vendredi 29 janvier 2016

Un soir au concert

Comment vous dire. Pour tout vous dire je ne m'attendais à rien de précis. Comme dans ces soirée au cours desquelles vous avez eu beau faire mais rien ne vous a sourit. Vous regardez le fond d'un dernier verre en vous disant qu'il serait peut-être temps de plier les gaules (un peu familier). Vous vous dirigez vers la sortie quand vous sentez un regard se poser sur vous. A tout hasard vous le croisez pour le rendre. Vous vous dites pourquoi pas mais sans vous faire d'illusion. Ce serait bien le diable s'il n'y avait rien à en tirer (limite). Donc hier soir, c'était plutôt open your mind. Il y a quelques jours, un ami rocker, pour tout dire Jorge, me propose de venir écouter du Debussy au théâtre des arts (sans oublier Henriette Renié et Joseph Jongen). Garçon plutôt curieux, j'accepte. Me voici donc installé entre une vieille dame  et mon généreux donateur. Autant vous le dire tout de suite, mon manque de culture ne me permet pas de vous faire part d'un quelconque avis sur ce que j'ai entendu. Si ce n'est que le style de Debussy est du genre primesautier. Tout en écoutant j'imaginais farfadets, lapins, biches, faons et autres belettes gambadant dans les sous-bois. Une musique résolument contemporaine, à tel enseigne que Jorge a cru voir le compositeur dans les travées. Je me rallierai à l'avis d'une proche voisine qui ponctua l'interprétation de la harpiste d'un "Ah bah dis-donc" de bon aloi.   A défaut d'avis, quelques remarques inspirées par les à-côtés.
Sans surprise, le public était plutôt grisonnant, raisonnable et attentif. Pour tout dire une ambiance feutrée. J'ai découvert grâce à ce public qu'il ne faut pas nécessairement applaudir à la fin de chaque morceau. Il y a une procédure à respecter. En revanche, l'applaudissement doit être massif et sans réserve. Il faut prendre conscience que le silence après une interprétation, c'est encore du silence. Pour ce qui est des musiciens, ils se comportent comme un homme dans une cuisine au moment du repas. A savoir qu'ils arrivent sur la scène, chaises et pupitres sont déjà installés. Quand ils la quittent avec leur instrument respectif, ils laissent tout en place et ce sont deux grouillots qui viennent débarrasser.
Visuellement, je fus impressionné par la harpe qui ressemble à une proue étincelante dont la lourdeur apparente permet toutes les légèretés. Quant à mon voisin, il était manifestement plus intéressé par la harpiste. Le concert se termina par un quintette pour piano et cordes de César Franck qui, si l'on se fie à l'ambiance créée par sa musique, n'était sûrement pas un comique. Et comme le dit Jorge, les gaulois s'en souviennent encore.
Voilà, mais je suis prêt à remettre ça.

mercredi 27 janvier 2016

Contingences

Je me réveille. Du moins me semble-t-il. J'ouvre les yeux. Un doute. Je ne vois rien. J'essaye de percer l'obscurité. Peut-être un peu plus loin sur la droite. A peine une lueur. Peut-être simplement un vestige. Je finis par me rendre compte qu'il fait nuit. Il faut que je vérifie l'heure. Après avoir farfouillé sur la table de nuit d'une main gauche à peine sortie de sa léthargie, renversé livres et lunettes, lâché quelques grommellements, je constate qu'il est quatre heures. Mais pourquoi me suis-je réveillé? Après avoir cherché, je découvre que la cause est une exigence de mon corps. Ses exigences sont multiples et il n'est pas toujours simple de les satisfaire. Il arrive même que je ne puisse lui donner satisfaction. Cela donne naissance à des frustrations. J'essaye parfois de détourner son attention, de lui proposer une satisfaction alternative, un dérivatif. Mais il arrive que ce ne soit que reculer pour mieux sauter. Mais là, dans la nuit, je sens bien que je vais devoir céder. Pour la forme, je résiste. Je me donne l'illusion de la décision. Je n'aime pas qu'il décide pour moi, qu'il m'impose quoi que ce soit. Et puis l'évidence s'impose. Je finis par me lever et répondre à sa pressante injonction. En définitive, quel soulagement.

