lundi 17 octobre 2016

Dans la rue

Je vis son visage sans âge. Comme les dernières pages d'un livre que personne ne lit plus. Qui s'en souviendra? Qui s'en souviendra encore? Il y a tellement de choses à se souvenir. Il était assis, immobile. Peut-être n'était-il déjà plus là. Tout autour, le mouvement des passants. D'autres vies. Comme des lignes qui finiront par se rejoindre.  Vivant, mort. A peine né, sa mère devait l'avoir pris dans ses bras. Le regardant sans y croire, elle a pleuré, elle a souri. Elle l'a embrassé. Elle l'a aimé. Il a vécu dans d'autres cœurs. Dans d'autres corps. Dans d'autres pensées. Il tendait la main. Tendre la main. Je regardais sa solitude. Nous étions séparés par mon hésitation. Je me suis assis à côté de lui. En attendant, je cherchais des mots. Dans le silence. Je ne sais pas pourquoi, absurdité cérébrale, je me suis souvenu de cette phrase de je ne sais plus qui : après l'amour, le premier qui parle dit une connerie (en substance). J'ai laissé les mots où ils étaient. Nous avons pris et partagé notre temps. 

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