mercredi 21 décembre 2011

Oh rage

Si l'on en croit kosciusko-morizet et autres défenseurs de notre bien-être, les aéroports français sont depuis quelques jours sous contrôle de terroristes. Ils sembleraient déterminés et très bien organisés puisqu'ils retiendraient en otages des millions de voyageurs.
Des agents de sécurité exercent leur droit de grève pour obtenir des rémunérations plus élevées. Ils veulent que leur travail, qui est d'assurer la sécurité des voyageurs ce qui est un service public qui fût il y a peu assuré par des agents de l'Etat, soit reconnu à sa juste valeur. Quelle est la réponse du gouvernement et autres promoteurs de l'ordre. Opposer l'intérêt particulier des voyageurs à l'intérêt général défendu par les grévistes. Assortir le droit de grève de conditions qui rendront son exercice de plus en plus difficile. Ignorer les employeurs dont à aucun moment l'attitude n'est évoquée comme si seuls les salariés étaient responsables du blocage.
Que connaissent-ils de la vie de ces salariés, de leurs conditions de travail, des perspectives qui leur sont offertes? Qu'il est facile de les faire passer des irresponsables, des délinquants et pourquoi pas des privilégiés, eux qui ont si peu de moyens de se défendre, de faire valoir leurs droits.

Petite histoire

Cela s’est passé hier soir. Il devait être 17h15. Bien que nous ne l’ayons que très peu vu au cours de la journée, nous pouvions supposer que le soleil était en passe de rejoindre l’autre hémisphère. Comme souvent, j’attendais le bus, pestant en mon for intérieur contre les éternels retards, ce désinvolte non respect des horaires pourtant affichés à la vue de tous, ce qui me fit penser que la transparence était une supercherie. Nous étions quelques dizaines à patienter laissant errer notre regard à la recherche d’une quelconque occupation qui nous donnerait l’illusion d’une accélération du temps. Il est vrai que, si l’on prend le temps de l’observation, nombreux sont les spectacles qui nous sont offerts par la rue et ses abords. Allez savoir pourquoi, mon regard quitta le bitume pour prendre un peu d’altitude peut-être attiré, comme les papillons, par la lumière. Il est vrai que m’approchant du lieu d’attente du véhicule assurant le transport, mon cerveau avait enregistré, à l’occasion d’un balayage visuel du proche horizon, un mouvement plutôt inhabituel qui donna naissance à un sentiment de curiosité provisoirement mis en réserve. Il arrive que des faits ne livrent leur signification qu’à la lumière d’autres faits, comme les pièces d’un même puzzle. Même si dans un premier temps mon interprétation de ce fait isolé s’appuyait sur une connaissance d’un passé récent et à ce titre était tout à fait recevable il me fallait, si l’occasion m’en était donnée, étayer cette première impression par des faits qui la rendrait incontestable. Le retard du bus allait m’en donner l’occasion.

Dos à la Seine, en appui sur la rambarde qui surplombait une voie plus ou moins rapide, je regardais les façades d’immeubles découpant la succession de rues transversales. Cette architecture, tout autant austère que dédaigneuse, semblait vouloir imposer de façon unilatérale la respectabilité des institutions qu’elle abritait. La construction qui retenait mon attention offrait une succession de bureau dont les ouvertures éclairées étaient dénuées d’obstacles qui auraient pu préserver le secret des activités qui s’y déroulaient. Laisser voir ne stimule pas l’imagination mais peut laisser libre cours à l’interprétation si souvent source d’incompréhensions et de ressentiments. Comme si ma curiosité effectuait un zoom, je jetai mon dévolu sur un bureau situé au premier étage et occupant un des angles. En une fraction de seconde, je devins, sans l’avoir prévu, un spectateur ou un voyeur, c’est selon.

En temps normal, ignorant des épisodes précédents, peut-être n’aurais-je pas maintenu mon intérêt qui, il est vrai était de nature artificielle, puisque provoqué par les circonstances. Loin d’estimer, dans le cas présent, que nécessité fait loi, le temps de l’attente légitimait une observation attentive. Ainsi donc, dans le carré de lumière choisi, je distinguais deux silhouettes. Pour être plus précis, deux épaules surmontées d’une tête, ce qui donnait à l’ensemble la forme d’une accolade, qui n’aurait pu n’être qu’un découpage collé sur la vitre tant elle paraissait immobile. La distance excluait la perception des mouvements de faible amplitude. Si ce n’est la position de ces trois éléments, on aurait pu croire que ce tableau d’ombres révélait une solitude traversée de réflexions. Pourtant, comme les astronomes devinent l’existence d’une planète en fonction de la trajectoire des corps célestes évoluant dans le même système, des indices m’incitaient à croire à la réalité d’une deuxième accolade ce qu’un mouvement plus ample que les précédents de l’ombre située au premier plan confirma. Bien qu’aucun détail matériel ne vint étayer mon intuition, il ne faisait aucun doute dans mon esprit que nous avions affaire à un couple, de surcroît hétérosexuel. Je n’étais pas en mesure de lire sur les lèvres ni de décrypter les émotions qui pouvaient parcourir les visages. Bien que concentré, attentif à tout indice, je ne parvenais pas à deviner la teneur des propos qui étaient échangés. Sur le moment, je dois vous avouer que je ressentis une réelle frustration, doublée de la crainte de voir arriver le bus. Je savais que dans ce cas, je serais confronté à une alternative. J’avais pourtant bon espoir d’assister au dénouement. A travers la transparence vitrée, troublée de quelques reflets de la rue, mon imagination pris le relais d’une réalité qui m’était inaccessible. Ne doutant pas d’une fin heureuse, je pris le parti d’un dialogue dont les premières répliques feraient apparaître une tension que le jeu de corps relâchés viendraient atténuer. Tout occupé à rendre vivant et un tant soit peu crédibles les échanges, je fus surpris par un élément de mise en scène. Le protagoniste du premier plan venait de se lever. Allait-il quitter la scène ? N’était-ce qu’un élément de dramatisation ? Ce mouvement avait-il pour objet de relâcher la tension, de donner une respiration qui permettrait de se replonger dans l’histoire ?

Ce corps quittant la position assise était comme un jaillissement. La détente musculaire qu’il impliquait, le plaisir qu’il procurait et l’abandon qui s’en suivait apparaissaient comme une transition nécessaire. Même si cette nouvelle position pouvait apparaître comme une rupture picturale, un déplacement de l’équilibre général redéfinissant la perspective, il me semblait évident que l’unité était préservée. Ces corps ne procédaient qu’à des ajustements comme si ils se conformaient à des conventions et ce d’autant plus volontiers qu’elles n’entravaient en rien leur liberté. Le respect de contraintes renforçait le caractère unique de cet instant qui se prolongeait, se renouvelait, renaissait avant même de mourir. Malgré mon envie de connaître la fin, pris dans un voile de regret, je devinais que bientôt le rideau allait tomber. Ils s’étaient dits ce qu’ils avaient à se dire, du moins en avaient-ils le sentiment. Ils n’étaient dupes des mots, de leur capacité à traduire ce qu’ils ressentaient. Ils avaient pourtant la sensation de s’être livrés, d’être heureux de s’être souri. Pourtant, dans cette antre du chiffre, je devais prendre garde de ne pas sur interpréter des indices auxquels la vie imprimait leur caractère provisoire. Puis, comme si ils étaient poussés par la force de l’habitude, comme si les gestes et les postures devaient s’harmoniser avec la destination première du lieu et du décor, il reprit place de l’autre côté du bureau, la laissant dans la position d’une interlocutrice sans identité particulière. Cette incertitude, peut-être une hésitation, fut engloutie par le désir. Ah, le désir qui n’a pas besoin d’être présent pour être là, comme ses racines qui finissent toujours par soulever le bitume, noueuses, profondes. Comme pour sceller leur désir d’une transgression amusée, ils se penchèrent l’un vers l’autre par-dessus le bureau pour s’embrasser. Oui, la plus élémentaire des pudeurs aurait voulu que je baisse les yeux mais mon côté midinette avait pris le dessus. Je ne sais si ce fut à cause de mon regard insistant, mais tournant leur regard vers la rue, ils prirent conscience du touchant spectacle qu’ils nous avaient offert. Je fis la quête parmi les spectateurs dont certains, la larme à l’œil, me demandèrent l’heure de la prochaine séance.

mercredi 14 décembre 2011

Est-ce grave docteur?