mardi 26 janvier 2016

Jalousie

Dois-je me fier à tes yeux ou à tes seins? Une esquisse de sourire. Exquise esquif dans l'onde des caresses. Les cordes vibrent. La faiblesse s'ouvre sous les doigts. Parcourt d'un pourtour par les détours des atours. Les fibres se tendent. Comme une pendaison qui se croise. Cette fois encore tu l'as laissé s'échapper dans un cri. Tu as regardé, offrant ton étonnement. Une intensité que tu veux oublier. Que tu veux retrouver. L'incrédulité de cet instant. La découverte de l'empreinte. Inconnue familière. Tu permets. Le temps des secondes succombe, s'étire, s'entremêle, se confond. Tu t'endors dans l'éclat.

samedi 23 janvier 2016

Un soir

Hier soir. Hier soir après un matin qui s'était prolongé. Nous avions décidé de nous réunir. Il y a trois semaines, la date, l'heure et le lieu et l'objet avaient reçu l'assentiment de tous. Aucune, absolument aucune réserve n'avait été émise. Une planification teintée de professionnalisme. Un accompagnement roboratif était souhaité. Bien sûr, au cours de ces semaines me furent posées des questions du genre "Au fait, c'est quand la réunion?" "Dis-moi, je ne suis plus très sûr, c'est à quelle heure?" "En définitive, c'est chez qui?". Me fut épargnée la question de savoir pourquoi nous nous réunissions. Et bien, malgré tout cela, malgré quelque mauvaise langue, tous arrivèrent à l'heure et ce dans les meilleures dispositions.
Comme souvent en pareille circonstance, après nous être mutuellement offert quelques manifestations tactiles confirmant notre proximité culturelle, nous parlâmes (niveau de langage soutenu, ça fait drôle) de choses et d'autres. Nous avons parfois besoin d'un peu de temps pour oublier de penser à ce que l'on va dire. L'étape suivante consista à disposer sur la table les victuailles que tout un chacun avait ramenées. Tout comme les bouches, les verres se remplirent puis furent vidés à l'instar des bouteilles qui ne furent plus de niveau. N'hésitant pas à parler la bouche pleine, nous abordâmes le sujet de la réunion. J'écris "nous", mais de fait, "ils" serait plus judicieux compte tenu du caractère hautement technique et professionnel des décisions à prendre. Je me contentai d'observer et de manger. Après écoutes, hésitations, objections, mises au point, changements d'avis, ajustements, perplexité, à ma grande satisfaction, les pros firent leurs choix. Chacun des titres choisis fut prolongé d'un tiret. Et puis...
Et puis les instruments furent décrochés, sortis des tiroirs. D'abord on accorda, on grattouilla, on s'accorda, on souffla. Dans la pénombre d'une intimité respectueuse, les mélodies me rendirent mon humanité. D'un sourire, je les remerciai d'être ailleurs. L'air de rien...    

vendredi 22 janvier 2016

C'est tout

La vérité cache toujours quelque chose. 

Un soir au concert

Comment dire? Même si je ne m'attendais à rien je ne m'attendais pas à ça. Si j'y suis allé, c'est parce que Jorge m'a dit "Je suis sûr que tu vas aimer". Il est vrai que j'ai tendance à aimer tout sans discernement. Encore tout endormi d'une sieste nocturne, je me suis retrouvé à l'Hyptser Café. J'ai bien fait d'arriver en retard car il s'avéra que j'étais largement en avance. Tous ces concerts et autres spectacles qui ne commencent jamais à l'heure...
Me voici donc dans la salle avec une bière à la main. Pourtant, d'habitude je bois avant. Et là, avant même la première note, d'un coup d’œil circulaire je prends conscience. Je prends conscience que nous sommes au mois de janvier et que ça pue la mort. Quasi que des quinquagénaires, voire plus dont certains ont largement morflé. Je fais abstraction.
 The Jones assure la première partie. Groupe qui m'était inconnu mais qui dès les premières notes m'a fait sourire. C'était back to the 80's. J'aime ces groupes, plus que de raison, qui balancent, qui manifestement aiment ce qu'ils font. Même si c'est du gros qui tache, qui bastonne (j'aime bien ce verbe) mais c'était plaisant. Un batteur avec une coupe à la Christian Wander, un bassiste qui ressemble à mon copain Roger, qui tient une librairie papeterie à Bourgtheroulde sur la place du marché, le lead guitare qui commence à avoir une dentition à la Pogues et le deuxième guitariste le regard inexpressif, campé sur ses deux jambes comme on faisait avant. En revanche, faute de goût, ils ont terminé par un truc à la Santana. Bon, il est vrai que comme pas un seul ne chante correctement, ils chantent tous à tour de rôle. Voilà, c'était carré, sans fioriture, certes sans génie mais nous ne sommes pas condamnés à écouter Bowie tous les jours.

