose, quand elle se donne à voir. Lorsque le matin je m'aperçois subrepticement dans la glace, je suis convaincu que l'imagination est indispensable. Pour ce qui me concerne, j'ai commencé à me regarder avec attention dès l'instant où le temps m'a poussé sur la pente d'une lente dégradation. C'est comme si j'étais passé à côté de moi pendant ma jeunesse.

Il y a des matins où je fais semblant de ne pas me voir. Ce que j'évite autant que faire ce peut, c'est de me voir de profil qui n'est pas trompeur. Quand je me regarde de face, c'est comme si j'avais donné des coups de gomme ici et là. C'est une vision à deux dimensions. A deux, c'est aussi comme cela que les livres se lisent.

lundi 12 juillet 2010

Ca rend sourd



Je me demandais pourquoi notre président n'entendait plus les français. La réponse est sur la photo qui nous montre Nicolas au concert d'AC/DC au stade de France. Poussant le bouchon un peu loin, il n'a pas pu le mettre.

jeudi 8 juillet 2010

Il le fallut

J'ai découvert, au détour d'une lecture, que j'étais un phallophore. Pour être plus précis, je savais que je l'étais mais j'ignorais cette appellation. Si je sais depuis de nombreuses années que je le suis, cette réalité ne m'est pas apparue depuis le premier jour. Je ne saurais pas dater cette prise de conscience. C'est une réalité qui s'est bien sûr imposée à moi sans que, dans un premier temps, cela ne prenne pour autant dans mon esprit la forme d'une particularité.
Je suis un phallophore à vie et peut-être même par delà la mort. C'est un état qui n'évolue pas même si le temps modifie le corps et chacun de ses éléments.

mardi 6 juillet 2010

Par ici la...




"C'est tout à leur honneur d'avoir tiré les conclusions de ces incidents, ces maladresses qui mettaient en difficulté le gouvernement... Il s'agit là de maladresses, pas de malversations."

Ci-dessous quelques réactions de membres de la majorité.

«Je salue le sens de la responsabilité de Christian Blanc», qui «manquera au Grand Paris». «Il avait une vraie vision d'avenir de l'aménagement de la région parisienne. Il était un remarquable maître d'œuvre de ce grand projet présidentiel, qu'il aura porté avec succès sur les fonts baptismaux».

«Alain Joyandet et Christian Blanc avaient commis des maladresses» mais le fait qu'ils en «tirent les conséquences et démissionnent: cela les honore»

Alain Joyandet a été «mis en cause de manière insupportable» et a été «l'objet d'attaques incessantes et d'amalgames».

Que pourrions nous en conclure? Qu'ils ont le sens de l'honneur, le sens de l'Etat, le sens du service public, le sens de l'intérêt général, le sens de la mesure, le sens du ridicule, le sens interdit? Comme le chantait Alain Bashung "Vos luttes partent en fumée".

samedi 26 juin 2010

Recto

Donc après le verso hier...C'est tel que j'imagine Raymond à la mi-temps dans le vestiaire.

vendredi 25 juin 2010

Une bombe anatomique (de face)



J'hésite.

Demain ce sera lunaire.

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jeudi 24 juin 2010

Un coup de vieux (3)



L'amour. L'amour sous toutes ses formes. L'amour dans toutes les positions. L'amour à chaque instant, l'amour de chaque instant. Le temps de l'amour tant qu'il est encore temps. Voilà le début de la solution pour éviter la Bérézina à nos retraites.

Pendant de nombreuses années, les traideurs et autres cambistes ont été adulés, admirés, courtisés, enviés. Ils étaient l'archétype de la réussite porteur de Rolex. Je n'ai pas souvenir que l'on se soit interrogé sur leur action, sur ce qui faisait le fond de leur activité. Et puis, sans que je comprenne pourquoi, ils sont devenus coupables ou plus exactement, ils nous ont été désignés comme coupables.