Je dois vous avouer que la perplexité a envahi mon univers politique. Il y a quelques mois, notre personnel politique fustigeait les agences de notation, ne leur reconnaissant aucune légitimité pour porter quelque appréciation que ce soit sur la gestion de nos Etat. Pour remédier à cela, nous allions réglementer leur fonctionnement. Et puis par je ne sais quel retournement, nous nous sommes mis à répondre à leurs injonctions, à nous soumettre à leurs analyses. Il s'en suivit des plans de "rigueurs" modifiant profondément les budgets votés par nos représentants. Aucun sacrifice ne semblait impossible et nécessaire pour sauvegarder notre note, pour prouver que nous étions de bons élèves, obéissants, sérieux, responsables, rigoureux, pragmatiques.
Et qu'apprends-je lundi, de la bouche même de notre Président? Que tout compte fait, si nous perdions nos trois A ce ne serait pas si terrible que ça, que nous ferions avec, alors que jusqu'à samedi, si vous mettiez en doute la solidité de notre note vous étiez accusé de mettre en péril l'intérêt national. Pour tout dire, vous étiez un mauvais français.
Alors, qu'est-ce que quoi?

mardi 13 décembre 2011

On y croit

Nous avons eu le sommet européen de la dernière chance. Quand on y pense, on peut dire que nous avons eu chaud et ça fait froid dans le dos. La dernière chance ! Après c’était fini, il n’y en aurait pas d’autres. Ce n’était pas la peine d’y revenir. J’imaginais nos dirigeants à la fin du sommet qui n’aurait pas débouché sur un accord. « Bon bah dis, c’est pas le tout, je vais me renter. Dis donc, juste pour savoir, qu’est ce que tu comptes faire ? De toute façon, on se tient au courant, hein dis ? »

J’aurais préféré un sommet de la nouvelle chance.

dimanche 27 novembre 2011

Hervé Morin prêt


C'était juste pour dire que se présenter à l'élection présidentielle peut-être un sacerdoce.

jeudi 24 novembre 2011

Soulagement (2)

En l’absence de perturbateurs, les choses se passent ainsi. Après être entré et avoir allumé la lumière, si tant est que le précédent utilisateur a pris soin de l’éteindre, on distingue deux lavabos de belle facture sur la gauche, trois portes sur la droite dont deux donnent accès à des toilettes individuelles destinées en priorité à la défécation (j’ai horreur de ce mot) et au fond face à la porte, séparés du reste par un pan de mur, les urinoirs au nombre de deux elles-mêmes séparées l'une de l'autre par un paravent émaillé qui ne permet pas de voir un éventuel voisin dès lors que vous ne mesurez pas plus d'un mètre cinquante. Blancs, les urinoirs sont des vasques dont la forme pour partie arrondie peut évoquer un fer à cheval. L'évacuation est assurés par sept trous. Je ne sais pas si le choix du nombre est le résultat d'une rigoureuse étude scientifique. Recouvrant ces trous mais sans les obstruer, deux ou trois bâtonnets bleus qui ont pour fonction de désodoriser. Voilà pour le décor.

mercredi 23 novembre 2011

Soulagement (1)

Le 19 novembre, c’était la journée mondiale des toilettes.

A cette occasion j'avais envie d'écrire quelque chose, mais je me suis retenu, un peu. Cette envie rejoignait mes réflexions sur les gestes du quotidien que l'on accomplit sans y réfléchir. D'ailleurs, si l'on y réfléchit au moment de les accomplir, on ne sait plus comment faire, on n'est plus certain que c'est comme ça que cela se passe d'habitude.
Dans certaines circonstances, l'accomplissement de ces "pas grand chose" qui remplissent notamment notre quotidien, l'autre est un élément de perturbation aux conséquences parfois ignorées par le dit perturbateur. Il en est ainsi du passage dans les toilettes susceptibles d'être utilisées par d'autres, autres avec qui vous ne partagez pas la moindre intimité.

J'ai trouvé le problème suivant.
“Un homme entre dans des toilettes pour messieurs et remarque “n” urinoirs libres. Lequel devrait-il choisir pour maximiser ses chances de conserver son intimité, c’est-à-dire de minimiser les chances que quelqu’un vienne occuper un urinoir voisin du sien ? Dans cet article, nous tentons de répondre à cette question en considérant une variété de comportements habituels dans les toilettes pour hommes.”

mardi 22 novembre 2011

Quelque part

Il sait que ce point existe. Le centre de ce qu’il est. Il aimerait le trouver mais il dérive et échappe à sa recherche. Il le sait proche. Pourtant, le point ne lui offre que le doute. Même cela, peut-être surtout, prolonge son mouvement. Pris dans les méandres de sa fatigue, il lui arrive de renoncer. Le point, balloté comme un grain de sable par la marée, repart au large. Il se demande parfois s’il le reconnaîtra. Il a déjà eu la sensation de le frôler. Il sentait en lui un changement, une transformation. Il était proche. Il se demandait s’il n’aimait pas mieux juste s’en approcher. Il aimait la fragilité de ces instants qui étaient comme des plumes qu’un souffle fait disparaître. Il se glissait dans le silence. Depuis qu'il s'était extirpé du temps, l'angoisse du vide avait disparu. Comme autrefois, lorsqu'il était encore enfant et qu'il se pelotonnait dans ses couvertures en attendant le matin, il se laissait porter par les vagues de doutes qui finissaient par le ramener sur le rivage.
Il ne laisse pas de place à l'oubli. Il n'en a pas même le désir.

Purée!

"Lui foutre la paix"

Titre d'un article de Slate magazine consacré à DSK.

vendredi 18 novembre 2011

Marche ou crève


"Si jamais, quand vous tombez malade, cela n'a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ce n'est pas très responsabilisant. Du coup, on a un peu l'impression que la sécurité sociale est quelque chose sur lequel on peut tirer sans qu'il y ait un impact. Il faut qu'il y ait un petit signal. Quelqu'un qui est en arrêt maladie, il faut qu'il se rende compte : tout ça, ça coûte à la sécurité sociale". "C'est une question de principe", a martelé le ministre, opposant "celui qui joue le jeu, qui, quand il est un petit peu malade, fait l'effort d'aller au travail et celui qui se dit quand je suis malade, c'est pas grave parce que je suis indemnisé". Ainsi a parlé Laurent Wauquiez chef de file de la droite sociale.

Je ne suis pas choqué par ces propos. Je me suis d'abord demandé si c'était de la bêtise ou du cynisme. Je vous laisse deviner. Ensuite, ces propos ont éveillé ma curiosité. Quelle conception de la vie notre Lolo a-t-il? Quelle représentation a-t-il de notre vie? Connait-il nos aspirations, nos espoirs, nos rêves, notre idéal, nos priorités? A-t-il conscience de nous insulter? Faut-il que nous soyons tous coupables de quelque chose?

