dimanche 7 août 2016

Ma vie au bureau

Hier, la fin de journée arrivée, j'allais partir du bureau. Pour être plus précis, la fin d'après-midi se précisait. L'état de mon bureau pouvait laisser croire que j'allais revenir dans les cinq minutes. Je m'apprêtais donc à quitter ce lieu l'esprit tranquille et dégagé, fier du travail presque accompli, lorsqu'une de mes collègues m'interpella en ces termes :"Dis donc, toi là, approche". Elle aurait pu me dire "S'il te plaît, avant que malheureusement tu ne nous quittes, aurais-tu la gentillesse de répondre à une question qui me taraude depuis ce matin?" Mais non, j'eus droit à ce "Dis donc, toi là, approche". Muni de mon âme de coupable, je rewind la journée et la visionne en accéléré afin d'y déceler une éventuelle faute. Je ne nie pas que s’immisce en moi la sensation d'un doute mais sans pouvoir formellement l'identifier. Ce "Dis donc" qui transpire l'accusation me renvoie à mon enfance, lorsque je pensais pouvoir accomplir un forfait en toute impunité mais qu'une voix me lançant ces deux mots "Dis donc" me faisait comprendre que j'allais devoir passer aux aveux. Quant à ce "toi là" qui a pour objet de ne laisser subsister aucune incertitude concernant l'individu ainsi hélé, il utilise le tutoiement qui laisse deviner une certaine proximité qui légitime le ton familier et inquisiteur du propos. Pour ce qui est de ce "approche" il indique la demande de proximité qui favorise la confession.
L'ensemble de la phrase comminatoire parvenu à mon cerveau et ayant fait l'objet d'une analyse succincte, j'hésite. J'hésite à donner une suite favorable à la demande qui m'est faite. Je finis tout de même par faire un pas vers mon interlocutrice, à qui je ne peux rien refuser, qui me décoche le deuxième élément de sa quête sous forme de question "C'est qui la blonde avec qui tu étais dans le bureau ce matin?". Là encore, la formulation aurait pu être tout autre. Par exemple "Aurais-tu l'amabilité de m'indiquer qui était la personne que tu a reçue dans la matinée?". Le "C'est qui la blonde" ne laisse aucun doute sur la considération qui est accordée à cette inconnue. Vous aurez deviné qu'il faut entendre "C'est qui la blondasse", la blondasse qui représente toujours une menace pour celle qui ne le sont pas. Vous aurez compris également que cette question n'appelle pas de réponse, je n'en fis d'ailleurs pas, mais qu'elle traduit une réprobation qui aurait pu se terminer par "Bon bah ça passe pour cette fois, mais que je ne t'y reprenne plus. On est d'accord?". Il ne me restait plus qu'à sourire.






https://youtu.be/x3O-1FGhX6Q

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