vendredi 30 janvier 2015

Paroles 3


Et donc, l'autre matin je découvre l'intégralité de la phrase, "Tout ça me tourmente un peu, oui mais dès 20h30, je n'ai pas le cœur, j'n'ai que ma queue". Interloqué, je rewind, fonction qui a définitivement disparu à ce jour. J'ai fini par me rendre à l'évidence, j'avais bien entendu." j'n'ai que ma queue". Ce "j'n'ai que ma queue" m'a laissé perplexe. Bien que ne souhaitant pas me lancer dans une explication de texte, j'ai cherche à comprendre. Mais pour couper court à toute interprétation j'ai penché pour la licence poétique.
Quoi qu'il en soit, décidément j'adore cette expression, tout est poésie même si cela peut dépendre de la bouche qui la déclame. Parfois, l'on part sans déclamer son reste (oui, je sais). Il est vrai que j'utilise rarement le mot queue, même quand je suis en panne de rime. Je me demande même si je ne vais pas renoncer à la rime. A la réflexion, je me dis que queue est peut-être le mot qui résume le mieux les hommes. Une virilité triomphante et méprisante. Une sorte d'instrument que l'on ressort à tout bout de champ.
Quoi qu'il en soit...
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jeudi 29 janvier 2015

Paroles 2

Donc hier midi, vint le tour de Benjamin de faire vibrer mes tympans. Peut-être plus attentif ou plus désœuvré qu'à l’accoutumé, j'étais plus réceptif aux paroles susurrées par cet artiste en vogue à qui tout, mais alors tout réussi. Jusqu'ici, la fin de l'une des phrases du refrain, peut-on parler de refrain pour ce qui le concerne, avait échappé à mon oreille gauche, les capacités auditives de la droite laissant à désirer. Cette phrase ainsi commençait "Tout ça me tourmente un peu, oui mais dès 20h30". Quelque temps plus tard, ce qui parvenait jusqu'à mon cerveau s'était enrichi pour devenir"Tout ça me tourmente un peu, oui mais dès 20h30 mais je n'ai pas le cœur". Mais comme un astronome détecte sur la seule base de ses calculs la présence d'une planète bien qu'il ne puisse la détecter physiquement (pas clair) je me doutais que cette phrase était tronquée. Et c'est hier midi que j'ai fait la grande découverte. Je réussis à discerner, à identifier les derniers mots de cette phrase.
Bon, je dois y aller, la fin demain.      

mercredi 28 janvier 2015

Paroles 1

Parfois, voire souvent, j'écoute les chansons sans prêter une grande attention aux paroles. Il est vrai que pour nombre d'entre elles, les paroles ne sont qu'accessoire. Malgré tout, quelqu'un s'est donné la peine d'écrire, alors je pourrais écouter même si indigence il y a. Quoi qu'il en soit, depuis peu j'apprécie cette expression, certains auteurs-compositeurs parviennent à capter mon attention. Ce sont surtout ceux qui donnent de la poésie aux mots, qui les décortiquent, qui leur donnent un sens jusqu'alors inconnu, qui les détournent, qui les... Benjamin Biolay (en un seul mot) fait partie de ceux-là. Je ne suis pas un inconditionnel mais j'apprécie certaines de ses chansons (qu'est-ce que je mets comme temps pour en venir au fait!). Il se trouve qu'une ou deux de ses chansons traînent dans mon lecteur MP3 qui très souvent meublent mes silences ou m'isole du bruit. Entre une chanson de Robert et un titre de Led Zeppelin, hop quelques minutes de Benjamin. Tel était le cas ce midi pendant que je cherchais un sujet. A vrai dire, je ne cherchais pas. Je tentais d'en choisir un parmi de nombreux.
C'est trop long, je continuerai demain.      