Pour préserver notre système social, il suffit de ne pas y avoir recours. Simple question de bon sens.

dimanche 13 novembre 2011

Tout près


C'est une simple question de bon sens. Cette phrase est l'argument politique suprême qui justifie, légitime bon nombre de décisions et de projets. La politique ne serait plus faite que d'évidences, de vérités qui brillent dans le ciel des certitudes.
Puisque c'est le bon sens, rien ne peut lui être opposé. Le bon sens est l'autoritarisme mou qui s'impose sans qu'il y ait besoin de débattre. Si une décision est estampillée bon sens, elle est donc bonne pour la France.Et si j'exprime des doutes quant à la pertinence de cette décision, je vais à l'encontre des intérêts de mon pays.
Le bon sens est à portée de la main, il est tout près. C'est un raccourci de la pensée qui est allergique aux complications, aux raisonnements, aux doutes.
La phrase ci-dessous, prononcée par notre Président, est une application grammaticale du principe de bon sens qui par son universalité peut être comparé au gibolin, vanté en son temps par les Deschiens. Ainsi, puisqu'ils sont proches, "pouvoir" s'accorde avec "nous". Une simple question de bons sens.


«Cela serait tellement formidable que chacun d'entre nous puissions nous élever au-delà de nos intérêts partisans.»

jeudi 10 novembre 2011

C'est le moment (3)

Nous sommes confrontés à des difficultés qui sont résumées par l’expression « Crise de la dette ». Si il est difficile, mais pas inutile, de rétablir les responsabilités de chacun, nous sommes tous concernés par cette situation. Si l'on doit croire nos dirigeants, pourquoi ne le ferions nous pas, il en va du fonctionnement, des valeurs de notre société. Pour la faire courte, si nous ne faisons rien, tout s'écroule.

Alors, je me suis dit que c'était le moment de mettre en pratique les valeurs dont nous nous glorifions et qui feraient l'identité de notre nation. Propos un peu pompeux mais à situation exceptionnelle...Soyons solidaires, fraternels, épris de justice, portés par idéal commun d'une société généreuse et respectueuse. Plutôt que sans cesse chercher et désigner des coupables, des voleurs, des profiteurs et autres privilégiés, que l'on nous propose des projets de société qui nous donnent la sensation d'appartenir à une communauté.

J'arrive à m'auto-enthousiasmer.

mardi 8 novembre 2011

C'est le moment (2)

Accompagné de mes pensées, je suis monté dans le bus où m'attendaient les passagers déjà en place. Ils m'ont offert une standing ovation. Je les ai remerciés d'un discret signe de main. Le calme revenu, chacun est retourné dans ses pensées.
Pour ce qui me concerne, j'étais donc avec celle que j'avais sélectionnée qui explorait la situation socio-économique de notre pays. J'ai remarqué qu'il n'allait pas de soi de voyager avec ses pensées. Elles peuvent être fugaces, faire preuve d'espièglerie, de légèreté, être hermétiques. Certains matins, ce n'est qu'une fois les portes du bus refermées que je constate que ma pensée est restée dans l'abri, comme si elle était dotée d'une autonomie. Il est vrai qu'il m'arrive de tourner longtemps autour d'une pensée sans trop savoir quoi en faire.
J'avais bien en tête celle de ce matin là. Elle ne demandait qu'à s'épanouir. Je la sentais fertile, généreuse, prête à collaborer. Je lui ai fait part de l'intérêt qu'elle éveillait en moi.

lundi 7 novembre 2011

C'est le moment (1)

Ce matin, installé dans l'abri bus, j'attendais le bus. Gris et bas, le ciel échappait à ma vue. Quelques heures plus tard, notre premier ministre allait annoncer des mesures permettant d'adapter notre budget 2012 à la prévision de croissance qui est passée de 2,25% à 1%. Comme si il était débordé, emporté, balloté, notre gouvernement agit comme si il en était réduit à faire de la briconomie.
Si l'on en croit ceux qui savent, notre pays traverse une situation susceptible d'aggraver la crise tant économique et financière que sociale.
Dans ce qui est devenu mon abri bus, défilaient mes pensées sur le sujet. J'ai toujours peur d'oublier mes pensées. Parfois, ce ne serait pas plus mal. Certaines ne supportent d'être couchées sur le papier. Elles perdent de leur saveur, de leur pertinence. Pour tout dire, une fois écrite, elles n'ont plus d'intérêt. Mais j'ai senti que celle de ce matin avaient du corps.

jeudi 3 novembre 2011

Toujours plus

"Le superordinateur japonais "K" dépasse la barre des 10 pétaflops".

En lisant ce titre du "Monde" je me suis dit que le pétaflop pourrait également être l'unité de mesure des résultats du G 20.

G vain


Pourquoi celui-ci plus qu'un autre? Certainement conscient que notre système économique et financier devait faire l'objet de quelques ajustements, il nous avait été promis en 2008 que plus rien ne serait comme avant la crise de cette année là. C'est peut-être aujourd'hui le cas, mais nous ne nous en sommes pas aperçus. Ou alors, tout a changé mais en pire.

Le G 20 a une volonté et nous offre des souhaits. Toujours les mêmes, identiques, pareils, même chose, copié-collé, comme deux gouttes d'eau qui glissent sur le bonnet blanc. Notre président disait lors de sa campagne qui débuta en 2007 "Ensemble, tout est possible". Ce qui est certain, c'est que "tout est possible".

mercredi 2 novembre 2011

L’hypogonadisme hypothalamohypophysaire congénital.


Pour avoir écouté notre président nous expliquer, au lendemain de ce qui était encore le plan qui allait nous sauver, sorte d'arche moderne qui allait flotter sur la houle de la dette, ce qu'il avait décidé, je me suis dit que nous allions souffrir. Je l'ai imaginé nous inoculant une purge.

jeudi 20 octobre 2011

L'autre jour (fin)

Donc cette femme m’a regardé. Comme j’étais le seul être humain à attendre le bus, elle n’avait pas le choix. Elle m’a dit bonjour. Je l’ai lu sur ses lèvres. Les écouteurs sur les oreilles, j’écoutais Sham 69. Que pouvait-elle me dire d’autre, c’était la première fois que nous étions en présence l’un de l’autre ? « Je vous trouve très beau » ? Qu’une femme qui m’est inconnue m’adresse la parole m’a surpris. Je me demande si je n’ai pas bafouillé ou répondu un truc du genre « ‘Our ». Son bonjour était enrobé d’un grand sourire. Un de ces sourires qui s’éternisent sur le visage. Je ne sais plus ce que j’ai fait. Peut-être avais-je ma face de vigile repris de justice qui a perdu son rasoir depuis une semaine. Elle est sortie de mon champ de vision. Il me restait son sourire et son parfum. Tournant la tête vers la gauche pour surveiller l’arrivée du bus, je l’ai retrouvée assise sur le banc. Elle m’avait déjà oublié. Elle finissait de se maquiller. Le bus s’est arrêté le long du trottoir. Nous sommes montés par une porte différente.

Toujours moins


Combien pèse le fatalisme, les intangibles vérités, le consubstantiel, l'absence de remise en cause, la paresse intellectuelle...
Depuis que j'ai développé une passion dévorante pour les finances publiques, à savoir depuis 1988, l'idée selon laquelle il était impossible, si ce n'est à la marge, de réaliser des économies sur le budget de l'Etat était communément admise tout comme l'impossibilité pour le Sénat d'avoir une majorité de gauche. Et puis...

La photo représente les dettes françaises et grecques en billets de 100.

mercredi 19 octobre 2011

Petit poème

Ce que je veux c’est être heureux

Ne serait-ce qu’un tout petit peu

Ce que je veux c’est être vivant

Ne serait-ce que de temps en temps

Ce que je veux c’est être amoureux

Ne serait-ce que tous les deux

Ce que je veux c’est être moi

Ne serait-ce que pour toi

mardi 18 octobre 2011

A peu près

Il y a des sujets avec lesquels on ne rigole pas, avec lesquels la rigueur, la précision, le sérieux et le professionnalisme s'imposent d'eux même, de façon naturelle. Il en est ainsi du budget de la France qui chaque année est votée par nos parlementaires. C'est peut-être l'acte qui est le plus représentatif de ce qu'est une démocratie. Pour établir le budget de la Nation, l'Etat se base sur une prévision de croissance. C'est un exercice délicat, surtout dans la période que nous traversons. Les ordinateurs du ministère des finances regorgent de modèle mathématiques qui permettent, en théorie, d'envisager toutes les possibilités et de réduire autant que faire ce peut, j'aime bien cette expression, l'incertitude. Compte tenu des sommes en jeu, les décimales orientent les politiques publiques. Il ne s'agit pas d'arrondir les angles.