Pour tout dire, je ne connais pas grand chose de leur monde. Je les vois solitaires dans des salles obscures, un téléphone, des téléphones collés aux oreilles, le regard qui passe d'une courbe à l'autre, d'érection en débandade. Des ordres d'anonymes les font s'agiter, font naître des frissons, des spasmes qui s'évanouissent. Insensibles aux fluctuations, les bonus les récompensent sans que l'on sache, sans que l'on puisse voir ce qu'ils ont créé. Ils n'utilisent le présent que pour contraindre, stériliser l'avenir dont il ne naîtra rien.

lundi 21 juin 2010

Il l'a dit

«Quelles qu'avaient pu être avant la guerre leurs opinions, ils se batturent tous au fond pour la même idée de la liberté, la même idée de la civilisation»

Je ne vais pas vous demander qui. Certainement couverte par les vuvuzélas, cette phrase, prononcée sur le sol anglais à l'occasion du 70 ème anniversaire de l'appel du 18 juin, m'avait échappé. On devine que la bataille en question fut âpre.
On pourra dire que notre président et ses ministres se battirent pour faire vivre notre culture hors de nos frontières. Il est étonnant de voir se côtoyer dans une même phrase batturent et civilisation. J'imagine la consternation du corps professoral. Nicolas doit-il être exclu pour avoir insulté la langue française ou lui donne-t-on la possibilité de présenter ses excuses la main droite posée sur le Bescherelle?

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vendredi 18 juin 2010

Back, banc, beurk

Qui a dit?



C'est la première coupe du monde qui ne m'intéresse pas. C'est la première fois que les résultats de l'équipe de France m'indiffèrent. Hier soir, je me suis endormi devant le match. J'ai bien dormi. Réveillé en douceur, j'ai regardé le score. Il restait deux minutes. J'ai cherché autour de moi, jusque sous le canapé, la surprise, la déception, la tristesse. J'ai trouvé je m'en tape, je m'en balance et j'en passe des plus imagés.
L'équipe de France me fait rêver, rêver d'une autre équipe de France.

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mercredi 16 juin 2010

Du pharaon

Gris comme la cendre de ses cigares. Tel est Christian Blanc comme neige qui finit d'agoniser dans les caniveaux. Les promesses partent en fumée rejetée par ces bouches qui provoquent dégoût et incompréhension.
Comme nous sommes sensibles aux symboles, peut-être aurions nous été plus indulgents si il s'était fait payer pour 13 000€ de Gauloises.

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lundi 14 juin 2010

Un coup de vieux (2)

Comme une impression.

Imaginons que la réforme des retraites soit un tableau. Un tableau composé de touches successives, peint par plusieurs générations. Le tableau des retraites à une histoire, une signification. Il a les couleurs de notre vie commune, de la solidarité, de la lutte, du compromis, de l'intelligence, de la fraternité, de la justice. Tout cela pour dire que c'est un tout, que ce tableau des retraites c'est nous. Nous prenons du recul, nous le regardons et nous voyons se dessiner notre histoire. Voilà ce que nous avons construit. Depuis, les couleurs ont pâli, l'âme nous apparaît moins nettement.
Nous ne sommes pas idiots. Avant de redonner des couleurs à notre tableau, peut-être devrions nous prendre le temps de relire son histoire et nous remémorer qui nous sommes. Nous ne voulons pas barbouiller.



Ci-dessous, vous avez la vision comptable du tableau. Notre ami Eric a le nez dessus. Il ne lui viendrait pas à l'idée de prendre deux ou trois pas de recul.



Je vous sais nombreux à attendre mon plan de sauvegarde des retraites. Je procède aux dernières consultations et arbitrages. Je peaufine.

jeudi 10 juin 2010

Pour dire

De retour début de semaine prochaine.

vendredi 4 juin 2010

Quiquequoidontoù



"J'ai remarqué que quand il y a une femme, les hommes se tiennent mieux", c'est pour ça que je vais en mettre dans les CRS".

A l'instar de sa politique, la syntaxe de notre président est toujours aussi approximative.

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La tête en bas

Qui a dit, s'adressant aux gendarmes de la Motte_Beuvron:

"Le képi, je le respecte, mais c'est difficile d'avoir le képi tenu d'une main et de courir de l'autre."

En effet.

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jeudi 3 juin 2010

Rien ou pas grand chose


Il fait nuit. La lune est absente. J'écoute Robert. L'album "Fate of nations". La version pour inconditionnels. Des inédits, qui n'ont d'intérêt que celui d'être chantés par Robert. J'ai lu un livre de Charles Cross " Led Zeppelin, des ombres plus hautes que nos âmes" Il réunit des photographies du groupe, mais aussi des programmes, des tickets de concert, des pochettes de disques, des affiches promotionnelles… j'ai eu l’impression d’un retour en enfance, de lire un album avec des cachettes secrètes, des rabats à déplier et des objets dissimilés à l’intérieur… Il raconte Led Zeppelin au travers des enregistrements, avec un éclairage particulier concernant les emprunts, pendant de nombreuses années non assumés, à des musiciens de blues. J'ai également découvert que le public britannique ne les a jamais considérés comme un grand groupe. Ne pas avoir les même goûts que les rosbeefs n'est pas pour me déplaire.