Après avoir failli boire une deuxième bière, place à Brian James Gang. Jorge m'avait dit "Toi qui aime The Damned..." Mais d'où que j'aime The Damned? Je me souvenais de la photo de leur album où ils se lèchent mutuellement la crème sur le crâne. Je me souvenais de leur concert au palais des congrès de Rouen en 76 (c'était Eddie and the Hot Rods me souffle Alain). Mais à l'époque, toujours fourrés entre les bacs de Mélodie Massacre, aucune expérience ne nous rebutait. Nous trouvions toujours au moins un accord à sauver au milieu d'une bouillie de décibels. Mais hier soir, je n'avais plus 18 ans. Alors le Brian, que je n'ai pas reconnu, ce qui n'est pas plus mal, bien imbibé, a démarré. Côté physique, je me demande si Mac Gowan n'a pas une meilleur dentition que lui. Bon, je ne vais pas tourner autour du pot, j'en ai pris plein les oreilles et je n'ai résisté que 5 morceaux. Je n'en suis pas fier mais je devais préserver mon intégrité. Que dire d'autre. Un batteur omniprésent qui écrase tout permettant tout juste à quelques solos à cordes de surnager. Un chanteur qui chante mais dont la voix est restée au fond de sa dernière pinte. Je n'ai même pas reconnu les morceaux que je ne connaissais pas. Manifestement, je ne suis plus la cible. Ce sera tout pour aujourd'hui.    

jeudi 21 janvier 2016

Particulière

Peut-être un doute, un embryon de prémonition, hier matin je me suis levé sans envie d'aller plus loin. Surtout pas jusqu'à la salle de bain. Il est de ces endroits qui vous mettent à l'envers, qui, sans que l'on sache trop pourquoi, vous deviennent hostiles, malveillants. Il en est ainsi de la salle de bain et ce particulièrement le matin. Pourtant, il m'a bien fallu m'y résoudre. Avant de pousser la porte et de pénétrer plus avant, j'avais mis au point une stratégie afin de contrecarrer autant que faire se peut le complot maléfique qui se tramait. Peine perdue. J'ai été victime de mes habitudes matutinales. La porte à peine refermée, je n'ai pu m'empêcher de me regarder dans le miroir. Et là, pas la peine de lui poser la question "Miroir, oh beau miroir suis-je le plus...?". Affreux, sale et méchant. Tel fut le reflet qu'il me renvoya. Fripé, ridé,ronchon. Nulle princesse pour déposer un baiser sur cette face de lune. A la réflexion, je me suis demandé ce que cette journée pouvait avoir de particulier. Pourrai-je continuer à tant m'aimer? 

mercredi 20 janvier 2016

Tout ça?

Si le matin n'existait pas. Je me souviens d'une époque où c'était le cas. Tous les jours n'avaient pas leur matin. Ces matins où l'on se réveille. Ces matins où l'on se rendort. Ces matins où la main cherche et s'égare. Ces matins où l'on se recroqueville entre deux épaisseurs. Ces matins où l'on n'ouvre pas encore les yeux. Ces matins où l'on se retourne. Ces matins où l'on se glisse vers cette autre chaleur. Ces matins où l'on se croit encore ailleurs. Ces matins que l'on ne veut pas quitter. Ces matins qui durent toute la journée et au-delà. Ces matins déliquescents. Ces matins où l'on expire. Ces matins de murmures. Ces matins du fond du lit. Ces matins il sera toujours bien assez tôt. Ces matins mêlés d'oublis. Ces matins encore et toujours. Ces matins d'éternité éructante. Ces matins où l'on s'enfouit surplace. Ces matins d'engloutissement. Ces matins entre.
Je rentrais seul après avoir écumé. Je me retrouvais par hasard. Il restait un peu de nuit. Celle du jour ou du lendemain. Je profitais d'un dernier équilibre pour monter les marches. Je devinais les derniers pas. Le lit se résignait au dernier abandon. Je lui en étais gré. Probablement m'endormais-je. Transpercé de toute part, je me réveillais sans envie si ce n'est celle de faire don de mon corps, perdu dans le temps. De toute façon, il était déjà trop tard.