Et qu'entends-je de la bouche même de notre premier ministre, personne sérieuse et responsable si il en est, que le budget 2012 est "bâti sur une prévision de 1,75 % de croissance mais il fonctionne avec une croissance minimale de 1,5 %".


Si l'on prend comme base le PIB 2010, 1% de croissance représente 25 milliards, ce qui veut dire que la différence entre 1,75% et 1,5% est de 6,37 milliards. Cela pourrait paraître infime au regard du montant du budget. Pourtant, si la croissance est de 1.5%, soit il faudra soit emprunter davantage et donc rembourser plus, soit réduire, par des mesures d'urgence, les dépenses, au lieu de le faire dans la durée et d'en lisser les effets. Au-delà des mesures à prendre, c'est la crédibilité de l'Etat, sa capacité à anticiper qui sont en cause. Quelle confiance peut-on faire à un Etat qui même dans un contexte de crise économique et financière se permet l'imprécision dans ses prévisions?


L'autre jour (suite)

J'étais donc dans l'abri et j'attendais le bus, l'esprit occupé à je ne sais plus quoi. Je ne sais pas si le moment de la journée a une influence sur la nature de nos pensées, pour autant que nous en ayons. J'imagine parfois les pensées comme des filaments qui parviennent à s'échapper avec le vent. Elles partent puis reviennent. Je les accueille à nouveau. Je les triture, les roule en boule. Il m'arrive de les jeter, de les rejeter. Certaines pensées me fatiguent, usées, chiffonnées, elles ne ressemblent plus à l'idée que je m'en faisais. Alors je passe à une autre, à la suivante. Je sais que ce n'est peut-être que l'illusion de l'espoir. Je malaxe les idées dont je ne suis pas fier. Je les jettent au loin. Même si je fais semblant de ne pas les reconnaître, comme des animaux domestiques, elles reviennent vers moi. Je finis par leur sourire. Ces pensées sont les miennes, je ne les partage pas. Elles sont à l'abri dans mon esprit, dans ces circonvolutions grisâtres et malfamées où j'hésite parfois à m'aventurer.

Comme un poisson dans son bocal, et non pas dans l'eau, je pariais sur l'arrivée imminente du bus. Venant de la droite, une femme m'est apparue. En soi, cette apparition ne fut pas une surprise en ce sens qu'il m'est déjà arrivé d'attendre en compagnie d'une ou plusieurs personnes du sexe féminin. Ce sont souvent des jeunes filles, tripotant leur portable de la main gauche et pliant l'autre à angle droit afin d'y maintenir accroché leur sac. Nous sommes passés du sac à main au sac à bras. Là? c'était une femme. A quoi reconnais-je une femme?

jeudi 13 octobre 2011

Election



Tout comme moi, Jean-François Copé est un obsédé. Pour ce qui le concerne, cette obsession a pour objet le PS et tout ce qui s'y rapporte, de près ou de loin.
Je me suis demandé pourquoi il s'obstinait à ne rien comprendre ou à faire semblant. Il nous ressort tous les poncifs sur la gauche. Sans être jeune sans pour autant être vieux, cela me rappelle Giscard et consort qui, début 81, tentaient de faire peur au français en leur promettant les chars soviétiques si la gauche arrivait au pouvoir. C'est une des constantes de la droite, d'une certaine droite qui consiste à faire peur aux citoyens. Comme l'URSS a disparu, JFC brandit l'épouvantail de la gauche de la gauche, des convergences avec l'extrême droite, du bolchévisme, de la primaire anti-démocratique. Sa dernière trouvaille est la gauche molle. Gageons qu'elle durcira avec l'excitation de la campagne. Je lui conseille de serrer les fesses.

mercredi 12 octobre 2011

L'autre jour

L'autre jour, mais quand? Je me souviens que c'était un matin. Ni grand ni petit. C'était un jour, il faisait encore nuit. En regardant des reflets dans les vitres, je me suis demandé quand finit la nuit. Est-ce avec le jour? Quand on veut diviser l'incertain, on s'expose aux chiffres après la virgule dont on ne sait pas quoi faire. Peut-être n'était-ce que presque le matin. Le jour n'était pas encore clair. Avais-je l'esprit traversé de sombres pensées? Je ne m'en souviens plus. Je ne parviens pas toujours à distinguer les matins. Qu'est-ce qui me permettrait de les distinguer les uns des autres? Des sentiments, des rencontre, des pertes, des oublis, un rien pas, grand chose. Une dilution du temps. J'ai l'impression d'avoir lu ça quelque part. Je me demande bien pourquoi je suis tant attaché au temps alors qu'il me fait peur.

C'était donc l'autre jour. Cela remonte à quelques jours tout au plus. J'étais déjà dans l'abri bus. Seul. J'attendais le bus. Si je précise, c'est parce que l'abri bus est un lieu multi-usages, une sorte de salle polyvalente modèle réduit ou peut-être une salle d'attente. On attend que quelque chose passe, se passe. Le bus, le temps, le coin de la rue. En attendant d'aller autre part. Je suis immobile, j'attends le mouvement. Dans cet abri aux dimensions réduites, somme toute inconfortable, ouvert au vent, aux regards torves des automobilistes, je retrouve chaque matin un pan de la société. Un panneau publicitaire, des horaires, des mises en garde, des plans, des connexions, des déchets, des promesses, des mensonges. Je me suis demandé de quoi j'étais à l'abri.

mardi 11 octobre 2011

De l'autre côté

De l'autre côté de la rue
C'est là que je la voyais
Ma vie me souriait
La mort nous ignorait

La place maintenant vide
Laisse s'engouffrer le vent
J'oublie mon coeur livide
Pour entendre rire les enfants

lundi 10 octobre 2011

Soit

De deux choses l’une. J’ai trouvé que cette expression constituait une bonne introduction. Elle traduit la détermination, le refus du dilatoire, de la tergiversation, elle a un caractère comminatoire qui refuse de laisser place au doute, à l’ambigüité. Elle n’a qu’un inconvénient, ces caractéristiques me sont complètement étrangères.

Je souhaitais vous parler de mon ami Jean-François Copé, plus connu dans le métier sous l’acronyme JFC (lire jefcé, comme les lèvres). Ne pouvant décemment rester sans rien dire à la suite des premiers résultats de la primaire socialiste, il s’est empressé de déclarer que « "4 Français sur 100" ont voté à ce scrutin. Ca fait 96% des Français qui pensent que l'élection, c'est l'année prochaine, voilà. ». Le plus percutant des commentaires serait de ne pas en faire mais je ne résiste pas. Si deux millions cinq cents mille votants représentent quatre français sur cent, 100% représentent soixante cinq millions, c'est-à-dire la population française dans sa totalité (recensement INSEE 1er janvier 2011). De deux chose l’une. Soit JFC ignore qu’il faut avoir 18 ans pour pouvoir exercer son droit de vote (un peu plus de 44 millions en 2007), soit il est de mauvaise foi.

« Ca fait 96% des Français qui pensent que l'élection ». On ne pense pas qu’une élection a lieu, on le sait. « Ca fait 96% des Français qui pensent que l'élection, c'est l'année prochaine, voilà. ». Cela fait un peu plus de 63 millions. J’ai interrogé ma nièce qui a deux ans, qui fait partie des 63 millions, pour qu’elle me dise si à son avis les élections auront bien lieu l’année prochaine. Bien qu’elle soit depuis septembre en petite section de maternelle, elle n’a pas été en mesure de me répondre. De deux chose l’une. Soit JFC n’a pas une connaissance très précise de la relation âge-maturité intellectuelle, soit il est de mauvaise foi.