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Coup de vieux (1)

A défaut de sérieusement nous en occuper, la retraite nous préoccupe sérieusement. Certains d'entre nous ne souhaite pas la voir vieillir. Cela fait plus de vingt ans qu'elle a soixante ans et elle ne se porte pas trop mal malgré quelques faiblesses que l'on veut croire passagères. Quelques aménagements suffiraient pour la remettre d'aplomb. Alors pourquoi vouloir la vieillir, lui faire prendre quelques années de plus. Chacun sait qu'en quelques mois, on peut prendre dix ans. Baisse du moral, de la vue, de l'audition, de la libido et pour finir plus envie de rien. L'envie est le remède qui nous permettra de prendre soin de notre retraite pour qu'elle ait toujours soixante ans.

La réforme des retraites est justifiée par le fait qu'il y a trop de vieux et pas assez d'actifs. Ce constat nous est présenté comme une fatalité. Comme si notre monde était figé. Pour nous en convaincre, le COR a fait des simulations sur 40 ans. L'ersatz de débat sur les retraites, la communication du gouvernement sur le sujet nous enfoncent un peu plus dans la résignation, dans cette idée qu'il n'existe qu'une seule et même voie pour sauver notre système de retraite. Sommes-nous victimes de la paresse intellectuelle de nos gouvernants, de leur pusillanimité, de leur peur du peuple? Si cette réforme est cruciale, si elle a aussi pour objet de renforcer notre solidarité, pourquoi sommes nous exclus du débat. Je suis prêt à me déplacer jusqu'à la préfecture de mon département pour en débattre. Notre ami Eric Besson nous a prouvé, même de façon maladroite, que l'Etat était capable d'inviter les citoyens à débattre. Alors pourquoi ne pas nous donner l'occasion de prendre à bras le corps notre avenir, d'en esquisser les contours, de faire des propositions. Comme ne cessent de le répéter nos gouvernants, mettons tout sur la table, poussons l'exigence de transparence sans l'être nous-même.

Donc, le déséquilibre démographique serait la cause principale de notre malheur, il nous obligerait à donner un coup de vieux à notre retraite. Demain je vous ferai part de ma solution pour régler le problème.

mardi 1 juin 2010

La quiche de la semaine

Cette semaine nous n'aurons droit qu'à un bout de quiche qui a négligemment séché dans le réfrigérateur enveloppé dans du papier alu.
A peine avions nous connaissance de l'intervention de l'armée israélienne contre les navires en mission humanitaire à destination de Gaza que mon ami Frédo Lefèvre se fendait d'un communiqué dans lequel il déplorait, regrettait les morts et enchaînait en parlant de la "provocation des militants humanitaires pro-palestiniens." Mon gars Freddy semblait ignorer, ou du moins n'en faisait-il pas mention, que l'intervention de l'armée israélienne avait eu lieu dans les eaux internationales et qu'il ne possédait pas d'information sur les modalités d'intervention mais il avait un avis. Pas un mot sur le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza qui empêche les palestiniens de reconstruire après l'offensive israélienne qui a eu lieu en 2008.

Vouloir venir en aide à une population victime de violences, qu'elles soient physiques, politiques, religieuses est devenu une provocation. On devine que le mot militant dans la bouche de Fred est proche de terroriste. Ils seraient "pro-palestiniens", ce qui dans le shéma de pensée de Frédo veut dire que ces militants soutiennent les autorités palestiniennes et leurs politiques en tout domaine. Ils sont donc anti-israéliens. Ne pourraient-ils être pour la vie, pour la dignité humaine, tant défendu par Freddy dans "l'affaire du voile". Il est impossible d'être simplement humain.

Globalement positif

Il devient urgent de faire des économies et pour ce faire réduire les dépenses. J'ai en mémoire une des nombreuses formules qui, en matière d'éducation nationale, font office de politique. "Nous allons sanctuariser l'école". Il s'agissait de préserver l'école de la violence de notre société.

