lundi 30 septembre 2013

Album

San Francisco
Cent francs six sous
Toutes ces photos
Prises je ne sais où
Comme des failles
Comme des entailles
Qui strient ma mémoire
Le reste est dérisoire
Les instants brillent
Enfermées dans une boîte
Figées entre deux feuilles
Elles attendent toute droite
Je les sais sans vie
Comme des croix alignées
Que j'ai déjà suivies
Jusqu'à l'ombre des cyprès

vendredi 27 septembre 2013

Biche, oh ma...

L'autre jour je suis allé courir. Au détour d'un virage je découvre une biche. J'ai remarqué que le détour est un lieu d'où l'on découvre beaucoup de choses. Au détour d'une phrase, on découvre un écrivain. Au détour d'une bouche on découvre un plaisir. Au détour de sa vie on se découvre. Donc, je stoppe ma course pour ne pas effaroucher la biche. Il ne faut jamais effaroucher la biche et ce quelles que soient les circonstances. Nous nous observons, surtout elle. Elle me regarde et seules ses oreilles bougent. Je sais que si je fais un pas, elle va partir. Alors j'attends. Ce qui est un bon prétexte pour reprendre mon souffle. Il va pourtant falloir que je mette à nouveau un pied devant l'autre. Le tout c'est de savoir quand. Maintenant, plus tard? Attendre que la biche quitte le chemin pour s'enfoncer dans le bois? La situation est figée mais demeure une incertitude. Je ne sais pas comment cela va se terminer. Ce dont je suis certain, c'est que ce n'est pas elle qui fera le premier pas vers moi. J'ai bien conscience qu'il va me falloir débloquer la situation sinon elle risque de s'enliser. Je pourrais bien sûr faire demi tour mais je n'aime pas reculer et ce pratiquement quelles que soient les circonstances. Il faut avant tout que j'évite la crispation. Nous avons établi un équilibre mais qui demeure précaire. Ce qui me préoccupe c'est que je ne suis pas sûr qu'elle ait pris conscience des enjeux. Un peu à regret je décide de faire un pas, un petit pas. Je repose à peine le pied tout en continuant à la regarder. Ses oreilles cessent de bouger après s'être tournées dans ma direction. Je deviens l'unique objet de son attention. Je suis passé d'objet de curiosité à menace. C'est du moins ce que j'imagine. Je vais reprendre ma course et elle va disparaître. Je fais un autre pas vers elle. Elle me quitte des yeux et entre dans le sous-bois. Mais contrairement à ce que j'imaginais, elle le fait avec douceur. Il est vrai qu'avec mes petites jambes musclées, je ne risque pas de la rattraper. Peut-être imperceptiblement plus aérien, je reprends ma course. 

jeudi 26 septembre 2013

La liberté d'exclusion

S'il y a une chose que cette publication ne peut cacher c'est sa bêtise.

mercredi 25 septembre 2013

C'était...

 C'était...

Elle était toujours si proche
Comme la main dans une poche
Avant que ne disparaissent les tournesols
Dans un balancement flamboyant
Elle allait prendre son envol
Premier jour d'un enfant
C'était un soir
Je parvenais déjà à y croire
Je marchais sur le trottoir
Détaché du désespoir
Je me sentais entrer dans la vie
Poussé par le souffle de l'envie
Elle m'avait donné son premier regard
Qu'avais-je à craindre de plus tard


Pour l'hiver

J'étais en avril
J'ai perdu le fil
Le fil de ma vie
Cette vie décousue
Ça n'a pas fait un pli
Dépourvu de martingale
Au dé j'ai perdu
Mais ça m'était égal
J'ai fait la manche
Comme un chat noir du dimanche
Le temps n'était plus qu'une aiguille
Qui s'enfonce dans la déveine
Dessinant un patchwork sur ma peau
Pointillés de tous les accrocs   
Je prenais des revers auprès des filles
J'avais le moral dans les chaussettes
Même plus l'envie de tirer sur la couette
J'étais devenu ma propre doublure
Traversé de déchirures
Plus les moyens de me hausser du col
Pour me détacher me restait l'alcool