mardi 19 janvier 2016

Le comique de Meaux

Et pourtant, il ne me fait pas rire. Pas à dire, il met à mal notre patience le gars de Meaux. Depuis combien de temps est-il là avec son sourire narquois, avec cette certitude d'avoir raison, avec cette ambition qui ne sert que lui-même, avec ce besoin irrépressible d'être sans cesse sur le devant de la scène, de parler dans le micro, dans tous les micros, sur tous les plateaux, debout sur un podium, assis dans un fauteuil ou couché sur un divan? Cela dure depuis environ 30 ans. Et qui se souvient d'une seule de ses paroles si ce n'est "C'est moi le président", d'une seule de ses idées si ce n'est la haute idée qu'il a de lui-même? Alors que, naïf, l'on pouvait croire qu'il avait retenu quelque chose de ses turpitudes et qu'il était reparti modestement s'occuper de ses administrés de Meaux, le voici qu'il revient. Livre, plan com, il replonge avec délectation dans le bain médiatique. Rien de ce qui est arrivé n'est de sa faute. Il a été trahi, trompé, abandonné, calomnié, traîné dans la boue. Il est meurtri, blessé, peiné mais magnanime, il a déjà pardonné. Car ces épreuves l'ont transformé, elles ont fait de lui un homme nouveau qui a ouvert les yeux sur le monde, sur le vrai monde, sur le monde des gens. Terminées, dit-il, les petites phrases assassines. Désormais il ne s'intéressera plus qu'aux sujets de fond. Il ne fallait pas désespérer, il ne lui a fallu que 30 ans pour prendre conscience de ce qu'est la politique avec un grand... Il nous le jure, il nous le promet, il a changé. Il y a au moins une chose qui n'a pas changé. Il continue à nous prendre pour des truffes.

lundi 18 janvier 2016

Comme c'est bon

Ce matin, j'ai pris le temps de me lever. J'ai pris le temps d'hésiter. Tshirt ou chemise. J'ai pris le temps de me laver. J'ai pris le temps de m'essuyer jusqu'entre les orteils. J'ai pris le temps de m'habiller. J'ai pris le temps de me faire la raie. J'ai pris le temps de tourner ma cuillère dans mon bol. J'ai pris le temps de choisir. Pain ou biscotte. J'ai pris le temps de mettre les coudes sur la table. J'ai pris le temps de lacer mes chaussures. J'ai pris le temps de prendre le bus pour aller travailler. J'ai pris le temps de regarder mes compagnons de transport. J'ai pris le temps de pousser la porte du bureau. J'ai pris le temps de regarder les dossiers qui jonchaient mon bureau. J'ai pris le temps de me demander ce que je faisais là. J'ai pris le temps de faire du café. J'ai pris le temps de prendre place devant l'écran. J'ai pris le temps d'avoir envie de glander. J'ai pris le temps de me résoudre. De me résoudre à rester. J'ai pris le temps de rire bêtement avec mes collègues. J'ai pris le temps de raconter n'importe quoi. J'ai pris le temps de ne rien comprendre. J'ai pris le temps de penser à autre chose. J'ai pris le temps de laisser passer les heures. J'ai pris le temps de ne pas faire semblant. J'ai pris le temps de dire à demain à mes compagnonnes de dossiers. J'ai pris le temps du rewind trip. Et comme il me restait du temps, j'ai pris le temps d'écrire ça.

dimanche 17 janvier 2016

Modestie

C'était un soir. Une fin de soirée. Rien ne pressait. Il restait du temps. Il restait du temps pour parler. Dans l'ensemble, parler est ce que nous faisons le mieux, parfois pour le meilleur. Les paroles allaient de l'un à l'autre, traversaient, s'interceptaient, donnaient naissance à d'autres.
- Ah salut. Je me disais bien que je t'avais aperçu, mais tu avais l'air très occupé. Ça va?
- Oui. Et toi?
Rien que de très banal en somme. L'un des deux interpelle celui qui est en train de partir.
- Dis, tu nous écris un truc sur la soirée.
Celui qui allait partir se retourne et sourit. La zone satisfaction de son cerveau vient d'être stimulée.
- Tu lis ce que j'écris?
- Oui. Je ne mets pas de commentaires mais je lis.
Toutes les zones clignotent. L'égo ronronne.
- Et tu aimes?
- Oui j'aime bien. Pas tout mais j'aime bien.
- Pas tout?
Manifestement, il ne comprend pas que l'on puisse ainsi émettre une réserve. Alors son interlocuteur, gentiment prend le temps de lui expliquer.
- C'est comme la musique. Il y a des morceaux que j'aime et d'autres que je n'aime pas. C'est une question de sensibilité, de contenu. C'est ainsi. Ça ne s'explique pas.
Chez l'autre, plus rien ne ronronne. Ce que l'on vient de lui expliquer n'est tout de même pas compliqué.
Espaçant de façon conséquente ses mains, son interlocuteur renouvelle sa demande.
- Bon, tu nous écris un texte la-dessus. A plus.
L'égo en berne, il sort dans la nuit. Il monte dans sa voiture. Met la clé de contact. Il se regarde dans le rétroviseur et finit par sourire.
- Restons modeste.
Il démarre. Fait marche arrière et disparaît.