Par ailleurs, JFC pense donc que les deux millions cinq cents mille votants pensaient qu’ils votaient pour les présidentielles. De deux choses l’une. Soit JFC les prend pour des demeurés soit JFC est de mauvaise foi. Le soit est facultatif.

Pour terminer, il balance "Il y avait trois millions de Français à la Braderie de Lille!". De deux choses l’une. Soit il méprise les français qui votent, qui prennent partie, qui s’engagent, soit il ignore ce que veut dire être citoyen.

Colline

Il fermait les yeux pour deviner ce qui se cachait derrière la colline
Le matin il se promettait de le découvrir avant que le soleil ne décline
Comme des bosses humides et grises qui changent et s'enchevêtrent
Les nuages qui avaient survolé le mystère restaient muets avant de disparaitre

Comme un trop plein de lumière l'aube débordait sur le vert de la crête
Par désespoir il se laissait aller à des promesses de profanes prières
Mais aucun reflet ne lui permettait de deviner l'objet de sa quête
Le lointain se brouillait, les gouttes striaient l'horizon de verre

Le voulait-il vraiment ou n'attendait-il que la prochaine nuit pour renoncer?
Un repos sans ombre dans l'usure d'une terre qui étouffait son cœur
Il attendait du prochain jour la caresse du souffle de l'oubli pour marcher
Comme le vent dans une chevelure, comme une promesse de douceur

vendredi 7 octobre 2011

Pépin



Je dois vous avouer que je ne le connaissais pas. J'avais dans l'idée de fustiger, vous remarquerez comme j'aime fustiger, l'idolâtrie qui s'est emparée d'un certain monde, d'un grand nombre de nos journaux à la mort d'un de nos dieux modernes. Et puis je me suis demandé à quoi bon vouloir comparer l'incomparable, pourquoi vouloir opposer?

A deux heures du matin : clair de lune. Le train s’est arrêté
au milieu de la plaine. Au loin, les points de lumière d’une ville
qui scintillent froidement aux confins du regard.

C’est comme quand un homme va si loin dans le rêve
qu’il n’arrive à se souvenir qu’il y a demeuré
lorsqu’il retourne dans sa chambre.

Et comme quand quelqu’un va si loin dans la maladie
que l’essence des jours se mue en étincelles, essaim
insignifiant et froid aux confins du regard.

Le train est parfaitement immobile.
Deux heures : un clair de lune intense. Et de rares étoiles.

Tomas TranstrÖmer

mercredi 5 octobre 2011

Clic on the nose

Le message "Obèse profond" contient des informations par trop approximatives pour être considéré comme étant digne de foi.

Avec toutes mes excuses.

Obèse profond

Ce matin, je plongeais dans un bol de thé une petite cuillère enrobée de miel lorsque j'appris que la taxe sur les sodas qui avait pour objectif de lutter contre l'obésité allait être triplée, qu'elle concernerait toutes les boissons sucrées (sucre, édulcorant...) et que les recettes seraient versées aux agriculteurs. Bien que ce ne soit manifestement pas la peine, je vais quand même y mettre mon grain de sel.

Notre gouvernement a officiellement abandonné l'objectif de santé publique de cette taxe, tout comme celui de réduction du déficit. C'est certainement ce que l'on appelle du pragmatisme, du bon sens, de l'absence de tabous.
Que peut-on en déduire? Que la santé publique n'est pas une priorité mais peut éventuellement servir de prétexte, de justification à une mesure budgétaire. Qu'une taxe qui était parée de toutes les vertus a perdu tout son sens pour devenir une vulgaire taxe comme il en existe des milliers. Les priorités de notre gouvernement changent d'un jour à l'autre au gré de je ne sais quoi.

Comme j'ai de la famille dans l'agriculture, je vais boire autant de boisson sucrée que possible.

mardi 4 octobre 2011

Vocabulaire

L'autre jour, installé à mon bureau, ne sachant pas trop quoi faire, je me suis mis à penser. J'ai une réserve de sujets auxquels j'accorde parfois une pensée. Je les mets de côté au cas où. Parmi eux, il y a ceux auxquels je ne pense jamais. Ils sont comme ces livres tout de cuir relié qui n'ont qu'une fonction esthétique et qui n'ont jamais et ne seront jamais ne serait-ce qu'ouverts.

Ce matin là je me suis demandé si une opinion se devait d'être exprimée pour exister. Sans trop réfléchir, je me suis répondu positivement. Cela tombait sous le sens. Je n'ai pas tardé à douter. J'ai des opinions dont je n'ai jamais fait part mais qui pour autant existe. Le choix du verbe exister n'était pas judicieux.

Toujours à mon bureau, j'ai laissé tombé. Comme une masturbation qui dure trop longtemps, une idée trop longtemps agitée fatigue.

lundi 3 octobre 2011

A la sienne


Après mure réflexion il a décidé de ne pas se présenter. On peut supposer qu'il a hésité, peut-être même sa main a-t-elle tremblé en levant son verre pour annoncer aux habitués du Balto, situé sur la place de la mairie à Mailhac, qu'il renonçait à briguer leur suffrage. Pour que son élocution hésitante ne soit pas source de confusion, c'est le porte-parole du parti ouvrier indépendant (POI) qui a annoncé cette décision aux occasionnels du Balto.

Par ailleurs, Gérard Schivardi, puisque c'est de lui dont il s'agit, a invité Jean-Louis Borloo à passer au Balto prendre l'apéro pour fêter dans un premier temps leur non candidature et ensuite d'arroser leur non élection.

jeudi 29 septembre 2011

Colchique

Il est assis à la terrasse d'un café. Il regarde les passants. Des feuilles recouvrent le pavé. Contraintes par les pas, elles ne cessent de changer de place. Certaines sont déjà sèches et réduites en charpie par les talons. D'autres, tombées depuis peu, offrent encore la résistance d'une vigueur qui finira par s'évaporer. Une pie vole en cercle dans le ciel. Il se demande si les oiseaux savent où ils vont. Il boit une gorgée de café. Le monde passe devant ses yeux. Comme toujours, il concentre son attention sur les femmes. De sa place, il les regarde sans qu'elles puissent se sentir agressées. Il croise souvent des regards qui lui semblent inquiets, qui le dissuadent ne serait-ce que d'envisager un sourire.
Bien sûr, des pensées lui traversent l'esprit. Non, elles ne traversent pas. Elles sont toujours là, aux aguets, prêtes à le submerger. Il a parfois la sensation de se noyer, d'être emporté dans un torrent de désirs et de frustrations. Il s'accroche à la berge. Il sait qu'il va souffrir et pourtant il finit par lâcher prise.
Faisant tourner sa cuillère dans la tasse, il sait qu'il ne bougera pas. Il imaginera ses mains sur ces corps en mouvement, les caresses qui disparaissent dans l'ombre des mouvements. Il se demande si il est l'objet d'un quelconque désir.

Souvenir

Temps de liberté, je me souviens qu'en 69 nous avions le choix dans la date.

mercredi 28 septembre 2011

Errements

Au lendemain du jour suivant, l'oubli était une goutte d'eau paressant au soleil. Il était maintenant presque un souvenir. Le souffle finirait par le disperser et de ses molécules éclatées, il parfumerait le passé. Ceux qui ont lutté contre lui, épuisés se retrouveront dans le lointain. Que restera-t-il dans la mémoire des suivants, ceux à qui nous avons donné puis confié notre amour? Dans l'ennui des jours, dans la tristesse des allées de croix et de marbre, règnera la confusion. Ils nous laisseront partir et nous serons moins que poussière.

mardi 27 septembre 2011

C'est dit



"Les discours de la Droite populaire, ses formules à l'emporte-pièce, sont une insulte à l'intelligence. Quel électeur ne se sent pas, devant ces excès, humilié d'en
être le destinataire ?"