mercredi 18 septembre 2013

Etude

J'ai relevé la tête et je l'ai vu tomber. Ou plus précisément, il a disparu de mon champ de vision. Mais cela s'est passé si rapidement, en une fraction de seconde, que seule une chute pouvait expliquer cette soudaineté. Jusqu'à ce moment, il ne s'était rien passé. Rien qui puisse justifier que je prenne du temps pour le raconter. Je n'aime pas relater le rien. Ce n'est ni une posture, ni un principe. J'ai déjà tenté l'expérience mais je n'en ai pas tiré toute la satisfaction que j'en espérais. J'étais parti du principe que toute vie est passionnante si l'on prend un temps soi peu le temps de s'y intéresser. J'ai choisi ma vie. Non pas tant parce que c'était la mienne mais plutôt parce qu'elle m'était plus familière que toute autre. Comme je ne voulais pas écrire un roman, j'ai décidé de décrire  par le détail un jour de ma vie. Il fallait que ce soit un jour de la semaine plutôt neutre. Le week-end était souvent chargé en évènements. Le lundi était trop marqué en tant que premier jour de la semaine. Le vendredi était trop influencé par le samedi. Il restait donc trois jours. Mon choix se porta sur le mardi. J'appréciais sa relative neutralité. Il était principalement et généralement constitué de riens. C'était le jour de la banalité. Le mardi choisi, je le vécu pleinement, avec attention, minute par minute afin que ma mémoire puisse le lendemain me rapporter tous mes faits et gestes. Et j'ai passé mon mercredi à décrire mon mardi. Pas tout à fait. Arrivé mercredi minuit, je n'avais pas fini de raconter mon mardi. Alors, j'ai laissé tomber.
J'ai donc supposé qu'il était tombé. Disons que j'avais de bonne raisons pour le croire. A cette époque, j'aimais observer les autres et plus particulièrement les passants qui, ensemble, formaient une foule. Je les regardais aller vers la gauche, vers la droite. Ils bifurquaient parfois pour changer de trottoir mais la plupart du temps ils suivaient une ligne droite. Cela donnait ainsi un mouvement régulier, une sorte de douceur ondulante. Et là, en un point précis, cette régularité à été comme contrariée. Le flot a hésité. Sans vouloir exagérer, je crois que la panique n'était pas loin. Des trajectoires ont été contraintes de s'écarter de leur ligne habituelle. C'est ainsi que certains passants n'ont eu d'autre choix que faire quelques pas sur la chaussée avant de pouvoir à nouveau marcher sur le trottoir. Mais ce fut l'histoire de quelques secondes au terme desquelles, comme si un coup de gomme avait fait disparaître une imperfection, il ne restait plus trace de l'incident. Ce ne fut pas pour me déplaire. J'aimais regarder ce mouvement vivant, cette densité qui ne permettait pas de discerner les individus. C'était une masse de couleur plutôt sombre, compacte qui emportait mes pensées. Je pensais retrouver ma tranquillité mais cet incident continuait de me trotter dans la tête.
Seul un évènement imprévu pouvait être la cause de cette chute car je restais persuadé que c'était une chute. Il est vrai que je n'avais pour ainsi dire rien vu. Je ne savais pas si c'était une femme ou un homme. J'ignorais si cette inconnu avait trébuché, s'il avait été bousculé, s'il avait été poussé volontairement. A bien y réfléchir, je dois me résoudre à avouer que je n'ai rien vu. Du moins pas au sens où on l'entend communément. Si je puis oser une comparaison, j'étais dans la position de l'astronome qui, étudiant la trajectoire de planètes, en déduit l'existence d'une nouvelle jusqu'à lors inconnue. La comparaison a ses limites dans la mesure où je ne peux pas prouver la réalité de cet incident par le calcul comme peut le faire l'astronome pour sa planète.   

Sans fin


Je l'aime
Elle-même
Telle qu'elle est
Même après
Elle est à même
Même si c'est parfois quand même
Une pensée de l'autre jour
Je suis proche depuis toujours
Comme au premier jour
Sans raison dans la rue
Je la retrouve dans les pas
De toutes ces inconnues
Et malgré moi je crois
Je crois voir la lumière
Dans les boucles du froid
De cette vie dont j'étais fier
Comme j'aimerais lui sourire
Et ne jamais en finir
De l'aimer jusqu'au soir
Et enfin la prendre dans mes bras

mercredi 4 septembre 2013

Mots


Ce que je peux te dire
Ce que je voudrais te dire
Ce que j’aimerais te dire
Quels mots dire
Sans me maudire
Quels mots te donner à lire
Des mots pour te faire plaisir
Des mots qui me font rougir
Les mots du désir
Des mots trouvés dans le désert
Des mots que je t'ai déjà offert
Les mots qui sont des souvenirs
Des mots qui brillent dans tes yeux
Des mots qui nous rendent amoureux 
Des mots que je te laisse deviner
Des mots dont nous n'avons jamais assez
Des mots qui caressent tes lèvres
Des mots pour cette vie brève
Des mots dont j'ai honte
Des mots qui te font fondre
Des mots que je te dis les yeux fermés
Des mots pour te faire crier
Des mots de ma frayeur
Des mots qui viennent d'ailleurs
Des mots que depuis longtemps je porte
Ce sont toujours les mêmes
Mais peu m'importe
C'est toi que j'aime