De ses fonctions (vitales)

Demis. Roussos. Deux parties. Un tout. Pour tout dire, en gros sa mort n'a chez moi  pas provoqué d'émotion particulière. Demis, c'est deux titres, Rain and tears époque où je mettais encore du coca dans mon whisky. A la réflexion, non. J'étais encore en culotte courte et le mois de mai de cette année 68 se résumait à la peur d'une pénurie d'essence.Je faisais miennes les inquiétudes des autres. Il fallait bien meubler. Quoi qu'il en soit, je n'allais pas tarder à avoir les miennes propres, qui allaient m'occuper à plein temps. Pas plus tard qu'en 69, année de la sortie du deuxième titre It's Five O'Clock. Un de ces airs quelque peu mélancoliques qui favorisent la naissance des premières souffrances sentimentales. Je n'avais plus de culottes courtes sans pour autant en savoir très long sur la vie.  

mardi 27 janvier 2015

Mauvais

Je ne te retiens pas
Ai-je dit au souvenir.
Il ne reste plus qu'à partir
Et surtout n'oublie rien.

Ca et autres choses honteuses

L'autre jour j'ai parlé de cul. Non pas ce vaste sujet qui englobe tout mais cet élément qui généralement se situe entre la fin du dos et le début des jambes. Cet endroit qui peut vous mettre la tête à l'envers. Pourquoi donc y revenir? Peut-être parce que tous les chemins du désir y mènent. Et pourtant je me souviens de ma mère, toujours prompte à asséner de ces phrases définitives, à tout ranger dans des boîtes définitivement scellées, me dire d'un air pénétré et en espérant probablement que je sois l'exception "Les hommes? Ils ne pensent qu'à ça". Je ne me souviens plus du jour où ce ça a pris toute sa signification. Je n'ai pas tardé à être perplexe. Le temps passant je dus me rendre à l'évidence que, comme les hommes, je ne pensais qu'à ça. Je ne savais qu'en penser. Pour faire plaisir à ma mère, je tentais bien d'éloigner ces pensées mais comme l'on dit, chassez le naturel... Par une analyse certainement assez fine de la phrase définitive j'en vins à me demander à quoi pouvaient bien penser les filles.     

lundi 26 janvier 2015

Aucune idée

Ce matin. Ce matin j'aimerais être quelque part. Je ne sais pas précisément où mais certainement ailleurs. Ou peut-être plus simplement moins près. Ou alors au même endroit mais différemment. Ce doit être ça. Pas la peine d'être triste. Ranger dans le tiroir le trop plein de mélancolie. Et puis...

dimanche 25 janvier 2015

Toute ressemblance...

C'est vrai qu'il faisait chaud. Vraiment chaud. Chaud jusqu'au regret. Comme si toute la chaleur des siècles passés s'était concentrée là. A cet endroit précis. Comme si elle nous avait attendus et pris la place de l'abandon. Elle donnait cette impression d'avoir chassé de ce lieu jusqu'au temps. Enveloppée de patience, elle était prête à nous absorber. Elle donnait l'impression de même pouvoir se passer du soleil. Il est vrai que nous n'avons pas été très prudentes. Ce qui m'étonne, c'est que nous aurions pu nous douter de quelque chose. Même si cela pouvait paraître imprécis. Le sol était recouvert de poussière. De cette poussière convertie à la sécheresse et qui refuse l'œcuménisme climatique. Je la voyais à peine jaune comme si elle avait craint d'être confondue avec du sable. Ce genre de poussière devenue poudre imperméable qui, au plus infime coup de vent, trouble l'horizon. Notre objectif était d'arriver jusqu'à elle. Nous n'avions pas d'autre projet. Et puis ce qui avait de grande chance de se produire est devenu inévitable. Avant qu'il ne disparaisse dans le bleu immédiat, comme deux perles, le nuage nous a larguées. Une sorte de miracle, d'aberration météorologique. Isolées et sidérées, nous avons traversé la perspective. Les premières secondes furent saupoudrées de liberté, d'insouciance dans la fraîcheur de l'altitude. Je regardai ma sœur jumelle. Nous ignorions que, dissimulée dans la transparence, l'air asséchée nous attendait. Nous n'avons pas eu le temps d'avoir peur. C'est comme si la surprise nous avait figées. Au moins, la soudaineté nous a-t-elle évité de souffrir. Happées par l'air surchauffé, nous nous sommes évaporées. Deux gouttes d'eau dans la chaleur de l'été... 

jeudi 22 janvier 2015

Plus loin

Le visage maintenant sans âge des profondeurs. Dans les rues. Au plus loin du haut des marches. Ce ne furent alors que des bribes, les rides de l'impatience. Tu te montres dans le reflet comme une ouverture qui me retient. Ce que je crois s'échappe. Pourtant je sais. N'aurais-je pas droit à cette incertitude. Au mystère qui s'érode. Le manque répand son ignorance. La fatigue se love dans mon cœur.