Dominique Reynié. Il est directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), un think tank libéral et pro-européen proche de l'UMP

Je voulais ajouter quelque chose et puis je me suis dit que ce n'était pas utile.

lundi 26 septembre 2011

Santé Sénat



Hier soir, m’est revenu en mémoire, les doctes propos d’un respectable professeur de droit constitutionnel. Il affirmait à l’inculte étudiant de première année que j’étais que, compte tenu du mode de scrutin, le Sénat ne pouvait ni ne pourrait jamais être constitué d’une majorité dite de gauche. Cette idée, reçue, était bien ancrée dans les esprits de ceux qui s’intéressaient au sujet. Le Sénat n’était d’ailleurs qu’une idée reçue. Les occupants de cette chambre passaient leur temps à piquer du nez. Elle était à elle seule une double anomalie démocratique. Par son mode de scrutin, obscur pour bon nombre, et du fait que sa composition semblait insensible aux évolutions politiques des collectivités locales. Accessoirement, le Sénat avait l'outrecuidance d'empêcher les députés, élus du peuple eux, de légiférer en toute légitimité.


Et puis, comme une belle, la chambre, recevant un baiser de la gauche, s'est réveillée. On la sentait frémir depuis quelques temps, le train de sénateur commençant à délaisser la vapeur pour le TGV. Malheureusement, la chambre qui en accueillait 80 en 2008, n'a cette fois-ci laissé entrer que 77 sénatrices pour 271 sénateurs. Il y a des baisers qui se perdent.

samedi 24 septembre 2011

Une rencontre

Oh lui alors…

J’étais à mon bureau, les mains au-dessus du clavier dont les touches attendaient le contact de mes doigts. Je regardais dehors tout en faisant semblant de réfléchir. Comme souvent, je ne pensais à rien. J’aimais bien rêvasser, laisser passer le temps sans rien lui demander. J’avais cette croyance que si je lui faisais croire qu’il ne me préoccupait pas, le temps m’épargnerait. J’essayais de ne pas déborder, de vivre maintenant, de n’être que dans le moment. Mais à force, je finissais par me perdre.

Après avoir laissé mon regard errer sur la pelouse en contrebas, je me décidai à regarder l’écran. Deux colonnes grises qui encadraient une surface blanche. Cela faisait longtemps que j’y pensais. Après avoir cherché, j’avais enfin trouvé mon sujet pour un portrait. J’hésitais encore car bien que je le connaisse très peu, je me demandais si mon sujet n’allait pas déborder de la feuille blanche. Je pouvais le découper en plusieurs morceaux et ensuite le reconstituer mais cela risquait de se terminer en « Guernica » et je ne m’en sentais pas le talent. Alors, quitte à tasser un peu, je décidai de le croquer d’un seul tenant. C’est ainsi que je commençais.

« A la lumière de la position du soleil que je devinais à travers le feuillage, je conclus que la matinée était toujours en cours. Encore engourdis par le sommeil tout proche, nos sens s’ouvraient aux sollicitations. Les parfums, les chuchotements. Le vent caressait notre peau. Reconnaissant, chacun de nous appréciait ce matin indulgent qui n’attendait rien de ses hôtes. Comme un lézard qui se gorge de chaleur avant d’entreprendre quoi que ce soit, je me laissais bercer par les voix. C’est à ce moment qu’il est apparu sur le perron. Torse nu, une serviette couvrant le reste de sa nudité, il s’offrait à mon regard. Il n’avait encore rien dit.

Il avait déjà la veille au soir attiré mon attention. Avec application, constance, générosité et talent il avait veillé à la bonne ambiance de la soirée. Je reconnus en lui l’homme d’expérience qui savait varier la nature de ses interventions. Au détour d’une gorgée, il lâchait un mot d’esprit. Constatant un ronronnement des convives, il se lançait dans une improvisation qui mettait en scène un personnage dont les mimiques et les propos nous faisaient sortir de notre torpeur. A d’autres moments, sentant une ambiance bien chaude, il nous faisait participer à un spectacle où se mêlaient chorégraphies et chants. Il ne s’agissait pas pour lui de se mettre en avant mais de ressentir le vif plaisir de faire rire. Il donnait envie de vivre. Bien que cela ne soit pas dans mes habitudes, j’avais engagé la conversation. Comme souvent dans ces circonstances, nous discutâmes de tout et de rien, peut-être surtout de rien, mais un rien qui faisait tout. Il me confia notamment que Carrie était son film culte. Ce n’est que plus tard, en me lavant les dents, que je compris.

Ce matin là, face au soleil, il laissait s’écouler sur ses épaules les dernières gouttes d’une douche récente. Il semblait s’offrir à ce jour nouveau comme pour lui signifier qu’ensemble ils allaient faire de grandes choses. Son corps généreux, comme une avancée vers les autres, semblait recéler des réserves de générosité. Il tourna son regard vers nous qui étions installés dans un environnement de bols et de tartines aux couleurs de confitures maison. Après avoir partiellement et provisoirement dissimulé sa nudité, il rejoignit la table commune. Sa compagne, comme une Mona Lisa des bords de Seine, était assise à côté de lui. Le sourire qui parcourait ses lèvres comme un frisson, donnait à son visage une expression presque moqueuse. De son regard étonné, elle avouait sa surprise de le voir repousser les limites de l’entendement. Elle aurait aimé parfois qu’il passe son tour mais pourquoi ne l’aurait-elle pas laissé aller jusqu’au bout du plaisir qui faisait naître notre rire. L’observant et l’écoutant à nouveau, je fus étonné, ravi et amusé de constater comment il concentrait l’attention des convives qui ne demandaient qu’à se laisser percuter par ses saillies. Nous étions comme les passagers mollement installés dans le confort d’une limousine dont le chauffeur nous aurait fait goûter, avec force virages, aux effets enivrants d’une suspension hydraulique. Par accélérations successives, il en vint à nous faire voyager de rires en sourires, laissant parfois d’autres prendre le volant mais qui rapidement renonçaient faute d’avoir la jambe assez longue pour atteindre la pédale d’accélérateur. Nous sachant arrivés à bon port, garé sur le côté après un magistral créneau, il nous laissa descendre.

…il devrait faire du cinéma (1).

(1) Sacré déconneur de Richard Gotainer

mercredi 21 septembre 2011

Craché, juré


Allégeance : obligation d'obéissance et de fidélité à un souverain. Synonyme: soumission.

Je pousse le heaume un peu loin mais pas jusqu'à Vichy même si l'on se rapproche de plus en plus de "travail, famille, patrie".
Ce Copé a une remarquable faculté à dénaturer, à vider de son sens, à assécher les mots et ce qu'ils représentent. Ces mots qui ont pourtant une signification, qui peuvent nous rassembler.



mardi 20 septembre 2011

Ils sont partout

Connaissez-vous Noursoultan Nazarbaïev? On ne peut pas connaître tout le monde. Il est en premier lieu le président de la république du Kazakhstan, ex république de l'ex union soviétique.que notre ami Claude Guéant avait qualifié d'"îlot de stabilité et de tolérance" Pour être plus précis, Noursoultan, si je puis me permettre de l'appeler Noursoultan, est l'actuel et le prochain président du Kazakhstan . Il l'est depuis 22 ans et a été réélu avec 95% des voix. Il avait trois adversaires qui, avant les élections, ont déclaré souhaiter sa réélection. Il a fait modifier la constitution afin notamment de pouvoir rester au pouvoir jusqu'à sa mort. Si c'est un régime moins féroce que d'autres, aidé en cela par une économie florissante, c'est une république démocratique au même titre que l'était la RDA.
En deuxième lieu, Noursoultan est un ami de notre président qui l'a reçu hier à l'Elysée, notre palais de la République. N'est-il pas curieux d'associer ces deux mots, palais de la République? Il faut certainement distinguer les dictateurs élus de ceux qui ne prennent même pas cette peine. Et aujourd'hui notre président va, à la tribune de l'ONU, affirmer le droit des palestiniens à créer un état indépendant et démocratique. Quelles conditions doit-on remplir pour avoir le droit de s'exprimer et de choisir ses gouvernants?

dimanche 18 septembre 2011

Priez pour lui

La cour d'appel de Paris a relaxé jeudi, sur un point de droit, l'ex-ministre de l'Intérieur, rejugé pour injure raciale. Brice Hortefeux n'échappe donc à la condamnation que parce que les propos ne sont pas considérés comme publics et que la constitution de partie civile de l'association plaignante, le MRAP, n'est donc pas recevable.