Un "catalogue de leviers" a été transmis aux académies pour les aider à réduire le nombre d'enseignants et ainsi atteindre l'objectif de 16 000 suppressions de postes en 2011. Le slogan choisi est "augmenter, réduire, optimiser". On pourrait se dire augmenter la qualité, réduire les inégalités, optimiser les compétences. Mais il faut comprendre augmenter les effectifs par classe,réduire encore la proportion d'enfants scolarisés dès deux ans - elle n'est plus que de 15 % aujourd'hui contre le double en 2000 -et le nombre d'enseignants des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased)et envisager la suppression des psychologues scolaires, optimiser » le remplacement en ayant recours aux non-titulaires, décrits comme « une ressource plus flexible dont le rendement est proche de 100 % » ou envisager renvoi de la formation continue « en dehors du temps scolaire » pour optimiser le coût en emplois du remplacement. Tout ceci comme le précise le ministère « sans dégrader les performances globales »

A priori, la sanctuarisation de l'école ne va pas jusqu'à la protéger de la violence budgétaire et comptable.

mardi 25 mai 2010

Chronique du matin

Que ce passe-t-il la nuit? C'est la question que je me pose quand je me regarde le matin dans la glace de la salle de bain. Même si pendant la journée, l'image de mon visage qui m'est donnée à voir n'est pas entièrement satisfaisante, je m'en satisfais globalement. Mais le matin... Juste avant la douche, mon visage est un champ de boursouflures, de profonds canyons d'où émergent des poils aux pigmentations hésitantes. J'ai à chaque fois l'impression qu'il y a trop de peau. Pendant la journée, tout ce qui constitue mon visage, peau, muscles, nerfs et autres, fait tout son possible pour me rendre présentable. Mais tout cela demande des efforts, de l'énergie. Je suppose donc que la nuit venue, tout ce petit monde prend un repos bien mérité. Et puis vient le matin. Il faut se remobiliser, chacun doit reprendre sa place. Plus le temps passe, plus les cellules éprouvent de difficultés à me remodeler. Certaines meurent en route, d'autres ont oublié où elles devaient aller ou ne se réveillent que très tardivement. Alors quand je passe devant la glace, c'est le branle bas de combat, ça gigote dans tout les sens et le visage ressemble indéniablement à une ébauche de Picasso.

Et Taser

Mon ami Brice est du genre réactif. Il est piqué et ça enfle jusqu'à prendre des proportions insoupçonnées. Jeudi une policière municipale est tuée "à l'arme lourde". Contrairement aux apparences, aux déclarations, aux reportages, aux photos d'hommes à têtes de coupables diffusées ici et là, le coupable n'est pas connu. Pour l'instant, il y a une mise en examen. Comme souvent en pareil cas, la présomption d'innocence est ignorée.

Après cette mort, ressurgit la revendication de la police municipale et des élus locaux. Les policiers municipaux doivent-être armés. On ne sait pas pour quoi faire, mais cela semble impérieux. Aussitôt demandé, aussitôt fait, notre ami Brice signe un nouveau décret, le précédent avait été suspendu par le Conseil d'Etat jugeant que l'usage de l'arme n'était pas suffisamment encadré d'un point de vue juridique, sans concertation, sans avis. Taser versus kalachnikov. De frustration, de l'émotion, de la compassion, des promesses de fermeté d'un impuissant, des confusions...

samedi 22 mai 2010

Cherchez l'intrus

Titre lu dans le Monde

"La Fraternité Saint-Pie-X met à l'index les homosexuels pour lutter contre la pédophilie"

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vendredi 21 mai 2010

Divers et varié

Ce matin, j'entre chez le marchand de journaux. Comme souvent, la taulière est en retard pour mettre les journaux dans le présentoir. A qui veut l'entendre, elle dit "Ce matin je suis en retard". Tous les matins elle est en retard. Le journal que je souhaite acheter est le dernier de la pile. J'attends. Plaçant "Le Parisien" en évidence, elle lance à son mari qui se trouve derrière le comptoir "Dis donc, t'as vu ça!". Cette phrase est utilisée lorsque le locuteur veut attirer l'attention sur un fait divers, qui en l'espèce est la mort d'une policière municipale. Dans ce cas, soit la phrase ne reçoit aucun écho, tout dépend qui est accoudé au comptoir, soit elle lance le débat sur l'insécurité qui la plupart du temps débouche sur un constat qu'on est plus en sécurité nulle part.

