dimanche 18 septembre 2016

Confettis

Alors que l'été amorçait son retrait, je me trouvais, en compagnie d'une jeune fille (quelle est l'utilité de ce détail?) à l'abri dans l'attente d'un bus qui me mènerait à Rouen. Une fois à l'intérieur du dit bus, d'un regard flottant, je prends connaissance des autres voyageurs. A quelques sièges sur ma droite, oui j'ai une droite, un jeune garçon, comme les jeunes savent être jeunes, probablement collégien. Coupe de cheveux récente, d'inspiration bourgeoise, rehaussé d'un brushing matinal. Visage juvénile à la peau lisse et vierge de tout acné. Vêtements et chaussures de sport coordonnés du meilleurs effets avec lesquels on ne fait jamais de sport. Si ma mère avait été là, elle m'aurait dit "Oh qu'il est mignon". Je n'aurais pu mieux dire.
Rien ne vient troubler le voyage. Terminus, tout le monde descend. Sans aucune pensée malsaine, sur le trottoir, je me retrouve à marcher derrière le mignon qui, les mains dans le dos, déchire soigneusement son ticket dont les morceaux se retrouvent sur le sol, le tout ponctué de deux crachats.
Après une hésitation, je presse le pas pour me retrouver à sa hauteur.
"Excusez-moi jeune homme (vouvoiement de respect), vous êtes un gros dégueulasse."
D'abord sur son visage de l'étonnement, une incompréhension qui confirme le naturel dénué de culpabilité du geste précédemment décrit.
"Que me vaut le fait d'être ainsi interpelé?" Syntaxe qui atteste d'une maîtrise de notre langue et de la situation.
Je lui explique brièvement que son geste dénote une absence de respect de l'environnement et de ses congénères et qu'un minimum de conscience citoyenne blablabla...
Il laisse passer quelques secondes.
"Plutôt que de me dispenser une leçon de morale du haut de votre grand âge, il aurait été plus judicieux que vous ramassiez les papiers qui maintenant sont éparpillés. Ensuite, vous auriez eu tout le loisir, au risque bien sûr d'un essoufflement dû à votre âge, de me rattraper et de simplement me faire remarquer que j'aurais pu utiliser une poubelle qui se trouvait à proximité, ce qu'à l'avenir je ferai bien volontiers. Que cette journée vous soit bénéfique". Il se retourne et s'éloigne.
Je dois avouer... 

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