mercredi 21 janvier 2015

Heureusement

Un être cher, formulation pudique, m'a offert un recueil de poésies écrites (les poésies pas le recueil) par René Char. Je connaissais ce poète. De nom. Ce qui veut dire que je ne le connaissais pas. J'ai lu. Je n'ai pas tout lu. J'ai même relu avant d'avoir tout lu. Avoir tout lu. Une formule qui n'a pas de sens. Avant de tout lire, je vais me contenter de lire. Quand je lis une poésie, je passe dans un autre monde. Un monde sans temps. Je lis la première ligne, la première phrase. Je la relis. Elle pourrait suffire. Elle me suffit. Comme si chaque mot était à lui seul un poème. Pour tout dire, Char m'intimide. Je connais tous ces mots qu'il a écrit. Ils sont tous à ma disposition. Ils m'attendent dans les dictionnaires, dans les livres, dans ma mémoire. Ils sont comme des outils dont je ne saurais pas me servir. Ils sont pourtant le plaisir. Le plaisir de les voir, de les lire, de les répéter, de les découvrir là, emportés dans un même élan jusqu'à moi.

mardi 20 janvier 2015

Reconstitution

Qui s'en souvient? Allongé, il ne restait rien. Quelques mots qui n'avaient aucun sens. Comme des gouttes d'eau qui se seraient figées. Ce qu'il disait traversait. La vie disparaissait dans un gouffre. Le présent tranchait. Souffle enseveli dans une perspective terreuse. Depuis, parti à la recherche. Plus absurde que jamais. Une souffrance qui trempe dans le désespoir. Le silence s'élance. Pourtant, il serait toujours temps.

dimanche 18 janvier 2015

Coule

De la sueur du cœur a suinté notre amour. Un enchevêtrement de chaleur immuable. Le rouge s'est déversé. L'étirement s'est ouvert. Nous nous précipitions pour revivre. Nous transportions la lourdeur des jours qui s’effilochaient. A l'extrémité des caresses la peur encore virevoltait. Elle ne serait bientôt plus que le sédiment de ce matin. Nous prendrions la direction de l'éloignement sans plus d'autres tentations que d'être proches de nos battements. 


samedi 17 janvier 2015

C'est à voir

Dans le soupçon de l'exil. La disparition d'une île. Les grains flottent au large. Le ressac craque dans la mémoire. Lorsque la forme frôle l'illusion, elle illumine l'érosion. Il semble un bruit comme un roulement qui échappe à nos pas. Le froid me projette contre ton corps. La force ploie. Le désir se balance dans l'herbe. L'odeur est proche. Dans le vent l'étreinte se glisse. Attendrons-nous?

jeudi 15 janvier 2015

On aurait dit

La tentation. Je suis tenté. J'ai longtemps cru que ce n'était pas bien d'être tenté, que c'était déjà céder. J'étais petit. Les clous de la culpabilité étaient profondément enfoncés dans ma conscience dont j'ignorais probablement l'existence. Quand je cédais, le plaisir était altéré par ce sentiment de culpabilité. J'étais un coupable de tous les instants. Coupable, faible et vaincu. J'avais laissé une pulsion prendre le dessus. A cette instant de renoncement j'avais l'impression d'avoir perdu le combat que j'avais engagé. Une défaite en rase campagne sans la moindre pousse de plaisir. Un abandon liquéfiant. Et pourtant,quand elle se présentait, sans coup férir, je cédais à la tentation.
Toi, celle que je regarde sans y prêter attention. Même si je ne te connais pas, si je ne te parles pas, je te tutoie.  Tu es de dos. Je ne regarde pas ton dos. Je ne vais faire que passer, je ne te reverrai sans doute jamais et de toi je ne garderai que le souvenir de ton cul. Il a éveillé la tentation. Au volant, arrêté au feu, mon regard errait d'un trottoir à l'autre. Sur cette route familière, comme chaque jour je regardais sur la droite un panorama qui s'étend jusqu'aux contrefort de l'inconnu et sur la gauche des bâtisses encastrées dans une perspective de fin de civilisation. Et entre les deux, comme une ponctuation charnelle, ton cul sur lequel je suis revenu. Était-ce te manquer de respect de ne plus penser à rien et de regarder avec plaisir. Je restais à distance et pourtant, comme une sève amère et froide, je sentais s’immiscer la culpabilité. Avais-je cédé?
Ce n'est rien qu'une description, une fiction sans friction, une tentation à venir.