Assis dans le bus, je me suis dit que la patronne du café-tabac-marchand de journaux-brasserie pourrait aisément remplacer bon nombre de nos journalistes. Pour avoir écouté la radio hier soir, ce matin et regardé les chaînes d'information ce matin, ces "journalistes" nous ont rabâché à longueur de temps "Dis donc, t'as vu ça!", avec en prime les témoignages oh combien profonds de notre président "Les coupables seront attrapés et seront punis" (nous ne sommes pas dans la cour de l'Elysée mais dans celle de récréation) et de notre ami Brice accouru sur les lieux, bien en face des caméras "Les coupables seront identifiés, arrêtés, déférés et châtiés", vocabulaire un peu plus riche. Propos qui, comme d'habitude mais sans que cela ne soulève le moindre commentaire (heureusement que je veille) font fi de l'indépendance de la justice.
Je vous remercie de votre attention.

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jeudi 20 mai 2010

Re petit poème

Poème définitif ou ébauche qui devrait être lu par des enfants pour les 40 ans de leur père. C'est mignon. Il y a une rime qui ne fonctionne pas, si vous avez des idées, dites moi.


Quand nous te regardons, nous lisons les mots du temps sur ton visage
Ils nous viennent à l'esprit comme autant de grains qui roulent sur la plage
Chacun d'eux sur le rivage de ta vie est comme l'écume légère de l'âge
Comme un vague à l'âme d'une existence qui a trouvé son ancrage.

Nous savons que tu as de l'humour, mais si, qui se mêle à ton amour
Alors les mots comme de petits bateaux qui accostent à ton âge
Pourraient être naufrage, ravage, radotage, carnage, "ridage"
Sauf que si les années passent, jeune tu resteras toujours

Tu n'as plus depuis très longtemps l'âge que l'on dit de raison
Mais tu as plus que jamais celui où l'on veut toujours avoir raison
Bien sûr, comme tu es notre papa, de tous les papas tu es le plus fort
Mais ce n'est pas une raison pour toujours croire que tu n'as jamais tort

Si tu n'es pas toujours drôle, tu aimes bien avoir le rôle du farceur
Tu nous fais rire, tu nous chatouilles, tu es l'empereur des blagueurs
Habile de tes mains, c'est un jeu d'enfant de réparer nos jouets cassés
Mais il est une chose qui nous est interdit de casser, ce sont tes pieds

Nous somme tes fils, trois perles qui parent le fil de ta vie
Pour Julien, papa gâteau, tu es la crème des pères au chocolat
Pour Guillaume toujours conquérant, il te rêve en maillon faible
Pour Alexandre la bougeotte, tu resteras celui qui jamais ne l'arrêta


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mercredi 19 mai 2010

Petit poème

Ils se mirent à faire des rimes face au miroir
Nous nous mîmes à faire des rimes pour l'imiter
Je me mis à faire des rimes pour le monde entier
Il se mit à faire des rimes qu'éclose un dernier soir

Les mots apparaissaient si beaux qu'il se mit à y croire
Les phrases caressaient les hommes jusqu'à l'extase
Elles montaient haut et construisaient sa gloire
Dans le vent des discours les regards s'apaisaient

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mardi 18 mai 2010

Hygiène

Comme souvent avant de partir en voyage, j'ai compté les jours d'absence. Je compte sur mes doigts. Jeudi, le pouce, vendredi, l'index, samedi, le majeur et dimanche l'annulaire. Tout s'embrouille lorsque je pars plus de dix jours. Et pourquoi ai-je compté, seriez-vous tenté de me demander? Ce comptage m'a permis de déterminer le nombre de sous-vêtements que je devais prendre par devers moi. Il est une règle, non écrite, que toute personne respectueuse de son hygiène et du confort olfactif de son prochain se doit de respecter qui précise "Pour chaque jour qui se lèvera, de sous-vêtements tu changeras". Malgré mes recherches, je n'ai pas découvert qui en était l'auteur. Je ne serais pas étonné que ce soit un lessivier.

