lundi 13 février 2017

Fatiguant


Comme je me regarde dans la glace pour savoir à quoi je ressemble, parfois à rien, il m'arrive de m'écouter parler pour savoir ce que je dis. L'autre jour, la main droite tenant fermement un verre de bière en instance d'être vidé et la gauche ayant quartier libre, avec des copains nous parlions politique sur la base d’analyses fines et subtiles. Ça donnait un truc dans le genre « Ouais, (cette interjection appelle rarement quelque chose d’intelligent), putain (encore moins) c’est vraiment tous des pourris. Tu parles oui, des enfoirés. Des enculés tu veux dire. Tu rigoles, c’est nous qu’on se fait enculer (ce qu’on appelle le sens de la répartie). Quand t’es honnête, c’est toi qui te fais baiser. T’as qu’à voir. Moi j’dis, toute cette bande de truands, faut qu’ça dégage. Tous en tôle. » Je vous la fait courte, mais vous voyez la tonalité générale. M’ayant bien écouté, je me suis dit « Mon Thierry, tu ne risques rien à essayer d’être intelligent. Alors essaye ». Sans attendre, je suis allé à l’Armitière, troisième niveau. Je sais, troisième niveau pour commencer, c’était peut-être ambitieux mais j’avais tellement envie d’être intelligent et cultivé. Et me voici devant les plateaux où bien rangés s’offraient à ma vue les nombreux ouvrages d’histoire, de philosophie, de sociologie, d’économie, de politique et autre linguistique. Regardant toutes ces sommes, une grande lassitude s’est abattue sur mon cerveau. J’ai remis à plus tard mon voyage au pays de l’intelligence.

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