mardi 13 janvier 2015

A perte de vue

Tu es le ciel. Je te regarde chaque jour avec plaisir. Mais pourquoi me sembles-tu si loin? Mon regard ne peut me porter jusqu'à toi. J'aimerais me perdre dans la profondeur. J'aimerais me réfugier dans l'immensité. Tu me sauverais. Demain peut-être.

Eternel

Le désir est un océan. J'aime m'y baigner. Je prends mon élan sur le sable humide et je plonge. Parfois je bois la tasse. D'autres fois, une vague houleuse me renvoie sèchement sur la plage. Je ne lui en veux jamais. Et puis, le temps que je reprenne pied, elle a disparu. Mais le désir est toujours là. Alors je reprends mon souffle et j'y retourne. Épuisé, à bout de souffle, je finis par me retirer sur la grève. Je pense en avoir fini avec lui mais le désir ne s'altère pas, il résiste à l'érosion des spasmes. Le vent du large n'a pas encore blanchi les dernières gouttes de l'assaut précédent que je sens poindre ce que je n'ose croire. Je suis, jour après jour, étonné par cette opiniâtreté. Avec patience, même s'il leur arrive de gronder, et bienveillance les vagues m'attendent. Les jours où je suis taquin, je les laisse se languir tout en sachant qu'elles ne sont pas dupes. Elles savent pertinemment que je vais replonger.

Comme du papier à musique

Ce matin, comme souvent le lundi à pareille heure, je suis monté dans une des rames du métro. Comme il se doit, j'ai composté, ce qui me fait penser à composte, compote, Compostelle bien que tous les chemins n'y mènent pas. Toujours est-il que j'étais en règle. Je me souviens d'un sujet de dissertation qui était "Doit-on toujours respecter la règle?" Je ne me souviens plus de ma réponse. En règle général, j'aime bien être en règle. Ce qui me fait penser qu'étant petit, j'ai parfois du mal à croire que je l'ai été, j'éprouvais de douloureuses difficultés à tirer un trait à la règle, surtout pendant toutes ces années pendant lesquelles l'utilisation du porte-plume dont le fuselage se terminait par une plume sergent major était la règle intangible pour une calligraphie digne de ce nom. La règle posée sur la feuille, la plume prenant appui sur la règle trace d'un trait le trait. Pour se faire une idée de la qualité du trait, il faut, d'un geste vif et assuré, relever la règle. Quelques secondes d'angoisse. De deux choses l'une. Soit le trait est d'une rectitude irréprochable et souligne le soin apporté à l'exercice. Soit le trait bave lamentablement et de fait ne souligne rien, ne ressemble à rien si ce n'est qu'il pourrait peut-être utilisé pour le test de Rorschach. C'était le premier risque du matin quand il fallait souligner la date du jour.Je me retrouvais seul devant ma feuille comme je l'étais dans cette rame blanche en ce lundi matin. J'ai regardé les autres voyageurs. Nous avions de commun que tous nous allions quelque part. Comme samedi lors de la manifestation si ce n'est que nous allions non seulement dans la même direction mais aussi vers le même endroit. Tout en marchant j'avais en tête une de ces formules qui fleurissent lors d'évènements exceptionnels, une de ces formules qui servent de marche-pied à ceux qui les prononcent même si parfois elles sont usées jusqu'à la horde (effectivement c'est corde). Dans ce cas il faut être le premier à déclamer cette formule. "Il y aura un avant et un après." En ce lundi matin, dans ce transport en commun, je cherchais l'après.

lundi 12 janvier 2015

Qui? (à la manière de)

La vie est une structure mélancolique. Les enchevêtrements émergent hors des pensées. Des angles vifs ouvrent les amours de sang, transpercent les hésitations. La peur de la clarté disparaîtra. Si les visions pouvaient s'éloigner. Les matins de doute, les espoirs frissonnent. Naît la tentation de voir plus loin, d'araser la colline. Le parfum dissout les pierres émergentes. La vie se dépose dans le vent du souvenir.  

vendredi 9 janvier 2015

Toujours chercher

Te parler. Te regarder à travers les impressions. T'offrir les mots. Ceux qui sont là. Ceux qui n'ont jamais été prononcés. Une confusion ruisselle. Un rappel à la vie. Te voir sourire quand tu me regardes. Dis-moi que tu ne me quitteras jamais même si tu n'es plus là.