Un soir au concert

Hier soir, le Rock s'est mis en quatre à l'Almendra. J'avais promis à Fifi de venir l'écouter. Je lui avais déjà fait faux bon une première fois. Mais bon, faut dire que j'avais joué de malchance et lui de la guitare. Pour autant, je savais que j'avais joué mon joker et qu'il ne m'en serait pas offert un deuxième. Il était prévu que je quitte la maison vers 19h30. A 19h25, encore confortablement installé dans le canapé, il m'est proposé un verre de vin et une pizza accompagnés du commentaire "De toute façon ça ne commence jamais à l'heure". D'une lâcheté confondante et tout en me saisissant d'une fourchette je réponds "Ah tu crois? Bon bah, à ce moment là j'ai le temps de prendre une part." C'est ainsi qu'après un "Tu en reprendras bien une autre" 20h30 s'affichait en bas à droite de l'écran. Encore carré dans le moelleux, il fallait que je me décide. Comme je suis à la décision ce que Gaston Lagaffe est à l'effort, il y avait un risque non négligeable que je ne décolle pas. J'ai fini par prendre la porte et la route. Par miracle, je trouve une place à portée de la salle. Je salue quelques misicos affalés au bar ou à proximité et bise les groupies tapies dans l'ombre. Ce soir encore, rock et parité ne feront pas bon ménage. Ce sont toujours les mêmes qui le font. Arrivé en retard, à ma grande honte, je n'ai pu écouter le premier groupe. J'entre donc dans la salle bourrée à craquer. Je me retrouve coincé entre la porte à battants et le batteur Nicolas. Sur la scène My Silly Dogfish qui, je l'apprendrais un peu plus tard, joue ses deux derniers morceaux. A leur écoute je regrette. L'absent a tort. Juste le temps de photos tremblantes et d'une vidéo. Pour me consoler je me suis dit que j'aurai bien l'occasion de les écouter sous peu. Ce premier set joué, je prends le frais et reviens au son de la cloche. Sur scène Houston Apollo. Je n'ai aucun problème. Si c'est une première, ce que je vois m'est familier. Le titulaire de la guitare sèche (Christophe) est l'ancien bassiste de... et le bassiste actuel de... Le guitariste (Dominique) est l'ancien guitariste de... Le batteur est l'ancien batteur de... et l'actuel batteur de... Joyeuse consanguinité musicale. Seule la bassiste m'est inconnue. Il est à remarquer que les trois autres ont eu la délicatesse de lui réserver la place du milieu. J'ai aimé cette musique sans prise de tête qui nous fut servie sans esbroufe et avec générosité. En un mot comme en cent, du Rock. Voir la vidéo.
Pour terminer, je me suis glissé au premier rang, à côté d'une groupie de mes connaissances. Il ne me restait plus qu'à attendre Yeti Pilots. Comme annoncé par l'organisateur, s'offrit à nos yeux l'archétype local de cette consanguinité créatrice qui nous donna à écouter cette douceur mélodique assénée avec vigueur et énergie, le tout agrémenté de délires cosmiques. Comme pour les autres groupes, c'était le parti pris, la prestation fut trop courte. C'est le meilleur moyen d'entretenir notre désir, le désir d'en vouloir toujours plus pour un plaisir partagé.     

mercredi 13 janvier 2016

Perdu de vue

Pour la première fois depuis longtemps, en raison d'un oubli binoculaire,  j'ai attendu le sommeil sans lire. C'était hier soir et non ce matin. Ne pas lire avant de dormir c'est comme faire l'amour en commençant par la pénétration. Je n'ose y penser. Chaque mot est un baiser. Chaque phrase est une caresse. Je sens le sommeil prêt à prendre possession. Il est des soirs où je me contenterais de cette entrée en matière. Mais il me faut bien la reposer sur la table. J'ai regretté de ne pas connaître de poème par cœur. Je me laisserais bercer jusqu'à sombrer. Alors hier soir, rien à me mettre dans l’œil, la pénétration s'est faite désirer. J'ai dû m'endormir sans plaisir.