Mais dans sa décision, la cour considère d'abord que l'ancien ministre a fait preuve « d'un manque évident de culture » en considérant toutes les personnes d'origine arabe « comme pratiquant les préceptes de la religion musulmane ». La Cour ajoute « notamment » pour un ministre chargé des cultes.

Plus grave, les juges estiment que l'ex-ministre « insulte l'ensemble des membres de la communauté d'origine arabe en laissant entendre, certes de façon ironique, que la présence de l'un d'entre eux, pris isolément, peut être tolérée […]

Ne se référant à aucun fait précis, le propos, qui vient conforter l'un des préjugés qui altèrent les liens sociaux, est outrageant et méprisant à l'égard de l'ensemble du groupe formé par les personnes d'origine arabe stigmatisées du seul fait de cette appartenance, ce qui le rend punissable. »

L'ignorance est le terreau de la bêtise.

vendredi 16 septembre 2011

Ex pote des despotes

Pour tout vous dire, je n'ai écrit ce mot que pour le titre. Le déplacement en Libye était une bonne occasion. Je me suis simplement dit qu'il aurait pu faire preuve de retenue et de pudeur. Après ce qui a été fait, les libyens doivent bien se douter que la France les soutient. Pourquoi à tout prix aller chercher la gloire hors de nos frontière?
Voilà.

jeudi 15 septembre 2011

Faut pas croire

Claude Guéant. Sur le coup je me suis dit qu'il n'y avait rien d'autre à ajouter. Un prénom et un nom et tout était dit.
Claude est un garçon calme, organisé, opiniâtre, persuadé de détenir la vérité, bien coiffé. Il a une allure de bon père de famille à la vie sexuelle que je devine plutôt pragmatique. Si il me fait l'effet d'être droit dans ses bottes, en paix avec sa conscience, je ne peux pas dire de lui qu'il soit rigoureux.
Globalement, Claude est un obsédé. Il n'a de cesse de reconduire à la frontière. C'est semble-t-il son activité principale. La méthode est simple. Il désigne une communauté comme étant coupable de trouble à l'ordre public et promet ensuite de les expulser. L'étranger est un enragé. Le danger, le coupable vient d'ailleurs et doit y retourner. Il s'autorise ainsi à dire:

"Je peux vous dire qu’il y a à Marseille une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violence. Je ne peux pas la quantifier".

Il avoue ne rien savoir mais l'ignorance est le carburant de la bêtise et de la haine.

jeudi 8 septembre 2011

Un week-end

C’est par une fin d’après-midi d’un été hésitant que, le regard en quête de repère, nous avons vu ce qui, en l’état de nos connaissances architecturales, devait être un moulin. Comme une étoile du berger au mouvement de ses branches suspendu, il devint notre repère de fin de voyage. Nous ne l’avons plus quitté des yeux comme si, entre temps, un Don Quichotte local avait eu pour projet de le mettre à bas.
Après avoir remisé notre automobile, nous sommes allés à la rencontre de nos hôtes et de leurs hôtes. Nous fûmes, dans les volutes d’un espace d’herbe verte, accueillis à bras ouverts qui se refermèrent pour mieux nous embrasser. La maison n’était pas bleue mais comme en des temps patchouli où l’on s’affranchissait du temps, nous découvrîmes ici et là des groupes plongés dans des plaisirs immédiats pour ceux qui avaient choisi de lire et futurs pour les autres qui œuvraient dans la cuisine. L’absence de présence masculine avait pour explication la quête de fûts de bière. Comme souvent, leur nombre fut l’objet d’une âpre discussion, les maximalistes ayant emporté le morceau malgré le scepticisme de l’hôte invitant.
Le calme féminin fut remplacé par l’agitation masculine. Parlant fort et persuadés d’être indispensables et sous le regard indulgent et moqueur des femmes, ils bougèrent, gesticulèrent, passèrent d’un air important d’un point à un autre comme s’ils voulaient tisser la toile de leur importance.
La table mise, le feu allumé, l’odeur de la viande grillée nous parvint au même moment où les invités, d’origine autochtone, descendirent les marches menant au buffet. Après les présentations de chacune et de chacun, tout comme les bouches, les verres se remplirent du fruit de diverses pressions. Avec les doigts, nous prîmes plaisir à goûter au chaud et au froid. Entre les bouchées, s’échangèrent les rires et les paroles, les pitreries et les histoires. La pluie, soucieuse de ne pas nous prendre de travers, tomba bien droite et maintint, pour le confort de tous, une température constante propice à la danse. Comme une boîte à musique géante, le moulin s’ouvrit pour nous inviter aux déhanchements, aux ondulations, aux chorégraphies improvisées et autres chorales multiculturelles. Le déchaînement des corps et la soif d’ivresse vinrent à bout de la mousse et de ses bulles.
Apaisés, fatigués, heureux, comme portés par la légèreté de nos envies, les portes des chambres se refermèrent sur nos secrets.
Encore dans les échos de la soirée, comme les draps encore tièdes, nous sommes sortis chiffonnés de la nuit. Sous un arbre, à l’abri du soleil que nous avions espéré la veille, la table du petit déjeuner nous attendait. Encouragés par les sourires et la douceur des regards, nous nous sommes installés. Il suffisait de se laisser porter par l’air. Les tartines, comme des palettes odorantes, se coloraient de mures, de fraises ou d’abricots avant, pour certaines, de disparaître dans le café. Les bols se remplissant au fur et à mesure que les lits se vidaient, les langues se firent plus agiles. Comme si nous voulions nous assurer que nous pouvions toujours rire de tout nous racontions n’importe quoi, heureux de faire rire d’un rien.
Alors que rien ne le laissait présager, le temps s’est rappelé à notre bon souvenir. A quoi bon raconter la suite puisqu’il fallait s’éloigner.

lundi 5 septembre 2011

Au bord

L'étendue d'eau attend le reflet. Elle n'ose pas encore frissonner. Avec anxiété elle guette l'arrivée du vent. Transperçant la glace transparente, la lumière patiente dans le froid. La brume va bientôt disparaître. Des battements d'aile troublent l'horizon. Comme chaque jour, l'homme observe le lac. Chaque matin, en douceur il l'espère. Un reflet de lumière lui donne l'espoir. Pourtant, rien ne distingue ce matin. Des murmures lui indiquent qu'il est temps. Sur le retour, ses pieds froissent les feuilles. Il sourit. Bientôt, demain sera proche.  

samedi 3 septembre 2011

...et pas autrement

"Je crois qu'il est toujours dommageable pour un pays d'afficher, quand l'intérêt général est en jeu, un désaccord politique. Regardez les Etats-Unis avec les querelles de Barack Obama et des républicains. Cela a fragilisé l'image du pays, qui désormais a même perdu son AAA alors que l'économie américaine est l'une des plus solides du monde.C'est pourquoi je pense que réunir le Congrès suppose que ce soit un rendez-vous d'union nationale et que les parlementaires acceptent de se hisser au-dessus des intérêts partisans pour voter cette règle de sécurité."
Ainsi s'est exprimée notre amie Valérie Pécresse à propos de la désormais célèbre règle d'or. Comme j'ai le temps, je vais décortiquer ces propos. Le "toujours dommageable" est péremptoire, définitif, sans nuance et ne supporte aucune contestation ou remise en cause puisque à l'évidence c'est la vérité. Qui conteste cette vérité est irresponsable.