Alphabonne

Aonne année
Bonne année
Conne année
Donne année
Eonne année
Fonne année
Gonne année
Honne année
Ionne année
Jonne année
Konne année
Lonne année
Monne année
Oonne année
Ponne année
Qonne année
Ronne année
Sonne année
Tonne année
Vonne année
Wonne année
Xonne année
Yonne année
Zonne année qui ne sera pas la dernière!

Charlie est là

Je me souviens que lorsque nos enfants étaient encore des enfants petits nous jouions à chercher Charlie. Mais où peut bien être Charlie? Les petits doigts allaient à gauche, à droite sur ces pages qui leur semblaient immenses. Il fallait le trouver. Il était forcément là. Et les doigts bougeaient dans tous les sens. Les yeux passaient d'un coin à un autre. On allait quand même bien finir par le trouver, ce sacré Charlie. Non, pas question de tourner la page avant de savoir où il est. Parfois de l'impatience, du découragement. On ne sait jamais, ils ont peut-être oublié de le mettre sur cette page. Tu crois? Quelques secondes. Non, c'était pour rire. Tu imagines, pas de Charlie. Ça n'aurait aucun sens. Et nous repartions en quête. Ça iè! Je l'ai trouvé. Il est là! Je me disais aussi. 

jeudi 8 janvier 2015

Patience

L’amour après lequel tu cours
Essoufflé, je suis pour
Même dans les détours
Dans la terre des labours
Dans les espaces du jour
Plus que jamais pour toujours
Dussè-je attendre ton retour

mercredi 7 janvier 2015

Le dernier (6)

On dit qu'à chaque fois qu'une personne meurt c'est une bibliothèque qui disparaît. En ce dernier jour, je me sens comme un livre que personne n'aurait lu. J'éprouve moi-même des difficultés ne serait-ce qu'à le feuilleter. Je ressens une appréhension. Une appréhension à me plonger dans ma vie. Une immersion complète avec un risque de noyade. Et que vais-je trouver. Quels sont les souvenirs que je vais ramener à la surface? Des douleurs qui ont échappé à l'érosion, qui à nouveau me feront souffrir. Ceux que j'aime, ceux qui m'aiment ont-ils envie de découvrir qui j'étais? Peut-être faut-il se contenter de la couverture. Se livrer en un titre. Je me souviens de ces matins où je me regardais dans la glace. Je n'étais que cela. J'étais tout cela. Parfois des creux, des bosses, des ravines, des crevasses, des affaissements, des restes froissés d'une nuit. D'autres fois des courbes, des vallées, des perspectives, des horizons, des lits où allait couler un nouveau jour.

mardi 6 janvier 2015

Comme ça

Un soir irisant où flotte encore le parfum du matin. Les lumières s'évaporent. Une autre disparition se prépare. Les pensées lâchent prise. Le froid s'impatiente. Bientôt, nous nous aimerons. Encore quelques lumières qui clignotent. Nous nous caresserons. Sans plus. Nous laisserons venir. Nous nous approcherons. Nous aurons tout oublié. Simplement étonné. Une vision glisse et se répand. Tu seras impatiente. Tu seras ma lecture. Je te dévorerai lettre après lettre. Tes lèvres prononceront mes lèvres. Ton sourire comme une réserve. Amusée, tu me feras douter. Peut-être même aurai-je peur. Revenu de l'éloignement tu m'attends. Il ne me reste plus qu'à te découvrir.

lundi 5 janvier 2015

Vivement demain

Un matin froid. Un matin que l'on aimerait oublier avant même. Un de ces matins que l'on n'a pas envie de vivre. Un matin comme une perte de temps. Un matin que l'on aimerait laisser de côté en attendant le jour. Un jour où l'on se sentirait plus fort. Un jour moins vulnérable. Un jour où nous irions à la rencontre. A la rencontre pour aimer. Vivre un jour sans passé, un jour échapperait à la mémoire.