mercredi 8 février 2017

Dans le bus

Ce matin, en montant dans le bus, fouetté par un optimisme de bon aloi, j'étais d'humeur badine. D'un coup d’œil circulaire je vérifiai que tout le monde était là. Le jeune, le visage encore chiffonné témoin d'une nuit trop courte prolongée jusqu'à la dernière minute avec impasse sur la salle de bain. La dame bien mise, tirée à quatre épingles, le regard rivé sur ses genoux, somme toute assez commun. L'homme sanglé dans sa gabardine boutonnée jusqu'au coup et serrant sur son torse sa serviette, coiffé d'une casquette à carreaux qui lui mange les sourcils. La femme en blouse blanche dont le machouillage d'un chewing-gum trop volumineux pour sa bouche permet l'observation d'une glotte luisante. La femme préoccupée et déjà débordée qui frénétiquement, sans pudeur ni retenue, converse au téléphone "Bah, tu penses bien. J'me suis pas gênée. Sinon c'est trop facile. Alors monsieur... De toute façon, c'est bien simple et j'te pris me croire..." La jeune fille qui ne regarde ni à droite ni à gauche, qui pourrait être ailleurs et qui l'est peut-être. Un coup de frein interrompt mon observation et me propulse contre ma voisine qui peut constater que je suis un faux maigre. L'énergie cinétique propulse tous les voyageurs dans la même direction. Plusieurs objets heurtent le sol. Chaque chauffeur a ses particularités. Sa façon de conduire est une signature unique. Le chauffeur de ce matin est celui qui découvre au tout dernier moment l'existence des arrêts comme s'ils avaient changé de place durant la nuit. Je me cramponne.

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