Pour Valérie, le débat démocratique devient un désaccord politique et est de ce fait nuisible, nous pouvons même dire obscène. Il est "dommageable d'afficher". Ce qui voudrait dire que débattre c'est se donner en spectacle, donner le mauvais exemple et, comme dirait notre ami Guéant, ne pas être un bon français. Ainsi, l'exercice de la démocratie est à géométrie variable. Lorsque tout va bien, nous sommes autorisés à débattre de tout, à faire part de notre opinion, de nos désaccords, à nous afficher. En revanche, lorsque la situation économique est mauvaise, notre devoir est de nous taire, ce qui nous permet d'avoir une bonne note. Qui aurait envie d'être un mauvais élève comme les USA? Dans la même veine, François Fillon vient d'affirmer « Tout parti et tout programme qui ignorerait les contraintes financières devront être considérés comme inconséquents et disqualifiés pour défendre l’intérêt général »

Droite dans ses escarpins, notre amie Valérie n'hésite pas à qualifier de querelle le débat entre républicains et démocrates. Elle tente de nous faire peur, de nous faire croire qu'il n'y a pas d'alternative. Elle remet en cause le pouvoir des peuples à disposer d'eux-même. Pourquoi ne pas imaginer que nos dirigeants soient désignés par les agences de notation?
L'impôt, les choix concernant la répartition des charges et l'affectation des recettes sont les fondements de la démocratie et à l'origine du parlementarisme. Ces choix permettent de construire un projet et d'y adhérer.

mercredi 31 août 2011

Constance et contradiction

Il y a quelques semaines de cela, j'avais entendu mon ami Alain Juppé déclarer sur France-culture que lui et beaucoup d'autres avaient longtemps cru, sur la base d'un argumentaire développé notamment par Ben Ali, que la dictature était le meilleur rempart contre l'islamisme et le garant de la stabilité politique. Entendez par là que cela permettait de faire des affaires en toute tranquillité.
Étonné, j'avais fini par me dire qu'Alain avait été pris de court et qu'à la première occasion, honnête comme il est, il nous avouerait qu'il soutenait les dictatures par commodité, résignation, lâcheté et fainéantise intellectuelle. Quelle déception! Que lis-je dans le Parisien il y a trois jours? Alain récidive en déclarant:

"Il faut l’inscrire dans une orientation nouvelle, et très ambitieuse, de la diplomatie française. L’exigence de démocratie et de respect des droits de l’homme prévaut désormais pour nous sur toute fausse exigence de stabilité. On nous a reproché du retard à l’allumage lorsque se sont déclenchées les manifestations du Printemps arabe. Il est vrai que, pendant longtemps, nous nous sommes un peu laissé intoxiquer par ceux qui disaient que les régimes autoritaires sont le meilleur rempart contre l’extrémisme. C’est fini. Notre ligne, qui a déjà prévalu en Côte d’Ivoire, c’est de privilégier les aspirations des peuples et la protection des populations civiles."

Ce que nous redit notamment Alain c'est que jusqu'à l'hiver dernier, la France ne privilégiait pas les aspirations des peuples ni la protection des populations civiles. Mais je me refusais à lui jeter la pierre. Faute avouée...Et puis n'a-t-il pas promis que "C’est fini"

Et que lis-je aujourd'hui dans le Monde?

"On a parfois comparé ce séisme démocratique (printemps arabe) à la chute du mur de Berlin et à l'effondrement du bloc communiste. C'est vrai pour l'importance historique. C'est vrai aussi pour la cécité de ceux qui ne voulaient pas voir que les Européens de l'est avaient les mêmes droits à la liberté que les Européens de l'ouest, et ceux qui ne voulaient pas voir que les peuples arabes avaient les mêmes droits à la liberté que les peuples d'Occident. Tout l'enjeu des printemps arabes est de montrer par l'exemple que l'affirmation de ces valeurs démocratiques ne s'opposent pas à l'islam", a estimé M. Sarkozy.


Notre président parle de "ceux qui ne voulaient pas voir que les peuples arabes avaient les mêmes droits à la liberté que les peuples d'Occident" Alain était donc aveugle alors que notre président voyait clair. Comme le dit le bon sens populaire, vaut mieux entendre ça que d'être sourd, ce qu'était peut-être notre président.

lundi 29 août 2011

Amère potion



Le bon sens.

L'économiste Pierre Combris, directeur de recherche à l'INRA, juge le raisonnement du gouvernement illogique : " Si l'on atteint l'objectif de réduction du déficit, c'est qu'on aura collecté beaucoup d'impôts, parce que les gens auront consommé beaucoup de produits sucrés. Et l'objectif de lutte contre l'obésité sera raté. A l'inverse, si l'on atteint l'objectif de santé publique, cela voudra dire que les Français auront diminué leur consommation de sucres. Et si les gens consomment moins, mécaniquement, l'Etat recueille moins de taxes. "

vendredi 26 août 2011

Proche

J’étais à la recherche d’un matin d’été. Quelques heures déjà vécues. Un souvenir puisé dans un livre. J’avais oublié mais je savais qu’à la première seconde je le reconnaîtrai. Je le sentais proche comme si mon esprit était sur le point de le reconstituer. Un soleil quelque part entre les arbres. Une lumière qui glisse d’une goutte de rosée à l’autre. Une fraîcheur à la traîne d’une nuit déjà occupée ailleurs. Le sentiment d’un équilibre, d’un temps qui n’appartient qu’à moi. Je ne fais rien mais chaque seconde est une création. Je me laisse envahir. C'est une vague qui finira par recouvrir la plage. Elle disparaîtra sans laisser de trace.

lundi 8 août 2011

vendredi 5 août 2011

Il est temps (5)

C’était un matin sans particularité. Un matin de plus, adepte de l’anonymat, de la discrétion qui n’aurait même pas le temps de trouver une place dans ma mémoire. Le passage dans la salle de bain est une transition entre la nuit et le jour. Quand je m’aperçois dans la glace situé au-dessus du lavabo, j’ai l’impression d’être le héros de « Docteur Jekyll et mister Hyde ». Le temps passant, le docteur ressemble de plus en plus au mister. Le visage comme un paysage d’anciennes montagnes usées par le vent, la pluie, le froid et striées de crevasses béantes me faisait face. Sans être différent de ce qu’il était la veille, je restais pourtant plusieurs minutes à le regarder. J’essayais d’abord de retrouver dans ce désastre des traces d’une vie antérieure. Mais même les yeux me semblaient ridés, des yeux humides comme si ils laissaient s’écouler un trop plein de chagrin. Comme reclus, mon regard se voilait. C’était ça être vieux. Ce que je voyais me faisait souffrir mais je continuais de me fixer. Avec perversité, j’entrais dans le détail des rides et des boursoufflures. Les rides devenaient des lignes de fin de vie. Dans le fond de la salle de bain, face à la douche, une glace me permettait de me voir dans mon entier. Je fis les quelques pas qui m’en séparaient. Mon regard fut attiré par ce qui, un temps, symbolisa ma virilité. Même les poils manquaient de longueur pour dissimuler ce qu’elle était devenue. Cela n’avait jamais été un objet de fierté mais de voir aujourd’hui cette bite incapable de vaincre la gravité m’anéantissait. Je vérifiais que la bandaison ne se commandait pas. Le désir se cantonnait à mon cerveau. Avec ironie, je me souvenais de ces érections qui ne servaient à rien, dont je ne savais quoi faire et qui parfois même m’embarrassaient. Ces érections intempestives qui naissaient d’une simple pensée, d’un regard ou de rien de précis.