Encore et encore

A l'origine le titre était suffisant. Nous étions proche du début. L'année 69. J'ignorais tout. J'ignorais tout de tout. Je ne me doutais de rien. 68 n'avait été qu'un bruit de fond. Et 69 ne faisait que précéder 70. Et pourtant je finirai par me damner pour toutes ces années qui auront défilé presque sans moi. Tous ces mois sans identité dont il me faudra exhumer les odeurs. Ce n'est que plus tard, bien plus tard, que le vinyle entamera sa rotation. 

lundi 11 janvier 2016

Est-il déjà un souvenir?

C'était me semble-t-il un matin. Curieusement, ouvrir les volets fut ce que je fis quelques secondes après m'être extrait du lit. Curieusement car d'habitude je passe devant les fenêtres de la chambre sans leur prêter la moindre attention. Elles me le rendent bien. Par l'ouverture, tant que j'y étais, je pris le temps de regarder. Rien de précis. Ce matin là le ciel était uniformément. Uniformément gris. Un gris dans lequel on aurait pu se camoufler. Un gris qui aurait absorbé les dernières poussières d'étoiles de la nuit tombée en cendre. Une nuit qui venait à peine de quitter la scène. Rien ne paraissait loin. Comme si l'espace s'était recroquevillé, contracté. L'air bercé par une note de regret, ondulait dans une hésitation. Ce n'était plus qu'un monde à vendre dans le rythme clair d'un forgeron. Surpris par l'éclat de la mort, quelque chien semblait apeuré. Je renonçai à être le héros d'un jour. J'attendais quelqu'un venu d'ailleurs au bras d'une pékinoise boudeuse. Pourquoi avoir ouvert les volets sur le souvenir?     

dimanche 10 janvier 2016

Tchac tchac poum

Je ne l'imaginais pas comme ça.

Jamais plus

L'autre matin je me suis levé. Cela n'a l'air de rien mais il faut tout de même une sacrée dose de volonté pour passer de l'intention à la réalisation. Je compte par centaines les intentions qui furent les miennes et qui jamais mais alors là jamais ne donnèrent lieu au moindre début de réalisation. J'y reviendrai. Me voici donc réveillé et passe d'une pièce à l'autre, ces passages obligés du matin. Dans chacune d'elles une radio que d'une main encore hésitante j'allume. A chaque heure sa station. Je termine toujours par France culture. Et ce matin là était invité un de ceux dont la suffisance me donne envie de lui donner des baffes. A chaque fois je me dis que je ne l'écouterai pas mais je l'écoute quand même. Ne serait-ce que 5 minutes mais quand même. Et à chaque fois je vitupère en me promettant que c'était la dernière fois. Je ne suis pas dupe de mes résolutions. Je ne parviens pas à écrire son nom. Il sait tout sur tout. Il a toujours prévu les tendances, les évènements, les bouleversements au moins dix ans avant tout le monde. Il semble dénué d'humour et incapable d'auto dérision. Il est très intelligent. C'est peut-être ça que je ne supporte pas.

mercredi 6 janvier 2016

Je suis Y


Sans fin

Le désir de sourire
Le désir de partir
Le désir de revenir
Le désir de rire
Le désir de frémir
Le désir de sentir
Le désir de défaillir
Le désir de jouir
Le désir de rougir
Le désir d'en finir
Le désir de pourrir
Le désir de plaisir
Le plaisir de courir
Le désir tout court
Étrange désir qui m'a pris par surprise. Je le sais tapi dans l'ombre prêt à s’immiscer mais à chaque fois je sursaute quand il prend possession. Je ne le vois pas venir et pourtant il est là, me perturbe. Une redondance qui ne tient pas en place. Je sais qu'il ne me lâchera pas. Il fait des pieds et des mains. Impérieux désir que je ne peux qu'assouvir. Seul? A deux? Voire plus? A trois, sans coup férir, j'y vais. J'ai connu pire. 

lundi 4 janvier 2016

Plus vite

Tous ces jours qui passent sans dire bonjour. Tous ces soirs qui disparaissent sans dire au revoir. Tous ces matins pas malins qui ne me prennent pas la main. Toutes ces journées chagrin sans lendemain. Toutes ces nuits enfuient sans bruit. Toutes ces années promesses évanouies sans laisser d'adresse. Oublié comme une comme une lettre dans la marge, l'heure regarde défiler ce nouveau peuple de l'instant.