Quand j'écris sous-vêtement, je pense slip et culotte, ces tissus enrobants qui côtoient ces zones humides, suintantes et odorantes. C'est du moins ce que l'on pourrait croire lorsque l'on est confronté aux réactions que peut provoquer le non respect de la règle. Peut-être imagine-t-on que dans ces sombres endroits privés de toute aération rampent des monstres putrides aux effluves repoussantes et honteuses. Je dois vous avouer que pendant un temps je me suis plié à cette règle. A cette époque j'osais à peine regarder mon slip lorsque je l'enlevais. Pour tout vous dire, c'est à peine si je le touchais avec les doigts. Fallait-il le laver avec les autres vêtements ou séparément? Et puis j'ai voulu en avoir le coeur net. Un soir, je pris la décision de le retirer avant d'éteindre la lumière et d'observer l'objet de plus près. Pour éviter tout incident, je le fis dans la salle de bain, verrou mis.

Autant vous dire que je fus autant surpris que déçu. Je le regardais sous toutes les coutures, l'approchais de mon nez. Rien. A croire que je n'avais rien mis dedans ou qu'un ventilateur y était intégré. Toujours est-il que depuis ce jour, si je continue à compter, c'est pour la forme.

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mercredi 12 mai 2010

De l'autre côté

Je profite du pont pour aller quelques jours sur l'autre rive où, à n'en pas douter, il fait meilleur puisque ce pont traverse la Loire. Pourquoi faudrait-il aller ailleurs? Le corps est associé à cette notion d'ailleurs qui est une promesse d'épanouissement de nos sens. Une recherche de satisfaction. Je succombe toujours à cette illusion de l'ailleurs. L'ailleurs est souvent un endroit qui nous interdit l'oisiveté, l'habitude. Si l'on y va c'est pour faire quelque chose sinon pourquoi y aller. Comme vous pouvez le constater, je meuble en attendant d'y aller, ce qui ne saurait tarder.
Voilà, j'y vais. Bon ailleurs.

mardi 11 mai 2010

Il faut le faire

Ce soir je suis allé courir et rapidement je me suis mis à penser. La pensée de course à pied est moins confortable que celle sur deux roues. Elle est heurtée, chaotique, moins maîtrisable. Pour commencer, j'avais choisi "La soumission librement consentie". Ce sujet m'intéresse mais faute d'oxygène ou de fond je l'ai abandonné en route. Après un peu de flottement, ma pensée a fait émerger des mots, des noms. Grèce, FMI, plan de stabilité, BCE, spéculateurs, milliard, des centaines de milliards, historique, coupables. Je vous disais il y a peu que, contrairement aux affirmations martiales et définitives de nos redresseurs de torts élus, rien n'avait changé depuis le début de la crise. Ma copine Cricri a aujourd'hui confirmé mes propos en confiant aux Echos que "Tous les symptômes qui avaient précédé la crise de l'automne 2008, juste avant la faillite de Lehman Brothers, ressurgissaient, c'est indéniable." Ensuite elle poursuit "Tous les Etats membres doivent restaurer l'équilibre de leurs finances publiques tout en poursuivant les réformes et en investissant dans des stratégies d'avenir, afin de retrouver des niveaux de croissance structurels conséquents" C'est ce que l'on doit appeler une phrase parfaite. Notre amie Lagarde sait ce qu'il faut faire pour que tout aille bien.

Cela me fait penser au boulot. C'est toujours l'urgence, flux tendu, juste à temps. Autrement dit le bazar. On essaye de suivre mais c'est à peine si l'on arrive à s'accrocher au pare choc. Le chef, décrétant que cela ne peut plus durer, décide de réunir tout le monde afin d'analyser la situation et de trouver des solutions. Les idées fusent, toutes plus intelligentes les unes que les autres. Tout un chacun y va de sa proposition. C'est super. Si on n'y prend garde, on finirait par s'embrasser. C'est l'euphorie. Plus jamais rien ne sera comme avant. La réunion se termine. Nous sommes contents de nous. Ca va donner. Chacun retourne dans son bureau et continue comme avant. Comme dit le chef "Vous verrez, ça ira mieux quand on sera organisé".

Petit poème

Ils se mirent à faire des rimes face au miroir
Nous nous miment à faire des rimes pour l'imiter
Je me mis à faire des rimes pour le monde entier
Il se mit à faire des rimes qu'éclose un dernier soir

Les mots apparaissaient si beaux qu'il se mit à y croire
Les phrases caressaient les hommes jusqu'à l'extase
Elles montaient haut et construisaient sa gloire
Dans le vent des discours les regards s'apaisaient