jeudi 17 avril 2014

De chambre

Ce matin, j'écoutais la radio. Plus précisément une chronique et pour être encore plus précis, une chronique à caractère scientifique. C'est une chronique que j'écoute le jeudi. Elle gravite souvent autour de la physique quantique. Je l'écoute toujours avec beaucoup d'attention. Je me dois d'avouer que je ne comprends pas toujours tout tout (ouaf-ouaf) en parvenant à en saisir le sens général. N'en ayant pas l'esprit, la science, les sciences ont pourtant le don d'éveiller ma curiosité. Mais, une fois n'est pas coutume, ce matin elle est parvenue à mon oreille sans que pour autant je l'écoute. Je devais penser à autre chose. Il était question de bulles sans que je me souvienne de leur provenance. Dans l'introduction il était question de musique de chambre. Ces trois mots ont tourné dans mon cerveau pendant quelques secondes. Musique d'intimité, alors que AC/DC jouerait plutôt une musique d'anti-chambre, je me suis dit qu'à l'évidence, le corps était parfois un instrument de musique. 

mercredi 16 avril 2014

Parfois

Parfois, il n'y a rien. Persuadés qu'il n'y a plus rien. Comme une plaine sur laquelle aucun relief ne viendrait porter son ombre. Une étendue qui ne laisserait rien deviner de son passé, dont le vent et le temps auraient effacé les aveux d'une autre vie. Jour après jour, nous aurions renoncé à l'interroger. Notre curiosité se serait dissoute dans la succession des saisons. Nos pas nous mèneraient vers l'indifférence. Et puis, dans la clarté d'un matin, à l'occasion d'un battement, le soleil déverse sa chaleur. L'horizon se rapproche. La lumière ondule, caresse nos désirs. Serions-nous vivants?

lundi 14 avril 2014

Encore et...

Le jour est parfois un gouffre
Me rappelle que je souffre
Le parfum de la tentation
Les effluves de la confusion
Je m'abandonne au vertige
De tous ces vestiges
Encombrant jusqu'à l'ombre
Cet amour qui sombre
Il reste comme l'écume
D'un baiser du large
Que dessine la plume
Pour que demeure notre courage

Toi

En soi jusqu'à toi
Ce reste de foi
Que tu m'as donnée
Pour oublier le passé
Qui s'est échoué
Sur la rive asséchée
Balayée par le vent
Tourbillon de tourments
Mon âme prend le large
Portée hors de la marge
D'un battement jusqu'à toi
Rêvant d'une autre foi

dimanche 13 avril 2014

Dans la poche

Ce matin, cela ne pouvait avoir lieu qu'un matin et plus précisément entre 6h et 6h30, je suis entré dans la salle de bain. Entre la porte et la douche se trouve un miroir. Je peux bien sûr faire le trajet porte-douche sans m'arrêter, sans tourner la tête. Pourtant je fais toujours une étape entre les deux. Je sais ce que je vais voir mais je regarde quand même. Me voici donc les deux mains posées sur le rebord du lavabo et je suis face à moi. Je fais le tour du propriétaire, retrouvant à leur place rides et autres signes du temps. Mais un détail, j'emploie le terme détail pour ne pas dramatiser, retient mon attention. Sous les deux poches qui, depuis déjà plusieurs années, ressemblent à des réserves lacrymales, je découvre deux autres poches en formation. Au début, je me dis que c'est un jeu d'ombres et je tourne légèrement la tête pour modifier l'angle d'éclairage de mon visage. Peine perdue, elle sont toujours là. Je ne nie pas que d'un point de vue scientifique, la formation en quasi direct de ces excroissances peut être passionnante mais ce matin je n'ai pas l'âme d'un chercheur en dermatologie. Autant je me suis habitué aux deux premières, autant celles-ci sont deux de trop. Je ne sais pas si demain matin je ferai une étape entre la porte et la douche.  

samedi 12 avril 2014

Comme un parapluie

Je sors. Quelques pas dans la rue et je prends conscience qu'il pleut. Je prends la décision de remonter. Je redescends avec un parapluie. Quelques pas dans la rue et je prends conscience qu'il ne pleut plus. Je prends la décision de ne pas remonter. L'objet replié dans la main, je vais ici et là. Je me dirige vers le port. J'entre dans un café. Je ne jette aucun regard vers les bateaux que je passerai en revue un peu plus tard. Je me suis assis. Dans un premier temps je pose le parapluie sur la table. Pour ne pas l'oublier, il faut qu'il demeure dans mon champs de vision. Je lis le journal tout en buvant un café qui finit pas être froid. Je ne porte aucune attention à l'environnement. Je rêve. Je pense à autre chose, à rien. Un serveur heurte le parapluie. Il s'excuse. Je marmonne quelque chose qui, accompagné d'un sourire, est censé l'informer que ce n'est pas grave. Il le ramasse et je le place entre mes jambes. Si je me lève sans le prendre, il tombera, fera un peu de bruit et ainsi se rappellera à moi. Mais il finit par rapidement m'entraver. Je l'accroche au dossier de mon siège. J'ai conscience de faire une erreur mais je me dis qu'il occupe mon esprit depuis presque une heure et que de ce fait ce serait bien le diable si je l'oubliais. Ensuite, je ne sais plus trop. Un peu perdu, je me retrouve dans la rue. Il ne pleut pas. Les bras ballants, je marche. Et d'un seul coup, je ne sais par quelle association d'idée, avec brutalité, la réalité s'impose à moi. Mes deux mains sont vides. Après un instant d'hésitation, je prends conscience que je m'en fous.