jeudi 20 octobre 2016

Un soir au concert (1ère partie)

 J'y vais, j'y vais pas. Un peu plus et je n'y allais pas. Un peu plus et je restais sous la couette avec Anthony Trollope. C'est bien aussi mais ce n'est pas le même style. Au bout du bout, j'ai fini par y aller. Faut dire que Jorge m'avait mis la pression (je tais son nom de famille pour protéger son anonymat). Je peux vous dire que je ne l'ai pas regretté.

D'abord Deaf in stéréo. De l'énergie. Droit devant. Pas de détail, directement dans le vif du sujet. Les portes du garage étaient grandes ouvertes et le moteur ronflait à toute berzingue (on disait ça quand j'étais petit, à toute berzingue). Quand j'ai vu le batteur torse nu, j'ai tout de suite su qu'il n'avait pas fait le déplacement pour caresser les cymbales et frôler la grosse caisse. Et de fait, dès les premières notes, ça a bastonné. Bien qu'étant un garçon sensible, j'aime bien quand ça bastonne. Une basse solide qui balise la partition mais pas envahissante. Un chanteur guitariste qui peut éructer, vriller, saturer et qui, faute de pouvoir exploser, en a dans les pistons (pour filer la métaphore). Au milieu de tout ça, sur le côté pour être plus précis, le clavier. Douces notes mélodiques. Comme une noix de crème Nivéa sur barbe rapeuse. A cent à l'heure sur le boulevard de la torpeur. Loin de l'élégance mélodieuse de Grapes. Mais c'est tellement bon de s'en mettre plein les doigts. Deaf in stéréo désensable. Mes oreilles l'entendent encore. Encore, c'est ce que j'ai entendu après le dernier morceau.
Regret de ne pas avoir pris mon appareil photo.

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